Virginie Besson-Silla, épouse du cinéaste français Luc Besson et heureuse productrice du carton estival Lucy, lance à présent outre-Atlantique son autre «bébé», Jack et la mécanique du coeur.

Ce film d'animation musical de Mathias Malzieu et Stéphane Berla, sorti en France en février, arrive sur les écrans américains mercredi.

«Quand on sort un «bébé» comme ça, on a envie qu'il soit vu par le plus de monde possible. La mécanique... c'est un film tellement poétique sur l'amour, le romantisme, la différence, des thèmes universels, j'espère qu'il arrivera à toucher» les États-Unis, a expliqué à l'AFP Virginie Besson-Silla.

C'est toujours un pari car «le succès au cinéma ne peut jamais se prédire», raconte-t-elle depuis Los Angeles, où elle vient d'emménager avec mari et enfants.

Le succès de Lucy, porté par l'actrice Scarlett Johansson, est «une surprise parce qu'en apparence, c'est un film d'action, mais on passe le dernier tiers du film à regarder l'univers, à se demander d'où on vient, où on va, toutes ces questions plutôt métaphysiques, et son succès n'était donc pas assuré».

Même avec le nom de Scarlett Johansson sur l'affiche. «Elle tenait le rôle-titre d'un autre film sorti quelques mois avant, Under the Skin, qui a fait beaucoup moins d'entrées que Lucy, donc c'est un raccourci de se dire «on va mettre untel dans le film et ça va marcher»», relève la productrice.

Depuis sa sortie fin juillet aux États-Unis, Lucy, le plus gros succès au box-office mondial pour Luc Besson, a récolté 378 millions $ dans le monde. Et ce, alors que ce long métrage partiellement tourné à Taïwan, sur une jeune femme qui voit ses capacités cérébrales décuplées par une drogue, n'est même pas encore sorti sur l'énorme marché chinois.

Rêve africain

«Dans chaque pays où le film a été lancé, il a été numéro un. C'est extraordinaire, ça fait du bien, et ça permettra de faire plein d'autres films», poursuit Virginie Besson-Silla.

Lucy est le quatrième long métrage sur lequel elle collabore avec son mari, le premier ayant été Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec. Jack et la mécanique du coeur, qui a mis six ans à voir le jour, est son projet à elle. C'est aussi le premier film d'animation d'EuropaCorp, la société de production et distribution fondée par Luc Besson en 1999.

«Les films d'animation prennent beaucoup plus de temps qu'un film live. Une fois qu'on a le scénario, il faut savoir à quoi les personnages vont ressembler, créer l'univers, tout dessiner image par image, animer les personnages, les faire interagir...», explique la productrice.

Le film a coûté cher: 26 millions d'euros, d'autant qu'il a connu un «accident de parcours»: «On a travaillé avec un studio qui a fait faillite, on a perdu beaucoup de plumes, mais on s'est battu pour le film».

Si EuropaCorp connaît grâce à Lucy une année faste, Virginie Besson-Silla garde un souvenir ému du tournage de The Lady (2011), le «biopic» réalisé par Luc Besson sur la vie d'Aung San Suu Kyi, héroïne de la résistance à la junte birmane et aujourd'hui chef de l'opposition de son pays. «Ça a été très fort comme expérience», d'autant que le tournage a coïncidé avec la levée de l'assignation à résidence du prix Nobel de la paix 1991.

Le tournage à Bangkok lui a également donné envie de partir de la grisaille parisienne où elle vivait depuis 25 ans. «Paris est la plus belle ville du monde mais j'ai passé mon enfance à déménager tous les deux ou trois ans. J'adorais ça».

Petite soeur de Karine Silla, la femme de l'acteur Vincent Perez, elle a connu une enfance nomade au gré des affectations de son père diplomate sénégalais.

«Je suis moitié africaine, j'y ai vécu jusqu'à l'âge de 18 ans, c'est quelque chose qui m'est très important. L'Afrique a une culture tellement riche et méconnue. Je rêve de réaliser un film» sur ce continent, conclut-elle.