D'abord, il y a ce rire. Avant même la chevelure de feu et le teint opalin, c'est le rire de Bryce Dallas Howard que l'on remarque. Il la précède. Il est contagieux. Il est libre. Il est «plein». De vie, de joie.

Et celle qui a souffert d'une grave dépression post-partum, après la naissance de son premier enfant, n'en est aujourd'hui pas avare, de ce rire. La Presse a pu le constater dans l'entrevue accordée en vue de la sortie de Pete's Dragon de David Lowery... où elle ne joue ni Pete ni le dragon, mais une garde forestière mis en présence de Pete et du dragon dans le remake du long métrage du même titre sorti en 1977.

«Enfant, j'étais folle de ce film», fait l'actrice de 35 ans avant de souligner combien, toutefois, cette nouvelle version est différente de l'originale. Où le Pete en question était pour ainsi dire l'esclave d'un couple malfaisant (un peu comme Cosette chez les Thénardier dans Les misérables) et le dragon, le fruit d'une animation traditionnelle en 2D.

Tourné en Nouvelle-Zélande, ce Pete's Dragon-ci suit un gamin de 4 ans qui se retrouve seul dans les bois après que ses parents ont péri dans un accident de voiture alors qu'il se trouvait aussi à bord du véhicule. L'enfant n'aurait pu survivre si un immense dragon (celui-ci créé en images de synthèse chez Weta Digital) ne l'avait pris sous son aile.

Retrouvé quelque six années plus tard (et maintenant incarné par Oakes Fegley), Pete se heurte à l'incompréhension et aux préjugés des habitants de Millhaven. Personne ne croit en l'existence de l'animal fabuleux - sauf, peut-être, la jeune Natalie (Oona Laurence), Grace (Bryce Dallas Howard) et son père, Mr. Meacham (Robert Redford). Depuis toujours, ce dernier affirme avoir vu, quand il était enfant, une immense créature verte dans les bois.

Il y a du scepticisme dans l'air. Jusqu'à ce que la preuve de l'existence du dragon... tombe du ciel. La bête sera alors en grand danger. Il faudra donc sauver Elliot.

Elliot, c'est le nom que Pete a donné à son compagnon. Le nom s'est imposé parce que le seul lien avec la civilisation qu'a conservé le garçon après l'accident est un livre illustré, Elliot Gets Lost.

Elliot, pour le prénom. Et un livre, pour la survie. «Ces livres pour enfants sont très importants. En fait, ces histoires qui leur sont destinées, sous toutes leurs formes, sont essentielles. Elles comportent des messages et leçons qui aident, encouragent, font rêver, les préparent», croit Bryce Dallas Howard qui a grandi avec Les chroniques de Narnia et d'autres histoires «que [son] père [lui] racontait, en général quand il [la] conduisait à l'école».

«Ce que Pete's Dragon dit aux petits, c'est que non seulement ils peuvent survivre au pire, mais qu'ils peuvent retrouver la joie et l'amour.»

Mon père, ce conteur

On imagine ici Ron Howard, le réalisateur des films Apollo 13 et A Beautiful Mind, en train de mettre dans ses mots, à l'intention de ses quatre enfants, l'histoire... disons, de Willow.

«Et c'était bien avant qu'il ne réalise le film!», pouffe celle qui, à son tour, fait la lecture quotidiennement à son fils et à sa fille. «Ils choisissent des classiques ou des nouveautés. C'est une négociation chaque soir et je me retrouve à leur raconter cinq histoires... au lieu de trois.»

Nouveau rire, qui coule en cascade et qui ravit tant il est franc. Paisible, aussi. Une rareté, en terre d'Hollywood.

Mais il faut dire que les Howard forment une cellule assez unique dans le genre: mariée à l'acteur Seth Gabel qu'elle a rencontré à l'adolescence, Bryce Dallas Howard est issue d'un couple qui s'est, lui aussi, soudé très jeune et demeure uni. «Même chose pour mes grands-parents», fait celle qui est, de plus, de la troisième génération de la famille à faire carrière au cinéma.

Une lignée royale? «Si vous voulez dire "royale" dans le sens que je suis née dedans, oui. Sauf que pour durer, il faut faire ses preuves. Le nom ne suffit pas... même si ce nom en est un bon», fait, avec fierté, celle qui a amorcé sa carrière avec les yeux grands ouverts, le soutien et l'affection de ses parents, mais, également, en sachant pertinemment qu'ils attendaient d'elle qu'elle devienne financièrement indépendante d'eux.

Pas de problème. C'était son intention.

Elle a depuis travaillé avec M. Night Shyamalan (The Village), Lars von Trier (Manderlay), Sam Raimi (Spider-Man 3), Clint Eastwood (Hereafter). Et joué avec les Joaquin Phoenix, Willem Dafoe, Christian Bale, Matt Damon... et quelques grosses bêtes comme les dinosaures de Jurassic World (dont elle tournera la suite l'an prochain, «sans souliers à talons cette fois!», s'étrangle-t-elle) et Elliot de Pete's Dragon.

Mais de ses partenaires, «aucun n'est aussi emblématique que Robert Redford», souligne-t-elle en évoquant le vétéran du cinéma qui interprète ici son père. «Je ne savais même pas comment l'appeler. Après trois jours de tournage, j'ai posé la question. Il m'a répondu: Bob. Mais honnêtement, je n'y arrivais pas. Il n'est pas un Bob, il est Robert Redford!» Et là-dessus, quoi? Elle éclate de rire. Irrésistible. 

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Pete's Dragon (Peter et Elliott le dragon) prend l'affiche le 12 août. Les frais de voyage ont été payés par Disney.

Photo fournie par Disney

Robert Redford interprète le père du personnage de Bryce Dallas Howard dans Pete’s Dragon

La Nouvelle-Zélande de Pete's Dragon

1. Rotorua

La plupart des scènes tournées en forêt l'ont été dans la Redwoods Forest, à Rotorua. Le réalisateur David Lowery désirait que Pete et Elliot vivent parmi «des arbres un peu plus haut» éclairés par «un soleil un peu plus brillant». C'est ce qu'il a découvert là. Juste au nord de la forêt, à Ngongotaha, se trouve une petite maison, plus ancienne que celles qui l'entourent. Elle est devenue l'extérieur de la demeure de M. Meacham (Robert Redford).

2. Wellington

Les magiciens de Weta Digital logent à Wellington. Ce sont eux qui ont créé Elliot. À proximité se dresse le mont Victoria, qui a lui aussi servi à «incarner» l'habitat du dragon et de Pete. Au nord de la capitale néo-zélandaise se trouve la ville d'Upper Hutt. C'est dans le quartier de Birchville que la production est tombée sur la maison qui deviendrait celle de Jack (Wes Bentley) et de Natalie (Oona Laurence).

3. Queenstown

Le Deer Park Heights et les abords des Remarkables, chaîne de montagnes particulièrement bien nommée, ont été immortalisés par Peter Jackson dans The Lord of the Rings. Cette fois, ces lieux magiques ont été «survolés» par Elliott (et par les hélicoptères chargés des prises de vue aériennes), qui rugit au-dessus du Skippers Canyon et survole la rivière Shotover.

4. Tapanui

La rue principale de Tapanui, village situé dans la région d'Otago de l'île du Sud, est devenue celle de Millhaven, petite ville fictive et un peu hors du temps. À 8 km de là, le Blue Mountain Timber Mill, qui n'est plus opérationnel, a «campé» le moulin à bois de Jack et Gavin (Karl Urban). Certains décors ont également été construits dans ce qui s'est avéré un studio improvisé... et pratique.

Photo fournie par Tourism New Zealand

Wellington