Avec un prénom comme le sien, Gore Verbinski semblait prédestiné à s'intéresser aux films d'horreur. Son premier long métrage du genre, l'effrayant The Ring, a connu un succès international mais il aura fallu attendre 15 ans pour qu'il y revienne.

A Cure for Life, qui sort aux États-Unis vendredi, se trouve à mi-chemin entre Shutter Island (2010) de Martin Scorsese et Vol au-dessus d'un nid de coucou (1975) de Milos Forman.

«J'ai toujours en développement quatre ou cinq choses. Puis je les mets en attente et je me dis: "Je dois raconter cette histoire maintenant". Je n'ai pas vraiment de plan de carrière», a déclaré M. Verbinski à l'AFP, pour justifier cette pause de quinze ans.

Son film de 2002, remake d'un classique japonais Ringu (1998), a marqué les esprits avec son histoire de cassette vidéo maudite tuant une semaine plus tard toute personne l'ayant visionnée, et l'a révélé au monde entier.

C'est l'un des films d'horreur les plus rentables du genre, qui a généré plus de cinq fois son budget de 48 millions de dollars. Et engendré une série de remakes américains de classiques japonais du supernaturel comme The Grudge et Dark Water.

Mais le réalisateur américain n'a pas persévéré, laissant le soin à d'autres de diriger deux suites - mal accueillies -, et s'est tourné avec plus ou moins de succès vers d'autres genres. Drame, western, film d'animation ou aventures avec trois volets de Pirates des Caraïbes.

2017 marque donc son retour dans l'horreur.

A Cure for Life, filmé tourné en quasi-totalité en Allemagne, raconte l'histoire d'un courtier en Bourse ambitieux incarné par Dane DeHaan (The Amazing Spider-Man: le destin d'un héros) qui est envoyé par son entreprise dans un établissement thermal isolé des Alpes où les patients reçoivent un traitement soi-disant miraculeux.

Mais ils semblent en réalité être de plus en plus malades.

Pour le tournage de sept mois, Gore Verbinski a transformé un hôpital militaire à l'abandon près de Berlin en spa gothique.

Réalisateur des plus lucratifs

Cette dernière création peut être considérée comme une métaphore de la constante - et souvent inassouvie - quête de l'humanité pour la perfection.

«Je pense que nous vivons dans un monde de plus en plus irrationnel. Nous connaissons l'histoire. Nous nous dirigeons droit dans le mur et nous ne pouvons bifurquer et c'est l'horreur, le cauchemar», a relevé le réalisateur de 52 ans, estimant que la société vivait dans le déni de son mal-être.

«Pourquoi sommes-nous tentés par l'industrie pharmaceutique? Pourquoi sommes-nous tentés par les enveloppements d'algues et les milkshakes de chou kale? Il doit y avoir quelque chose en notre for intérieur qui sait que nous allons mal», a-t-il ajouté.

Avec des recettes mondiales cumulées de 3,7 milliards de dollars, ce natif de l'État du Tennessee fait partie des dix réalisateurs les plus lucratifs de tous les temps.

Son dernier film, qui sort le 15 février en France, est son dixième - et seulement le cinquième sans l'acteur Johnny Depp, héros des Pirates des Caraïbes.

Son C.V. est plutôt éclectique. Guitariste punk pendant son adolescence à Los Angeles, il a joué dans plusieurs groupes de rock et réalisé des clips vidéos avant de se lancer dans le cinéma, avec des comédies mal-aimées La souris (1997) et Le Mexicain (2001).

Après ses deux succès The Ring et le premier Pirates des Caraïbes (2003), il a enchaîné The Weather Man (2005) avec Nicolas Cage puis deux «Pirates» dont les mauvaises critiques n'ont pas empêché de bonnes recettes en salles.

Son film d'animation Rango (2011), vraie réussite commerciale, lui a rapporté un Oscar et l'opportunité de se lancer dans un western conceptuel, Lone Ranger (2013). Mais ce film à gros budget (production de 225 millions de dollars, marketing de 150 millions), avec Johnny Depp dans le rôle-titre, a fait un flop (260 millions de recettes).