Karin Viard, Jacques Gamblin, Noémie Lvovsky et Ulrich Tukur forment deux couples d'amis qui se connaissent et se fréquentent depuis toujours. Jusqu'à ce que tout se fissure...

La cinéaste Anne Villacèque a d'abord suivi une formation en philosophie. Pendant une dizaine d'années, elle a aussi réalisé plusieurs documentaires. Dans Week-ends, un film qu'elle a coécrit avec Sophie Fillières, elle traite un peu des thèmes qu'elle aurait pu explorer dans l'une ou l'autre de ses «autres vies».

Son film - parfois très grinçant - est traversé de grandes questions existentielles, incarnées par quatre protagonistes réunis devant sa caméra témoin.

«En fait, l'idée de ce long métrage est venue d'un téléfilm que m'avait commandé la chaîne Arte, explique la réalisatrice au cours d'un entretien accordé à La Presse. Avec Sophie, qui avait aussi coécrit le scénario avec moi, nous nous étions penchées de façon plutôt amusante sur le phénomène des amours sur l'internet. Beaucoup de femmes délaissées ou abandonnées se tournent vers le web pour tenter de trouver un nouvel amour.»

Cette plongée dans les amours virtuelles, dont certaines se matérialisent en vraies liaisons, a intéressé Anne Villacèque au point où elle a eu envie de creuser le sujet davantage. En trouvant même des résonances dans sa propre vie.

«Week-ends n'est pas une autofiction, mais ce film découle quand même d'une introspection plus personnelle, dit-elle. Forcément, c'est plus difficile à écrire. Plus douloureux aussi. La comédie prévue au départ a cédé la place à un drame plus mélancolique. J'ai été moi-même amoureuse d'un homme qui était dans une situation inextricable. Je me suis dit que j'allais exposer ma propre vérité sur certaines situations en transposant certains éléments dans une fiction. En fait, j'ai fait ce film par amour!»

Gestion de crise

Dans Week-ends, le personnage en crise est un homme. Vivant en couple depuis plusieurs années avec Christine (Karin Viard), Jean (Jacques Gamblin) annonce qu'il est amoureux d'une femme plus jeune et quitte le foyer conjugal.

Cette décision, choquante, déstabilise évidemment sa femme, qui disjoncte complètement, mais aussi Sylvette (Noémie Lvovsky) et Ulrich (Ulrich Tukur). D'autant que les deux couples ont l'habitude de se retrouver toutes les fins de semaine depuis 20 ans. Amis depuis l'adolescence, ils ont en outre acheté des maisons de campagne voisines en Normandie.

«Qu'est-ce que la vérité de l'amitié? Qu'est-ce que la vérité de l'amour? demande la réalisatrice. On tient tout pour acquis et on ne se pose pas vraiment de questions. L'usure peut pourtant faire son effet en amitié aussi. Comme en amour. Il faut habituellement une crise pour qu'on s'interroge à ce propos. Or, j'estime qu'il est important d'y réfléchir - même sans crise - car les amitiés sont précieuses. Or, qu'est-ce qui fait qu'on est ami avec quelqu'un?»

La réalisatrice n'a pas écrit son scénario en songeant aux interprètes qui allaient incarner l'histoire, mais elle a su réunir un excellent quatuor.

«En fait, il y avait Ulrich, dit-elle. J'ai écrit ce personnage en pensant à lui, ne sachant même pas s'il serait intéressé. J'étais folle de joie quand il a donné son accord. C'est d'ailleurs le seul qui garde son vrai prénom.»

Anne Villacèque a aussi pris plaisir à inverser les idées reçues en matière de genre.

«J'ai aimé jouer sur les contrastes, en fait, souligne-t-elle. Dans cette histoire, les femmes prennent le dessus plus facilement et son dotées d'une force que je qualifierais de plus «masculine». En revanche, les deux hommes ont une vraie fragilité. Et ils affichent leurs vulnérabilités.»

Karin Viard, sans hésitation

Karin Viard n'a pas hésité longtemps avant d'accepter le rôle que lui offrait Anne Villacèque. Dans la peau de cette femme blessée, capable de retourner sa cruauté, l'actrice fait flèche de tout bois.

«À la lecture, j'ai d'abord trouvé ce scénario magnifique, confiait-elle récemment à La Presse. Surtout, on y aborde les relations d'amour et d'amitié de façon plutôt inédite. Aussi, on ne m'a jamais offert un personnage d'amoureuse larguée, complètement névrosée, qui pète les plombs. Je trouvais les situations parfois très drôles. J'aimais aussi le ton, très particulier, et les ruptures qu'il comporte.»