Quand Hugh Grant s'assoit dans une suite d'hôtel à Beverly Hills pour un entretien avant la sortie de son nouveau film, Florence Foster Jenkins, il semble mal à l'aise mais déterminé à mener à bien l'exercice, offrant un café et forçant un sourire.

«Je suis charmant dans certaines entrevues et plus grincheux dans d'autres», particulièrement les émissions dédiées aux célébrités qui le font «grincer des dents», concède-t-il, interrogé par l'AFP.

Hugh Grant, 55 ans, a été l'une des victimes du scandale des écoutes du défunt tabloïd News of The World et plus généralement des méthodes agressives de la presse à scandale britannique.

Devenu l'un des plus ardents avocats de la campagne «Hacked Off» pour une presse responsable, il est paradoxalement l'une des célébrités qui, du moins en apparence, en dit le plus sur ses états d'âme.

À l'émission Late Late Show de James Corden, il a raconté une crise émotionnelle pendant laquelle il n'a pu «arrêter de pleurer pendant trois semaines d'affilée», concluant par une anecdote sur une visite désastreuse chez un hypnotiseur.

«Quand on est dans ces émissions, on doit trouver des trucs drôles à dire et on fait des erreurs catastrophiques tout le temps», ajoute-t-il.

Hugh Grant, devenu une star mondiale grâce à la comédie écrite par Richard Curtis Quatre mariages et un enterrement en 1994, qui lui a valu un Golden Globe, a suivi une trajectoire stellaire à Hollywood où il est devenu l'un des acteurs les plus rentables.

Les 25 films dans lesquels il a tenu la vedette ont généré plus de 2 milliards de dollars. L'acteur a parfois été catalogué gendre idéal avant de devenir abonné aux rôles de briseurs de coeurs sans scrupule, notamment grâce à la série de films sur Le journal de Bridget Jones.

«Je suis heureux que certains d'eux aient eu du succès et aient plu aux gens», se contente-t-il de commenter sans montrer de fierté particulière.

Et d'ajouter, citant Richard Curtis, «un grand partisan des films commerciaux», qu'il est «plus facile de plaire à une audience confidentielle à Hampstead ou dans Greenwich Village à New York qu'à un public de masse dans le monde entier».

Le comédien aux yeux pervenche et passé maître de l'air pince-sans-rire dit s'être senti «terrifié» après avoir été choisi par Stephen Frears pour jouer aux côtés de Meryl Streep dans Florence Foster Jenkins, un «biopic» hilarant prenant l'affiche vendredi.

C'est aussi le parcours insolite de cette chanteuse new-yorkaise des années 30 à 40 qui a inspiré le récent film de Xavier Giannoli Marguerite, avec Catherine Frot.

Et si Jenkins fut adulée pour sa détermination malgré un manque évident de dispositions vocales, Hugh Grant, lui, souffre toujours du trac, malgré trente ans d'une carrière unanimement saluée.

«Sueur et tension»

Ses joggings matinaux et les pilules anti-stress Rescue Remedy n'y ont rien fait: il a encore dû tourner deux fois une scène avec Meryl Streep après avoir subi «une attaque de panique».

Lorsqu'il entend «Moteur!», c'est tout d'un coup «les montées de sueur, la tension... c'est si ridicule».

Celui qui a commencé sa carrière en faisant la tournée de théâtres régionaux dit ne prendre qu'un plaisir modéré sur les plateaux de cinéma.

«J'en parlais avec Kevin Bacon hier soir à une projection et nous étions d'accord sur le fait qu'on rentre toujours chez soi un peu triste».

«On est merveilleux en répétition et filmé en grand angle, des plans jamais vraiment utilisés lors du montage, et finalement quand on arrive au gros plan on a toujours l'air un peu crispé. On n'est jamais aussi bon», assure-t-il.

Hugh Grant admet toutefois qu'il peut être très difficile de travailler avec lui.

L'humoriste Jon Stewart lui a notamment interdit de revenir dans son émission The Daily Show en 2012 après que le Britannique eut poussé une colère noire en coulisses à propos d'une plaisanterie enlevée d'un extrait de film.

Jon Stewart l'a décrit comme le pire invité jamais reçu dans son émission, ajoutant: «Et on a eu des dictateurs».

Hugh Grant admet aussi se mêler «de choses qui ne (le) regardent pas» sur un plateau, comme «l'endroit où devrait se trouver la caméra», et qu'il n'a pu s'en empêcher à nouveau sur le tournage de Florence Foster Jenkins.

«Mais pour rendre hommage à Stephen Frears, il était tout à fait ouvert à ça», conclut-il.