Dans Ocean's 8, Mindy Kaling interprète Amita, une bijoutière d'origine indienne qui participe au vol audacieux d'un spectaculaire collier de diamants. Pour cette touche-à-tout habituée à écrire et à produire ses propres émissions de télé, jouer dans un film aux côtés d'actrices exceptionnelles, c'était presque les vacances. Rencontre avec une dynamo qui incarne à merveille le Hollywood de l'après #metoo.

Vous la connaissez sans doute si vous regardez The Office, la série culte dans laquelle elle incarne Kelly Kapoor. Ou encore The Mindy Project, une série qu'elle a écrite et produite elle-même. À moins que vous l'ayez vue dans A Wrinkle in Time aux côtés d'Oprah et de Reese Witherspoon? À 38 ans, Mindy Kaling est désormais incontournable et incarne à merveille le renouveau d'Hollywood, un Hollywood qui fait plus de place aux femmes et à la diversité.

Actrice, scénariste, réalisatrice, productrice, elle est également l'auteure de deux livres qui ont figuré sur la liste des meilleures ventes du New York Times. Cette Indo-Américaine, qui était parmi les 100 personnes les plus influentes de la planète du magazine Time en 2013, n'a pas attendu qu'on la découvre. C'est une véritable entrepreneure qui a construit son succès pièce par pièce. Parmi ses projets: l'adaptation pour Hulu d'une série inspirée du film Quatre mariages et un enterrement. Nous l'avons rencontrée à New York lors d'une journée de presse pour le film Ocean's 8.

Qu'est-ce qui vous a convaincue d'accepter le rôle d'Amita, outre le fait que vous alliez faire partie d'un groupe d'actrices extraordinaires?

On m'avait invitée à rencontrer le réalisateur Gary Ross pour un projet sur lequel il était en train de travailler. Je me suis dit qu'il avait peut-être besoin d'aide pour le scénario ou pour écrire quelques blagues. On s'est vus chez Du-par's, dans la vallée [véritable institution à Studio City, ce diner a fermé ses portes tout récemment]. Mais il voulait plutôt me parler du personnage que je pourrais interpréter. J'étais super excitée. Ocean, c'est une super franchise que tout le monde aime bien. Ce n'est pas comme Ghostbusters, ce film qui a défini l'enfance de plusieurs personnes: en faisant un remake entièrement féminin, on n'allait pas détruire le souvenir d'un film culte de la jeunesse des gens [rires]. Ocean, c'est aussi une super franchise parce qu'il n'y a pas de pouvoirs surhumains ou d'effets spéciaux. C'est un film de cambriolage un peu «old-fashioned» et j'aime beaucoup ça.

Craignez-vous que le public masculin le voie comme un «film de filles»?

Je crois que les hommes vont l'aimer de la même manière que les femmes ont aimé les films précédents de la franchise Ocean. Je trouverais dommage que les hommes passent à côté de ce film, mais je suis certaine qu'il y en a plus qu'on pense qui iront le voir, et ce, même si c'est un film féministe, à mon avis. Féministe parce que les femmes derrière et devant la caméra sont traitées exactement de la même manière que les hommes. De plus, il est coscénarisé par une femme et il y avait plusieurs femmes chefs de service au sein de la production. Sans compter que le contenu du film est super féministe aussi.

Vous êtes scénariste, productrice, vous contrôlez habituellement vos propres projets. Diriez-vous que c'est pour ne pas devoir attendre d'être «choisie» que vous êtes devenue une entrepreneure?

Je suis une personne impatiente de nature. Or, quand tu es impatiente et ambitieuse, et que tu as un talent d'écriture - j'ai commencé à écrire des courtes pièces de théâtre à l'âge de 6 ans -, la voie la plus rapide, c'est de tout faire soi-même. Ce qui était vraiment super à propos d'Ocean's 8, c'est que je n'avais rien de tout cela à faire. J'avais juste à me présenter sur le plateau. C'était vraiment étrange et inhabituel pour moi, un vrai luxe! À la fin de la journée, je retournais chez moi, je n'avais pas à ajouter des lignes de texte ou quoi que ce soit d'autre. La seule chose que j'ai trouvée difficile, c'est qu'il a fallu que j'apprenne l'hindi pour une scène dans laquelle je me dispute avec ma mère. Les gens penseront peut-être que je parle hindi parce que je suis indienne, mais pas du tout. Il m'a fallu un coach pour apprendre à le parler.

Vous avez raconté que vous étiez enceinte lors du tournage d'Ocean's 8, mais que vous ne vouliez pas le dire à vos collègues de travail...

Je suis tombée enceinte entre le tournage principal et le tournage de scènes supplémentaires. Je mangeais avec Sandy [Sandra Bullock] et Sarah [Paulson], je venais tout juste de l'apprendre et je ne pouvais absolument pas boire une goutte d'alcool. Ce qui n'est vraiment pas moi. Sarah n'est pas gênée et elle m'a demandé ce qui n'allait pas pour que je ne boive pas. J'ai dû inventer une excuse et dire que je prenais des médicaments mais, malgré cela, elles se sont doutées de quelque chose. Disons que ce n'était pas ma meilleure performance d'actrice.

Vous allez prononcer le discours aux finissants du Collège Dartmouth le 10 juin. Qu'allez-vous dire aux étudiants?

Je travaille encore à mon discours et c'est vraiment quelque chose qui me prend du temps et qui me stresse beaucoup. Ce n'est pas la même chose, écrire pour des jeunes de 21 ans et écrire pour un talk-show ou une émission de télé. À cet âge, ils sont tellement impressionnables et c'est une journée importante pour eux. Dans certains cas, les parents se sont serré la ceinture pour pouvoir envoyer leur enfant à l'école. Pour d'autres, il s'agit du premier de la famille à fréquenter l'université. C'est donc une grosse journée pour les familles aussi. Et moi aussi, je suis allée à ce collège, c'est mon alma mater. J'ai une pression d'être bonne. Je veux d'abord et avant tout être drôle; je veux donner de bons conseils sans être didactique. Je veux être vraiment authentique et leur dire qu'ils peuvent avoir une carrière remplie de succès même s'ils n'ont pas suivi un chemin traditionnel.

Comme vous?

Oui, comme moi.

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Les frais de ce reportage ont été payés en partie par Warner Bros.

Ocean's 8 prend l'affiche le 8 juin.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Ocean's 8