Créée en 1941 par William Moulton Marston, Wonder Woman a tout de suite frappé l'imagination en sa qualité de toute première superhéroïne populaire de l'histoire. Quarante ans après la série télévisée, désormais culte, celle qui emprunte maintenant les traits de Gal Gadot reçoit enfin les honneurs dus à son rang.

Au-delà du film, l'arrivée de Wonder Woman au cinéma marque une étape importante. Il s'agit de la toute première superproduction américaine qui, en plus d'être construite autour d'une superhéroïne, est menée par une réalisatrice. Au coeur de tout le débat sur la place des femmes à Hollywood, et les statistiques accablantes qui l'accompagne, ce fait n'est certes pas banal.

Patty Jenkins, qui réalise ici un rêve en portant à l'écran les aventures de son personnage favori des DC Comics, en est bien consciente. Et elle comprend tout à fait l'intérêt que les médias portent à la chose.

«J'ai encore du mal à croire qu'on m'ait confié cette mission, a déclaré la cinéaste au cours d'une conférence de presse tenue à Los Angeles la semaine dernière. J'en suis à la fois honorée et surprise. Mais je pense que nous pourrons célébrer vraiment une victoire le jour où nous n'aurons plus besoin de parler du genre ou de la condition de celle ou celui qui est derrière la caméra.»

Même si la superhéroïne gagne les écrans à une époque où l'on discute beaucoup des disparités de toutes natures dans le milieu du cinéma, le fait est que le projet de porter Wonder Woman au grand écran remonte au milieu des années 90. Il ne parvenait pourtant jamais à prendre forme de façon concrète. Superman et Batman, les deux autres personnages phares de l'écurie, ont au contraire dû cumuler une quinzaine de longs métrages à eux deux depuis bientôt quatre décennies.

Une approche différente

Patty Jenkins, reconnue grâce à sa réalisation du film Monster (qui a valu un Oscar à Charlize Theron), et qui a aussi signé l'émission pilote de la série The Killing, estime que la nature même de l'histoire de Wonder Woman entraîne forcément un changement d'approche.

«Nous voulions que les scènes d'action soient spectaculaires, mais aussi faire écho au fait que les Amazones ont une façon différente de livrer combat. Dans toute sa belle naïveté, Wonder Woman n'est que vérité, compassion et amour. C'est ce qui la rend si magique. Elle est incroyablement puissante, mais les valeurs qu'elle défend sont à l'opposé de toute notion de violence.»

Campé en 1918, à l'époque où la Première Guerre mondiale fait encore rage mais tire à sa fin, le récit entraîne dans le tumulte du monde la princesse des Amazones, qui n'avait encore jamais quitté Themyscira, île où ne vivent que des femmes. Aux côtés de Steve Trevor (Chris Pine), pilote américain qu'elle a sauvé de la noyade près de son île, Diana (Gal Gadot) découvrira les pouvoirs dont elle dispose pour enfin combattre directement Arès, le dieu de la guerre, sur les terres meurtries d'Europe.

«En tant que grande admiratrice de ce personnage, qui a été si important pour moi et tant d'autres femmes, je me sentais un devoir de bien faire les choses, souligne la réalisatrice. Je ne voulais surtout pas rater la séquence qui se déroule sur le front belge, dans un no man's land. C'est là que Diana endosse son costume de Wonder Woman pour la toute première fois. Il s'agit toujours d'un moment crucial. Pour concevoir cette scène, je me suis même inspirée du tout premier film consacré à Superman. Je me souviens de l'émoi ressenti quand j'ai vu Christopher Reeve se transformer et porter la cape rouge.»

Apparue l'an dernier dans Batman v Superman: Dawn of Justice, Wonder Woman sera aussi de Justice League, dont la sortie est prévue le 17 novembre.

Les trois guerrières

Gal Gadot: Diana/Wonder Woman

L'ancienne Miss Israël est déjà connue des admirateurs de la série Fast and Furious, car elle y fut présente dans quatre des huit films de la série. Gal Gadot campe ici son premier grand rôle.

«Quand j'ai rencontré Patty Jenkins la première fois, nous avons beaucoup discuté de nos propres vies. Je lui ai parlé de mon grand-père, survivant de l'Holocauste, qui m'a appris que même au coeur d'une situation complètement désespérée, il faut se raccrocher à sa propre lumière intérieure. Nous nous sommes vite mises d'accord sur le fait que le film devait véhiculer un message de cette nature. Et il se trouve que Diana possède les plus belles qualités qu'on puisse retrouver chez quelqu'un. Elle est curieuse, chaleureuse, aimante, ne vise pas la perfection et voit toujours le meilleur en l'autre. Elle est entière dans sa belle naïveté, vulnérable aussi, et c'est pour cela que je l'aime.»

Robin Wright: Générale Antiope

Soeur de la reine Hippolyte, Antiope mène les troupes et détecte chez sa nièce, même toute jeune, les qualités qui feront de cette dernière une guerrière d'exception. Au Festival de Cannes, où elle a présenté The Dark of Night, un court métrage dont elle a assuré la réalisation, la covedette de la série House of Cards a en outre participé à la conférence Women in Motion. Elle y a déploré le sens négatif que certains donnent au mot féminisme alors qu'il s'agit d'une simple question d'équité, notamment dans le domaine professionnel. Arrivée sur le plateau de Wonder Woman alors que le tournage était déjà bien entamé, l'actrice a dû s'astreindre à un entraînement rapide et intensif. «C'était un défi», commente-t-elle. Elle estime également que ce film lance un message positif auprès des jeunes. «Il va au-delà du message d'autonomisation féminine, car il met de l'avant des valeurs d'amour et de justice. C'est un beau message pour les enfants.» 

Connie Nielsen: La reine Hippolyte

Révélée sur la scène internationale grâce à Gladiator, l'actrice danoise incarne dans Wonder Woman la mère de Diana, souveraine de Themyscira, île donnée en cadeau par le dieu Zeus aux Amazones, réincarnations de toutes les femmes mortes à cause de l'homme. 

«Nous avons pu nous entraîner avec les meilleurs du monde. Nous avons exploré différentes formes d'arts martiaux, mais nous nous sommes concentrées principalement sur les chorégraphies. Nous avons fait beaucoup de travail d'escrime aussi. En plus, ces guerrières devaient se battre à cheval, ce qui rend la chose encore plus spectaculaire. Nous n'avions pas l'impression d'inventer quelque chose de nouveau, mais plutôt de faire écho à la manière dont on menait les guerres il y a des milliers d'années. Bien sûr, j'ai eu quelques égratignures au passage, mais bon, cela n'est rien à côté d'un accouchement! Le plus important, c'est que toute l'énergie que nous y avons mise, tout le plaisir que nous avons pris et la complicité que nous avons toutes partagée passent à l'écran.»

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Wonder Woman prendra l'affiche le 2 juin. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros. Pictures.

PHOTO FOURNIE PAR WARNER BROS.

Dans Wonder Woman, Gal Gadot campe son premier grand rôle.