Être contacté par Robert Pattinson pour un film avant même qu'une seule ligne ne soit écrite, c'est ce qu'ont vécu les frères Joshua et Ben Safdie pour Good Time. Rencontre avec les réalisateurs du long métrage qui était de la sélection officielle de Cannes cette année.

Good Time, projeté une première fois à Montréal au festival Fantasia, prend l'affiche vendredi prochain. L'histoire raconte les péripéties de deux frères, Connie et Nick, après un braquage à New York.

Joshua Safdie, coréalisateur aux côtés de son frère cadet Ben, décrit la conception du scénario comme une « expérience organique ».

« Nous avons construit le film à partir des personnages. Ce n'était pas comme si nous avions l'histoire et que nous cherchions à trouver quels en seraient les personnages », ajoute-t-il.

DES PERSONNAGES INSTABLES

« On a commencé par déterminer qui était Connie et qui était Nick, depuis leur naissance jusqu'au moment où le film débute », raconte Ben Safdie, qui, en plus d'être coréalisateur, incarne Nick.

Le frère cadet ne devait pas au départ interpréter ce rôle dans cette production filmée en 35 mm. Après avoir passé maintes entrevues avec des individus atteints de troubles du développement, le manque de temps et la complexité du personnage ont poussé la production à l'attribuer à Ben Safdie. Il se met ainsi dans la peau de Nick, dont il décrit le handicap comme une « peur de connecter émotionnellement avec les gens, un faible Q.I. et une mauvaise audition ».

L'acteur enchaîne avec un exemple. « Quand Nick est au milieu du braquage, on se demande à quoi il pense, ce qu'il ressent. Pour Connie, n'importe qui aurait mouillé son pantalon dans cette situation. Mais le personnage de Nick ne dit pas un mot. »

En conférence de presse le mois dernier, Robert Pattinson avait décrit son personnage comme aussi déséquilibré : « Connie est un psychotique, mais les autres ne s'en rendent pas compte. »

PÉRIPÉTIES ALÉATOIRES

C'est en enchaînant une série d'entrevues avec des passants locaux que les péripéties se sont peu à peu dessinées pour ces deux personnages.

L'aspect aléatoire de la production a donné lieu à des situations où plusieurs finissaient par se laisser emporter par les événements. « L'une des scènes se déroulait en prison pendant une bataille », racontaient les frères Safdie en conférence de presse.

« [Après la scène], j'ai touché à mon oreille, et je saignais. Quelqu'un m'avait frappé pour de vrai derrière la tête », raconte Ben, amusé. « Nous ne voulions pas arrêter ça. C'est notre rôle en tant que réalisateurs de suivre la cadence pour capter des moments uniques », a poursuivi Joshua.

TRAME SONORE

C'est grâce à la bande sonore du film que les spectateurs voyagent le plus. Dans une trame qui rappelle celle du classique Cours, Lola, cours de Tom Tykwer, l'artiste expérimental Oneohtrix Point Never tombe à point.

Avec un roulement très rythmé, l'artiste s'est amusé à jouer avec le niveau de décibels et le tempo.

Couronnée meilleure bande sonore à Cannes, la musique, « méticuleuse », selon les réalisateurs, sert à « briser la perspective attachante » du personnage de Connie.

La voix rauque du chanteur rock Iggy Pop est aussi de la production sonore pour la pièce The Pure and the Damned, coréalisée avec Oneohtrix Point Never.

Bien qu'en entrevue les frères Safdie restent discrets sur la suite de leur collaboration, Variety avait annoncé en mai dernier qu'ils allaient diriger un film mettant en vedette Jonah Hill. 

Good Time prendra l'affiche le 25 août.

LES FRÈRES SAFDIE EN QUELQUES TITRES

Lenny and the Kids (2009)

Un père hésite entre l'amitié et la parentalité lorsqu'il récupère ses deux enfants pour quelques semaines.

John's Gone (2010) Court métrage

Avant que quelque chose d'étrange ne le frappe, John vendait des objets en ligne et arnaquait de petits commerces.

The Black Balloon (2012) Court métrage

Un homme qui tente de déménager une quarantaine d'enfants laisse échapper un lot de ballons, dont un noir qui se promène dans les rues de New York.

Mad Love in New York (Heaven Knows What) (2014)

Un couple de clochards toxicomanes met au centre de son conflit sa dépendance à la drogue.