Dans cette première réalisation du scénariste de A Beautiful Mind, Colin Farrell incarne un homme dont le destin se jouera à deux époques différentes. Winter's Tale revêt les atours d'un conte de fées sentimental pour adultes.

«Quand vous tombez amoureux d'une personne et que le sentiment est réciproque, alors oui, on peut parler de miracle. J'ai rencontré celui qui est devenu mon mari tout à fait par hasard dans le métro. C'était il y a 63 ans. Nous sommes toujours ensemble aujourd'hui. Je ne sais pas ce que serait ma vie sans cet amour et celui de la famille que nous avons eu la chance d'avoir.»

Cette déclaration a été faite par Eva Marie Saint. Lors de la conférence de presse tenue dimanche dernier à New York, en marge de la sortie de Winter's Tale (Conte d'hiver en version française), les journalistes étaient littéralement suspendus aux lèvres de la légendaire actrice. Lauréate d'un Oscar grâce à On the Waterfront (Elia Kazan, 1954) et vedette, avec Cary Grant, de North by Northwest (Alfred Hitchcock, 1959), la grande dame se retrouve, à bientôt 90 ans, à jouer l'un des personnages clés du conte de fées pour adultes que propose aujourd'hui Akiva Goldsman.

Vieillir sans vieillir

Mettant en vedette Colin Farrell, Jessica Brown Findlay, Russell Crowe et Jennifer Connelly, Winter's Tale utilise des éléments de réalisme magique pour mettre de l'avant une histoire d'amour qui s'étirera sur une période d'une centaine d'années. La particularité? Le personnage qu'incarne Colin Farrell, un orphelin abandonné au large des côtes new-yorkaises alors qu'il était bébé en 1895, affiche en 2014 l'aspect physique qu'il avait... neuf décennies plus tôt!

Recourant au vol pour sa survie, le jeune homme se retrouve au début du XXe siècle dans la ligne de mire d'une bande violente dirigée par un ancien mentor (Russell Crowe). Son parcours change le jour où il rencontre une jeune femme dont il tombe immédiatement amoureux (Jessica Brown Findlay, révélée par la série Downton Abbey). Aussi aura-t-il besoin d'un miracle pour sauver sa dulcinée, atteinte d'une maladie incurable, quitte à devoir attendre pratiquement un siècle avant que le destin ne lui fasse signe.

«En me glissant dans la peau de ce personnage, j'ai eu l'impression de consolider une intuition que j'avais déjà, a commenté Colin Farrell. J'accepte maintenant que la vie soit définie davantage par des mystères que par des certitudes. Bien sûr, je garde mes idéaux, mes racines, et les liens affectifs solides que j'ai dans ma vie. Mais j'ai l'impression que bien des certitudes tombent en vieillissant. Cela me plaît plutôt.»

Le scénariste et producteur Akiva Goldsman, lauréat de l'Oscar du meilleur scénario adapté en 2002 avec A Beautiful Mind (Ron Howard), assume totalement l'aspect très romantique de cette adaptation du roman à succès de Mark Helprin, premier film qu'il signe en tant que réalisateur.

«En cette époque très cynique, j'ai voulu proposer une histoire qui n'a jamais quitté mon esprit depuis que j'ai lu le roman pour la première fois dans les années 80, explique le scénariste et cinéaste. La vie n'est pas toujours simple. Elle comporte aussi des épreuves, des pertes d'êtres que nous aimons, mais la vie réclame que nous allions au-delà de ce sentiment de perte. Elle ne nous mène pas toujours dans le sens où l'on voudrait aller, mais j'estime que nous avons toujours le loisir de trouver nous-mêmes ce qui se cache derrière notre propre histoire.»

Une caractéristique fondamentale

De son côté, Colin Farrell renchérit en précisant que la capacité d'amour est l'une des caractéristiques fondamentales du genre humain.

«C'est ce qui nous définit, dit l'acteur irlandais. C'est aussi important sur le plan collectif qu'individuel. Notre faculté d'éprouver de la compassion pour les autres aussi. J'estime que le toucher humain, peu importe la forme qu'il emprunte, est l'une des plus belles choses qui existent quand il s'exerce dans un climat de compassion et de respect. Je n'ai rien contre les fleurs et les chocolats à la Saint-Valentin, mais il me semble que nous ne devrions pas avoir besoin d'une fête commerciale pour faire des gestes d'amour.»

«J'ai beaucoup apprécié Colin Farrell lors de ce tournage. J'aurais même parfois voulu être à la place de Jessica!», a conclu Eva Marie Saint.

L'amour qui voyage dans le temps...

Traverser le temps pour conquérir ou reconquérir le coeur d'un être aimé? Le thème a souvent inspiré de belles histoires romantiques. En ce jour de Saint-Valentin, voici quatre titres phares.

SOMEWHERE IN TIME/QUELQUE PART DANS LE TEMPS (1980), Jeannot Szwarc

Au moment de sa sortie, personne n'avait fait grand cas de ce film dans lequel un dramaturge se transporte par hypnose à l'époque où vivait une actrice dont il a vu la photo. Ce drame romantique, dont les têtes d'affiche sont Christopher Reeve, Jane Seymour et Christopher Plummer, est pourtant devenu un film culte des années plus tard.

PEGGY SUE GOT MARRIED/PEGGY SUE S'EST MARIÉE (1986), Francis Ford Coppola

À l'occasion d'une réunion d'anciens camarades de classe, une femme au bord du divorce s'évanouit et se retrouve 25 ans en arrière, à l'époque où son présent mari était dans sa prime jeunesse. Un film sympathique dans lequel Kathleen Turner donne la réplique à Nicolas Cage.

KATE, James Mangold

À une époque où elle était la reine des comédies romantiques, Meg Ryan fut la vedette de ce film dont le récit mise sur le choc entre le monde ancien et le monde moderne. Hugh Jackman est évidemment élégant dans la peau d'un duc de la fin du XIXe siècle qui se retrouve propulsé dans le New York du début du XXIe. Et qui tombe amoureux...

THE TIME TRAVELER'S WIFE/LE TEMPS N'EST RIEN (2009), Robert Schwentke

La critique n'avait pas été très tendre envers ce film dans lequel une femme est amoureuse d'un voyageur dans le temps qui n'a aucun contrôle sur sa situation. Le film a quand même connu un certain succès auprès des amateurs, d'autant que Rachel McAdams et Eric Bana en sont les héros.

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Winter's Tale(Conte d'hiveren version française) est présentement à l'affiche. Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.