« La vie est... Elle est fascinante », a lancé Jonah Hill lors d'une rencontre de presse tenue à New York, sur le ton du scientifique prêt à s'étendre sur l'objet de son étude. Ce qui est en fait pas mal le cas pour l'acteur qui, en plus de (bien sûr) vivre sa vie, est régulièrement appelé à jouer celle des autres. Des vies qui, pour atterrir à l'écran, ne sont en général pas de longs fleuves tranquilles.

« Les films biographiques auxquels j'ai participé se penchent sur des gens qui tentent de trouver une manière nouvelle de faire les choses, de mettre le doigt sur une échappatoire qui leur permettrait de faire de façon différente. Dans Moneyball [de Bennett Miller, où il donnait la réplique à Brad Pitt et qui lui a valu une nomination à l'Oscar du meilleur acteur de soutien], c'était pour faire quelque chose de bien. Dans The Wolf of Wall Street [de Martin Scorsese, où il faisait face à Leonardo DiCaprio et qui lui a valu une autre sélection aux Oscars], c'était pour faire quelque chose de mal. Dans War Dogs, c'est pour un truc beaucoup plus ambigu. »

Dans ce long métrage basé sur un article de Guy Lawson paru en 2011 dans le magazine Rolling Stone et qui pourrait être pour le réalisateur Todd Phillips (The Hangover) ce que The Big Short a été pour Adam McKay, Jonah Hill fait la paire avec Miles Teller. Ils incarnent deux stoners vivant à Miami qui, en 2007, découvrent qu'ils peuvent, en toute légalité, répondre à des appels d'offres de l'armée américaine. Ils deviennent ainsi marchands d'armes, rien de moins.

La grande vie s'ouvre à eux. Ils se mettent à voir de plus en plus grand. Et décrochent un contrat de 300 millions pour armer les forces militaires afghanes. Une grosse bouchée. Trop grosse pour eux.

« Ils n'ont pas enfreint la loi, mais si le gouvernement dit que quelque chose est légal, est-ce correct de le faire ? C'est la question que pose le film », fait Jonah Hill qui incarne Efraim Diveroli, celui qui a entraîné son ami d'enfance David Packouz dans cette spirale de rêve qui a bientôt viré au cauchemar.

DÉFI DE TAILLE

Pour ce personnage, l'acteur qui nous a habitués à des variations pondérales extrêmes a opté pour la version « extralarge » de lui-même (laquelle était toutefois derrière lui lors de la rencontre de presse). « Efraim représentait un défi à "construire". Je l'ai bâti avec Todd, on a discuté de ses cheveux, son bronzage, ses bijoux, son poids, tout devait être "trop". Mais je ne le sentais pas encore, jusqu'à ce que je pense à son rire. »

Un rire fou, maniaque. Inoubliable. Qui colle à la peau d'un homme que Jonah Hill décrit comme « un type coloré, charmant, mais aussi manipulateur ». « Des gars avec des défauts, j'en ai joué beaucoup. Mais celui-là est différent. »

« Sous des dehors de bon vivant, il porte une noirceur très grande, très profondément en lui. Ce n'est pas évident de jouer quelqu'un qui semble si drôle de l'extérieur, mais qui est aussi calculateur à l'intérieur. C'était un formidable défi... pour un formidable personnage », dit Jonah Hill à propos de son personnage dans War Dogs.

Et un formidable tournage, semble-t-il, qui a entraîné l'équipe de Miami à la Californie du Sud en passant par le Maroc, Las Vegas et la Roumanie. Mais au-delà de l'expérience professionnelle, Jonah Hill assure que ce film est de ceux dont il est sorti changé : « Je ne suis pas quelqu'un de très politique. Je suis l'actualité, bien sûr, mais de loin. War Dogs, sérieusement, a changé ma façon de voir le monde, m'a ouvert les yeux. Je me suis rendu compte que la guerre était un business. Ça ne m'avait pas frappé jusqu'ici. »

Il espère que le long métrage aura un effet semblable sur le plus grand nombre. Enfin, s'il est vu, car il sort en pleine saison des superproductions. « Je sais, ce n'est pas 22 Jump Street ou The Hangover 2, fait Todd Phillips. Personne n'attend War Dogs. Sortir un long métrage comme celui-ci en plein été comporte toujours un risque. Mais j'ai confiance. Quand un film est réussi, il trouve son public. » Dans ce cas-ci, il le faut.

War Dogs (Chiens de guerre) prend l'affiche le 19 août.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.

Crédit : Warner Bros.

Miles Teller et Jonah Hill dans War Dogs