Richard et Robert Sherman, ce sont The Sherman Brothers. Ensemble, ils ont signé une cinquantaine de trames sonores de films, beaucoup chez Disney. Que l'on pense à The Jungle Book, à The Aristocats. Ou à Mary Poppins... dont les premiers balbutiements de l'adaptation - comprendre: les négociations entre Walt Disney et la romancière P.L. Travers - sont relatés dans Saving Mr. Banks de John Lee Hancock. Pour y incarner Richard Sherman, Jason Schwartzman, acteur par profession, musicien par passion. La Presse s'est entretenue avec lui.

Q: Pour vous préparer à ce rôle, vous avez passé du temps avec Richard Sherman. Comment est-il?

R: Richard est l'une des personnes les plus optimistes que vous pourrez rencontrer dans votre vie. Il croit au pouvoir de la musique, qu'elle divertit et rend les gens plus heureux. Et, à 85 ans, il est curieux, il se tient au courant des nouveaux courants musicaux. Tout l'intéresse. Pour moi, l'acteur, il a été une source incroyable d'information. Et pour moi, le musicien, chaque conversation avec lui a été l'équivalent d'une classe de maître.

Q: Concrètement, pour votre rôle, de quoi avez-vous discuté avec lui?

R: De mon désir de jouer les chansons de Mary Poppins de la manière dont il les avait jouées à l'époque, avant qu'elles n'aient été formatées pour le long métrage. Bref, en me mettant au piano, je voulais les interpréter de la manière dont lui l'avait fait pour P.L. Travers et Walt Disney [incarnés dans le film par Emma Thompson et Tom Hanks]. Il m'a alors donné ses démos, ceux de 1959 et 1960, où il joue et chante avec son frère. Ce sont ces versions que mon professeur de piano et moi avons transcrites sur papier et que j'ai apprises.

Q: Elles sont très différentes de celles que l'on connaît?

R: Elles sont différentes, mais pas assez pour que le public entende une différence. Sauf que Richard étant là, il était essentiel, je pense, de jouer cette musique-là et pas celle que le temps a «polie». Pour moi, c'était l'équivalent du travail que Tom a eu à faire pour reproduire les inflexions de Walt Disney.

Q: Avez-vous parlé de la manière dont il travaillait avec son frère?

R: Oui. En fait, c'était un processus très collaboratif. Richard s'occupait de la musique et Robert [disparu en 2012], des paroles. Mais avant même de toucher à un instrument ou un crayon, ils s'asseyaient et parlaient afin de trouver une idée, une histoire. Puis, ils écrivaient la musique et les paroles en même temps.

Q: Ils collaboraient mais étaient très différents.

R: En effet. Ils ne s'entendaient d'ailleurs plus très bien, plus tard dans leur carrière. Robert était introverti et réservé. Richard était celui qui essayait que les choses fonctionnent. Il était et est toujours extroverti, sociable et réfléchi. En fait, très égoïstement, il est l'une des raisons qui expliquent mon intérêt pour ce projet: j'avais la chance de le rencontrer, de m'asseoir avec l'un des seuls compositeurs encore vivants de cette époque. Et puis, j'aime les histoires vraies et je suis absolument fasciné par le processus créatif. Saving Mr. Banks est tout cela.

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Saving Mr. Banks (Sauvons M. Banks)prend l'affiche vendredi. Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Studios Pictures.