Après Romaine par moins 30, la réalisatrice Agnès Obadia s'est mise au service d'une adaptation d'une bande dessinée dont elle n'avait jamais entendu parler jusque-là. Elle a pu y mettre un peu du sien...

C'est l'histoire de Joséphine, une fille qui, à l'aube de la trentaine, n'a pas encore pu trouver de stabilité affective. Tout simplement parce qu'elle n'arrive pas à trouver l'amoureux avec qui elle pourrait construire un avenir. Elle en souffre, la pauvre. D'autant plus que la soeur benjamine - parfaite comme il se doit - s'apprête maintenant à convoler en justes noces.

Aussi Joséphine s'invente-t-elle de toutes pièces une histoire d'amour à raconter à son entourage. Qui la mènera forcément au coeur de situations rocambolesques, et l'enfoncera dans le mensonge.

Autrement dit, Joséphine est une jeune femme mal dans sa peau, qui ne répond pas aux canons esthétiques imposés par les magazines, et qui a le sentiment de passer complètement à côté de sa vie. Toute ressemblance avec Bridget Jones est bien entendu fortuite.

«Je dois être une mauvaise élève! expliquait Agnès Obadia lors d'une interview accordée à La Presse lors de la tenue des Rendez-vous d'Unifrance à Paris. Je ne connaissais pas la bande dessinée de Pénélope Bagieu au moment où le producteur m'a proposé de l'adapter pour le cinéma. Je lui ai donc demandé de me la faire parvenir, et ma réponse fut très rapide: j'ai dit non. Après Bridget Jones, je ne voyais vraiment pas ce qu'on pouvait faire de mieux!»

Un film de commande

Romain Rojtman, un jeune producteur que la réalisatrice a connu au moment où ce dernier était impliqué dans la distribution de Romaine par moins 30, ne s'est pas déclaré vaincu pour autant.

«Très malin, il m'a dit d'aller rencontrer Pénélope Bagieu, raconte-t-elle. C'est à partir de cette rencontre que je me suis dit qu'on pouvait peut-être arriver à faire quelque chose. J'ai finalement utilisé la trame de sa bédé comme fil conducteur: l'histoire d'une trentenaire névrosée qui cherche l'amour et qui, à cause de ses névroses, ne tombe jamais sur la bonne personne. Il a toutefois fallu lui inventer une histoire, car il n'y en a pas vraiment dans la bande dessinée.»

La réalisatrice, qui s'attaquait pour la première fois à un film de commande, a tenté de moduler le projet afin qu'il corresponde davantage à son propre univers.

«Cela dit, je me suis lancée en toute connaissance de cause, dit-elle. J'y voyais un beau défi. Quand je suis arrivée, Marilou Berry était déjà liée au film et je trouvais ce choix excellent. On m'a par ailleurs clairement commandé une comédie romantique destinée avant tout à un public féminin de moins de 30 ans. Au fil des projections tests, les producteurs ont resserré la cible encore davantage vers les 15 à 25 ans. Ils m'ont alors demandé de retravailler le montage en fonction de cette orientation. Je ne sais pas si c'est bien ou pas, mais c'est intéressant à fabriquer. Cela nous force à trouver notre voie au milieu des contraintes. Et ça a marché. Le film a attiré 650 000 spectateurs environ!»

Agnès Obadia se félicite en tout cas d'avoir accepté un projet qui, dit-elle, l'a fait évoluer en tant que réalisatrice.

«Honnêtement, je ne sais pas si le résultat aurait été le même si j'avais fait ce film en tant qu'auteure. La commande était tellement claire que je ne me suis même pas posé de questions sur ce plan. C'est chouette, ça aussi!»

Une affection pour le Québec

Il y a cinq ans, Agnès Obadia est venue tourner chez nous une grande partie de son film Romaine par moins 30. Autour de Sandrine Kiberlain, plusieurs acteurs québécois ont alors pu se faire valoir. Pierre-Luc Brillant, Louis Morissette et Maxim Roy, notamment.

Or, à l'instar de plusieurs autres productions françaises tournées chez nous, le public québécois n'a pas vraiment souscrit à la proposition. La réalisatrice le déplore. D'autant plus qu'elle s'est fait des attaches profondes dans notre coin de pays.

«Dans toute ma belle naïveté, j'ai cru que la grande affection que j'ai envers le Québec serait réciproque! commente-t-elle. Mais j'ai vite appris en mettant les pieds chez vous que les rapports entre le Québec et la France sont un peu compliqués. L'épiderme devient très sensible quand un regard étranger se pose sur votre pays.

«Cela dit, j'ai adoré mon expérience québécoise. Un tournage chez vous, c'est rapide, c'est efficace. Et c'est fait avec des gens talentueux, qui manifestent un véritable enthousiasme dans la volonté de faire des choses. Et puis, il n'y a aucune hiérarchie! Je me souviens avoir été très surprise d'avoir pu joindre des gens comme Roger Frappier et Luc Vandal après un simple coup de fil. En France, c'est impensable. On se sent porté chez vous par une énergie qu'on ne trouve pas ici.

«Et puis, poursuit-elle, j'ai une vraie passion pour les cinéastes québécois. J'essaie de voir tout ce que je peux. Je ne suis pas allée chez vous depuis trois ans et, très sincèrement, ça me manque.»

Joséphine prend l'affiche le 4 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.