Avant de la voir dans Eye of Juliet, le prochain film de Kim Nguyen, les cinéphiles québécois auront l'occasion de découvrir Lina El Arabi dans Noces. Dans ce film de Stephan Streker, la jeune actrice française incarne une Belge issue d'une famille pakistanaise, déchirée entre son amour pour les membres de sa famille et son désir de vivre sa vie comme elle l'entend. Grâce à sa performance, Lina El Arabi a obtenu un prix d'interprétation au Festival du film francophone d'Angoulême, tout comme Sébastien Houbani, son partenaire de jeu.

Q: Le récit de Noces tourne autour de Zahira, le personnage que vous incarnez. Sa famille, qu'elle aime, lui impose un mariage traditionnel avec un homme qu'elle ne connaît pas. Comment vous y êtes-vous prise pour préparer ce rôle, très loin de votre réalité?

R: Avant ce film, je n'avais aucune affinité avec le Pakistan, aucune connaissance. Rien du tout. Mais la magie du cinéma, c'est qu'aujourd'hui, j'en ai une. Je dois dire que je n'ai pas eu vraiment le temps de me renseigner, car Stephan m'a choisie une semaine avant le début du tournage. J'ai quand même eu l'occasion de le faire dès que nous avons commencé, d'autant que j'avais des partenaires fabuleux. En plus, je suis très bosseuse. J'ai dû aussi apprendre très rapidement des dialogues en ourdou, une langue que je ne connaissais pas du tout!

Q: Comment réagit-on quand on décroche pour la première fois un rôle sur lequel repose tout un film alors qu'on a encore très peu d'expérience dans le domaine? Et qui plus est, à une semaine du début d'un tournage?

R: Avec le recul, je crois que ce fut un énorme avantage de l'apprendre ainsi, car j'ai dû me concentrer tout de suite sur le travail à faire. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir, d'angoisser. Stephan avait une grande confiance en moi - cela aide beaucoup - et, surtout, il a tenu à ce que toute son équipe ait aussi confiance en moi dès le départ. C'est pourquoi - il me l'a dit seulement plus tard - le tournage a commencé avec les scènes les plus difficiles. C'était une façon de montrer à tout le monde la confiance qu'il me témoignait afin que tous les membres de l'équipe s'investissent à fond aussi. Ça m'a fait flipper, mais c'était une super bonne idée. Cela dit, je ne revivrais ces deux jours pour rien au monde! (rires)

Q: Quel est votre parcours? Avez-vous toujours rêvé d'exercer ce métier?

R: J'ai grandi dans un milieu très artistique. Nous sommes tous musiciens dans la famille. Mon père joue de la contrebasse, ma mère, du piano, et mon frère est pianiste et violoniste. Dès l'âge de 6 ans, j'ai étudié la danse classique au Conservatoire et le violon. Le jour où on m'a fait jouer dans une comédie musicale dans le cadre d'un cours, je me suis aperçue à quel point j'aimais aussi l'art dramatique.

Q: Noces a reçu un accueil généralement élogieux de la part des critiques français. Vous avez eu l'occasion d'aller présenter le film un peu partout en France. Que vous disent les gens quand ils vous en parlent?

R: Il y a alors deux sortes de réactions. D'un côté, il y a ceux qui sont tellement bouleversés par ce qu'ils viennent de voir qu'ils vous tombent dans les bras et pleurent. C'est très touchant. De l'autre, il y a des gens très énervés, car, même s'ils aiment le film, ils auraient préféré qu'on leur propose aussi des solutions. Or, il n'y a pas de solution à donner, d'autant que le scénario est inspiré d'une histoire vraie. La solution réside à mon sens dans notre indignation. Car le jour où nous serons indifférents et qu'on se dira que ces choses ne nous concernent pas, il n'y aura alors plus de solution. Nous sommes heureux que le film puisse susciter des discussions.

Q: Vous êtes aussi la vedette, avec Joe Cole, du prochain film de Kim Nguyen, Eye on Juliet...

R: Je dirais qu'il s'agit d'une histoire d'amour 2.0 à travers laquelle on cherche la vraie définition du sentiment amoureux. Et c'est sublime. Kim est un très grand cinéaste. J'ai eu l'occasion de tourner un mois et demi à Ouarzazate et une semaine à Montréal l'an dernier. Le film se déroule dans les langues anglaise et arabe et, de la même façon que je ne parlais pas du tout ourdou avant Noces, je ne maîtrisais ni l'une ni l'autre. Mais pour un film, je suis prête à tout apprendre très vite!

Noces est actuellement à l'affiche.