Dany Boon, l'un des humoristes les plus appréciés des Français, qui a créé un véritable phénomène de société en réalisant Bienvenue chez les Ch'tis, le film le plus vu de l'histoire du cinéma français, fête ses 25 ans de carrière sur scène. Il est aussi de retour au cinéma avec la comédie Radin ! de Fred Cavayé dans lequel il joue un homme près de ses sous jusqu'au délire. Petit entretien outre-mer.

« Vous voyez, c'est moi qui appelle, je ne suis pas radin dans la vie, lance Dany Boon au bout du fil. Je suis en spectacle en Belgique, je vous appelle avec un téléphone français au Canada, ça va me coûter une fortune. Mais ne vous inquiétez pas, j'ai votre numéro pour vous envoyer la facture. »

Forcément, il sera question d'argent pendant ce court entretien, puisque son plus récent film, qui prend l'affiche la semaine prochaine au Québec, s'intitule Radin !. Dany Boon y joue François Gauthier, un violoniste professionnel dont le pire défaut est la radinerie, ici poussée à l'extrême pour les besoins de la comédie.

François économise sur absolument tout, l'électricité, la bouffe, les transports (c'est « un téteux de lifts », comme on dirait au Québec), il se cache dès qu'il est question de contribuer à un cadeau pour un collègue, porte toujours le même costume et il a fait de son banquier son psychanalyste, qui le rassure régulièrement sur son compte en banque.

Tout va basculer lorsqu'il découvrira qu'il est père d'une adolescente (Noémie Schmidt), qui lui vient d'ailleurs de son côté radin, puisqu'il avait utilisé à l'époque une capote périmée...

Ce scénario a spontanément séduit le comédien. « C'était très bien écrit, j'ai aimé la drôlerie des situations, du personnage, la musique aussi, et le fait d'avoir des scènes délirantes. Et puis les émotions, quoi. L'humanité qu'il y a dans le film, en fait. J'ai été ému, et c'est tout ce qu'on demande à un film, être à la fois diverti et ému par ce qu'on voit. »

Car François est un homme très isolé par son défaut, ce que l'arrivée de sa fille, et l'intérêt que lui porte une collègue (Laurence Arné), va remettre en question. 

« C'est ça qui est joli dans le film, c'est que ça touche toute la palette de la générosité ou de la radinerie. En fait, ça parle surtout du rapport à l'autre, comment on vit mal ça ou comment on vit mieux avec les autres », dit Dany Boon.

La fille de François croit que si son père est si économe, c'est parce qu'il amasse des sous pour des enfants pauvres en Amérique du Sud. Et voilà le radin piégé à son propre jeu.

RAPPORT AVEC L'ARGENT

Dany Boon, qui a à son CV le plus important succès au box-office du cinéma français avec la comédie Bienvenue chez les Cht'is en 2008, ne s'estime pas radin dans la vie. « Moi, j'ai le sentiment d'être généreux, mais il m'est arrivé d'être radin en temps, d'être radin malgré moi. Par exemple, si je vais à une fête d'anniversaire ou une soirée et que je n'ai pas eu le temps d'aller acheter une bouteille et que je prends une bouteille que je trouve chez moi, offerte par les magasins je ne sais quoi, où c'est écrit : "Merci beaucoup, Dany"... »

Tout de même, il a eu quelques difficultés avec l'argent quand le succès s'est pointé, comme tous ceux qui ont eu des débuts modestes. « Aujourd'hui, ça va, mais quand j'ai commencé, j'ai eu du mal à accepter d'en gagner, par rapport à ce que j'ai vu quand j'étais petit, par rapport à mes parents. J'avais honte de gagner de l'argent. Et puis après, ça s'est réglé avec l'analyse... »

NOUVEAU ONE MAN SHOW

Ces temps-ci, l'humoriste célèbre par un nouveau one man show ses 25 ans de carrière sur scène, avec beaucoup de joie d'ailleurs. « C'est beaucoup d'investissement et d'énergie, une mise en péril et une mise en abyme journalière, mais il se trouve que le spectacle a beaucoup de succès et, pour la première fois, j'ai un succès public et critique. J'ai eu de très bons papiers dans plein de journaux, dithyrambiques à tel point que je me suis dit : "Il faut que j'arrête. C'est vraiment unanime." »

Dany Boon a passé quelque temps aux États-Unis pour le projet d'adaptation de Bienvenue chez les Ch'tis, qui est finalement resté sur la glace. Ce qu'il prend avec philosophie, en comprenant que Hollywood, c'est assez compliqué - « Too many cooks in the kitchen » -, résume-t-il, mais son aventure américaine n'est pas terminée, car il a d'autres projets là-bas. D'ici leur concrétisation, il poursuit sa tournée, il sortira un nouveau film en février, Raid Dingue, il écrit un nouveau film, Une jolie ch'tite famille (qui ne sera pas la suite de Bienvenue chez les Ch'tis), et il semble désolé de ne pouvoir présenter son nouveau spectacle au Québec, malgré l'invitation de Juste pour rire, car il sera alors en tournage.

« J'adore venir au Québec, j'adore le public. D'ailleurs, mon ancien assistant à Los Angeles est de Montréal. Franchement, je trouve qu'il y a beaucoup de similitudes avec le nord de la France et le Québec, les gens sont gentils et accueillants. Mais je ne sais pas si je pourrai... »

Radin ! prend l'affiche le 14 octobre.