Ceux qui ont suivi la série télévisée Parenthood « connaissent » bien Dax Shepard. De 2010 à 2015, il y a incarné le benjamin du clan Braverman, Crosby. Le type d'apparence irresponsable qui s'avère bientôt le plus attachant des hommes. Quant à ceux qui suivent la carrière de Kristen Bell, ils savent qu'il est le mari de la blonde interprète de Veronica Mars, avec qui il a deux filles.

Ils forment un couple qui a des convictions et qui les tient. Ainsi, ils avaient dit qu'ils ne se marieraient que lorsque leurs amis gais pourraient faire de même et ce n'est que lorsque la législation a changé en Californie qu'ils se sont passé la bague au doigt, après six ans de vie commune - dont trois de fiançailles.

Et puis, ils aiment non seulement vivre ensemble, mais, aussi, travailler ensemble. Il a fait des apparitions dans ses projets à elle (les longs métrages Rome et Veronica Mars) et il l'a dirigée dans Hit & Run, film indépendant qu'il a écrit, réalisé et dans lequel il campe l'un des rôles principaux.

Une triple fonction que Dax Shepard reprend avec CHiPs, adaptation au grand écran de la série télévisée diffusée de 1977 à 1983 qui mettait en vedette Erik Estrada et Larry Wilcox dans les rôles de Frank Poncherello et Jon Baker, deux agents à moto de la California Highway Patrol. La Presse lui a parlé au téléphone.

Ce projet est le vôtre. Vous êtes pourtant trop jeune pour avoir été un fan de la série originale [il a 42 ans] !

Oh non !!! Pas du tout. J'avais 2 ans quand elle a commencé, 8 quand elle a fini. Et laissez-moi vous dire qu'il n'y a rien qu'un gamin de 6 ans aime plus que des motos, des policiers et les routes californiennes.

Et c'était assez pour vous avoir poussé à consacrer des mois et des mois de votre vie à porter Ponch et Jon au grand écran ?

Disons qu'en réalité, le concept d'origine de la série combine mes deux plus grandes passions, après ma famille : les sports motorisés - je fais de la course à moto et à voiture, et du tout-terrain - et la comédie. C'était la recette parfaite pour faire de la moto et des blagues pendant deux mois... devant et derrière la caméra.

Vous avez « redessiné » les personnages de Jon et Ponch. Vous jouez le premier, un casse-cou à moto à présent dépendant aux antidouleurs qui s'engage dans le CHiPs pour tenter de reconquérir sa femme. Quant à Ponch, il devient un agent du FBI qui infiltre la Patrouille, vous en avez confié le rôle à Michael Peña et vous en avez fait un accro au sexe. Pourquoi cette relecture ?

Ça m'a permis de diviser ma personnalité en deux [rires]. Je suis sobre depuis 12 ans, mais auparavant, j'ai été pendant des années accro à tout ce qui pouvait rendre accro. Cet état d'esprit m'est extrêmement familier. La dépendance au sexe... eh bien, entre nous, je ne pourrais jamais faire confiance à quiconque aurait la possibilité d'avoir un tel problème et qui ne choisirait pas cette option [rires].

Et vous avez pensé à Michael Peña pour endosser cette dépendance-là. Son nom n'est pas particulièrement associé à la comédie.

J'ai écrit le rôle en pensant à lui parce que pour moi, la comédie vient des personnages, de la capacité d'un acteur à jouer sérieusement et avec sincérité, non à viser les rires. Je n'avais jamais rencontré Michael, mais je sentais qu'il possédait cela. J'ai donc vendu le projet avec son nom associé au personnage. Quand ça a été accepté, il a « seulement » fallu que je le contacte et que je lui propose le rôle.

Ça a marché et sa performance est hilarante dans une comédie que vous avez voulu moins familiale que ne l'était la série. Sexe, drogue et rock'n'roll sont au programme, et le film sera coté R [les moins de 17 ans doivent être accompagnés d'un adulte] aux États-Unis. Pourquoi ce choix ?

Parce que quand vous essayez de faire le film que vous pensez que les gens vont aimer, vous ne faites généralement pas du bon boulot. Mais si vous faites le film que vous voudriez voir, vous mettez plus de chances de votre côté. Et c'est ce genre de comédie que j'aime.

Votre démarche me rappelle un peu celle de Ryan Reynolds avec Deadpool.

Et j'ai adoré Deadpool alors que je n'ai pas d'intérêt pour les films de superhéros. Je suis fier qu'ils aient été assez braves pour faire ce long métrage-là. Le garçon de 10 ans en moi est toujours attiré par les actes de bravoure.

Parlant bravoure, vous avez écrit un rôle affreux pour Kristen, qui joue ici la chipie à laquelle Jon, votre personnage, est marié.

En fait, je n'ai pas écrit le rôle pour elle, je ne pensais pas qu'elle voudrait jouer quelqu'un d'aussi horrible. Mais elle a insisté et comme les journées que je préfère sur un plateau sont celles que je partage avec elle, je ne pouvais refuser.

Vous semblez extrêmement heureux d'être où vous êtes, dans votre vie familiale et professionnelle. Je me trompe ?

Non, vous avez raison. Je suis heureux et, professionnellement, je suis au summum du bonheur quand je réalise. Comme acteur, je peux être intéressé huit heures par jour par ce que je fais. Comme réalisateur, je peux faire 16 heures de suite sans problème. C'est plus valorisant. Alors ce projet-ci, puisque je l'ai aussi écrit, ç'a été une véritable aubaine pour l'ego [an ego bonanza]. [rires]

CHiPs prendra l'affiche le 24 mars.

Photo fournie par r Warner Bros.

Dax Shepard dans la chaise de réalisateur

Photo Jordan Strauss, Archives Associated Press

Dax Shepard et sa femme Kristen Bell sur le tapis rouge des Golden Globe Awards en janvier dernier