« J'ai grandi pendant la guerre froide alors que, de l'avis général, le monde allait se terminer sur un grand holocauste nucléaire. Mais en même temps, nous étions optimistes parce que les choses bougeaient. Il y avait les manifestations contre le Viêtnam et pour les droits de l'homme. On avait l'impression que le pouvoir n'était pas uniquement entre les mains des gouvernements. C'est peut-être pour cela que je ne suis pas désillusionné face au genre humain. J'ai toujours pensé que les choses finiraient par bien aller. Et je le crois encore. »

Avouons-le d'emblée : quand cet optimisme émane de George Clooney, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse organisée en marge de la sortie de Tomorrowland, on a envie d'y croire. D'autant qu'à ses côtés, d'autres grands esprits créatifs - le réalisateur Brad Bird (The Iron Giant, The Incredibles, Mission : Impossible - Ghost Protocol) et le scénariste Damon Lindelof (Lost, Star Trek Into Darkness, World War Z) - entonnaient semblable discours. En partie propulsé, ça aussi il faut l'avouer, par le texte et le sous-texte de l'oeuvre qui les a réunis.

Tomorrowland met en présence Frank Walker (George Clooney), un scientifique désabusé et cynique, et Casey Newton (Britt Robertson), la fille d'un ingénieur travaillant pour la NASA, adolescente vibrante, brillante, brûlant de cette curiosité scientifique qui a autrefois animé Frank. Tous deux ont été en contact avec ce qui semble être le monde de demain. Mais ce tomorrowland existe-t-il vraiment ou n'est-il qu'un mirage né de leur imagination ? Chose certaine, leur route pour trouver des réponses est semée d'embûches, elles, bien réelles ; et d'énigmatiques personnages - Athena (Raffey Cassidy) et David Nix (Hugh Laurie) - dont on ne sait trop au premier abord s'ils sont amis ou ennemis.

Premier arrivé à la barre du scénario, Damon Lindelof. Qui était en contact avec l'intelligentsia de Disney, mais ne se voyait pas écrire un film de princesses ou de superhéros. Son truc, c'est la science-fiction : « J'ai toujours été intéressé par le futur, mais celui avec lequel j'ai été en contact à travers les films des 20 ou 30 dernières années... disons que je n'aimerais pas y vivre. C'est peut-être très cool de voir des adolescents qui tentent de se tuer les uns les autres et des robots qui éradiquent la race humaine, mais pas très invitant. »

Fasciné par le concept d'imagineering - où se mêlent imagination et ingénierie - mis de l'avant chez oncle Walt, le scénariste a commencé à plancher sur Tomorrowland. Avec l'aide de Jeff Jensen, critique de télévision pour Entertainment Weekly qui a beaucoup écrit sur Lost « et arrivait avec des idées et des théories plus délirantes que les nôtres », rappelle Damon Lindelof qui, il y a quelques années, a peaufiné le scénario de Mission : Impossible - Ghost Protocol. « À l'époque, il m'avait parlé du projet et j'ai été immédiatement accroché », raconte Brad Bird.

DE LA TERRE À LA LUNE

C'est que le futur, pour Brad Bird aussi, rime avec espoir et optimisme. Il faut le voir et l'entendre raconter sa version de l'alunissage d'Apollo 11 pour comprendre. Le 21 juillet 1969, il avait 11 ans. La famille était en avion. « Je trépignais, j'étais sûr qu'on allait tout rater. Mais l'alunissage a eu un peu de retard à cause d'un problème technique, nous avons atterri et nous nous sommes rués sur le premier écran de télévision qu'on a trouvé. Il y avait 400 personnes massées autour. »

Le suspense, la tension, le silence et le « hoooooo » de ferveur qui est monté de la foule quand Neil Armstrong a posé son pied sur la Lune : Brad Bird ne les a pas oubliés. Comme il n'oublie pas ce sentiment de fierté mêlé de tristesse qu'il a ressenti en juillet 2011 lorsque, en compagnie de Damon Lindelof, il est sorti de leur bureau aux studios Disney pour observer le dernier vol de la navette spatiale Atlantis.

On peut imaginer leur joie d'avoir pu, quelques années plus tard, pour Tomorrowland, tourner à Cap Canaveral. D'autant qu'ils se trouvaient là au moment du lancement de la sonde spatiale Maven en direction de Mars. « Je regardais le décollage et j'ai pensé : "On peut dépenser notre énergie à trouver des moyens pour s'éliminer. Ou on peut faire ça..." », poursuit le réalisateur, à la fois songeur et plein d'espoir. 

« Et c'est le message du film. Le futur peut être excitant et nous avons un rôle à jouer pour qu'il en aille ainsi. »

- Britt RobertsonUne vision optimiste unissant la troupe de Tomorrowland (qui porte le nom d'un des premiers parcs thématiques de Disneyland), George Clooney en tête... même si son personnage, qui a perdu la flamme au fil des ans, se présente dans un premier temps comme un éteignoir.

« Brad et Damon se sont pointés à la maison avec le scénario de Tomorrowland en me disant qu'ils avaient écrit un rôle pour moi. J'ai ouvert le truc et j'ai vu qu'il était question d'un has been de 55 ans. "Heu... Je suis où là-dedans ?", leur ai-je demandé », plaisantait l'acteur.

Mais il a embarqué assez rapidement dans ce projet qu'il qualifie d'« audacieux ». Ce, à plusieurs titres. D'abord, « m'engager pour un film d'été, c'est risqué, non ? », fait-il, amusé. Ensuite, il y a le fait que Disney opte, cette fois, « pour un long métrage qui n'est ni une suite, ni un reboot, ni une adaptation de comic book ». Enfin, la décision de produire un long métrage qui présente une vision optimiste du futur en cette ère de Hunger Games et autres post-apocalypses.

« Nous vivons dans un monde où les choses sont difficiles, il suffit d'allumer la télévision pour s'en rendre compte. La situation peut sembler sans espoir. Mais j'aime cette idée véhiculée dans Tomorrowland que rien n'est réglé d'avance et que si vous êtes vraiment engagé, investi, une seule voix peut changer les choses », conclut George Clooney, qui rappelle que « les jeunes gens ne naissent pas en colère ni cyniques » et que si on leur apprend l'espoir, il y aura de l'espoir, justement, pour notre monde.

Tomorrowland (Le monde de demain) prend l'affiche le 22 mai.

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Studios Pictures.

photo fournie par disney

Contrairement aux sagas Hunger Games et DivergentTomorrowland propose une vision optimiste du futur. 

PHOTO FOURNIE PAR DISNEY

Britt Robertson incarne dans Tomorrowland une adolescente curieuse, assoiffée de connaissances scientifiques, dont le père est ingénieur pour la NASA.