Tous les child actors ne parviennent pas à faire la transition vers une carrière au cinéma en tant qu'adultes. Pour une Jodie Foster, il y a bien des Lindsay Lohan et des Macaulay Culkin qui ont connu la gloire avant de faire davantage parler d'eux pour leurs frasques que pour leurs rôles.

Elle Fanning fait partie de la première catégorie. Alors que sa soeur aînée, Dakota, se fait discrète à l'écran, la demoiselle qui a maintenant 18 ans exécute ce passage vers la «maturité» avec élégance et naturel.

Au cours des derniers mois, on l'a vue en fille de Bryan Cranston dans Trumbo, en adolescente qui veut devenir garçon dans About Ray, en jeune femme qui tente de percer comme mannequin à Hollywood dans The Neon Demon ou comme actrice dans Live by Night. On la reverra cette année en Mary Shelley dans A Storm in the Stars, en muse d'un jeune écrivain dans Sidney Hall et, sept ans après Somewhere, elle retrouvera Sofia Coppola pour The Beguiled.

«C'est une transition qui s'est faite petit à petit, ce n'est pas quelque chose à quoi j'ai réfléchi, mais qui s'est installé quand j'ai commencé à ne plus pouvoir jouer les très jeunes personnages», a-t-elle indiqué dans l'entrevue téléphonique qu'elle a accordée à La Presse en vue de la sortie prochaine de 20th Century Women de Mike Mills, où elle tient la vedette aux côtés d'Annette Bening et de Greta Gerwig (dont les performances sont auréolées de rumeurs de nominations aux Oscars).

«Et je pense que ça se passe bien parce que je cherche toujours les rôles qui représentent les plus grands défis, les personnages les plus différents les uns des autres et les plus différents de moi. C'est là l'essence d'être acteur et c'est pourquoi j'aime autant ce travail... que je ne considère même pas comme un travail et que je veux continuer à faire.» 

«Être quelqu'un que je ne suis pas, je veux faire ça toute ma vie!»

Là-dessus, elle éclate d'un rire qui, même à un continent de distance, est contagieux, vivant, vibrant. Comme quand, un peu plus tard, elle avoue avec humour être «nostalgique de périodes où [elle n'a] bien sûr pas vécu».

C'est le cas des années 70 et 80. Et c'est une des choses qui l'ont attirée dans le scénario de Mike Mills, qui se déroule à cheval sur les deux décennies. En 1979.

Après s'être penché sur l'histoire de son père dans Beginners (pour lequel le grand Christopher Plummer a - enfin! - reçu un Oscar), le cinéaste regarde du côté de sa mère et, plus largement, des femmes qui l'ont élevé et entouré. Parmi elles, Julie. Un peu plus vieille que Jamie (Lucas Jade Zumann), le personnage est un composite de plusieurs toutes jeunes femmes que le réalisateur (et son alter ego dans le long métrage, donc) a, à cette époque-là, perçues comme des exemples ou des inspirations.

«ll y a tellement de facettes à Julie! Elle veut être une femme, ne sait pas vraiment comment, mais elle essaie très fort. Elle veut être vue comme une intellectuelle, être perçue comme mature... un peu à la manière de Jodie Foster - qui est une des inspirations pour le personnage. Mais, en même temps, il y a en elle une forme d'insécurité et un manque de fini. Et il y a ces secrets qu'elle cache en elle...»

L'une des sources d'inspiration d'Elle Fanning, outre les longues conversations avec Mike Mills, est le livre The Road Less Travelled du psychiatre M. Scott Peck. «Mike m'a dit que c'est le genre de bouquin que Julie aurait aimé et dont elle aurait cru chacun des mots - surtout qu'elle a grandi dans des groupes de thérapie. À cause de cela, elle présente une espèce de dichotomie très intéressante à jouer: d'un côté, comme tous les jeunes, elle veut garder des secrets, mais d'un autre, en thérapie, elle doit tout dire.»

Cette scission, cette complexité sont d'autres raisons qui ont participé à faire plonger Elle Fanning, jeune femme du XXIe siècle, dans la peau d'une de ces «20th century women».

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Le film 20th Century Women prendra l'affiche le 20 janvier.

Photo fournie par A24

Elle Fanning dans 20th Century Women