Le scénariste de La grande séduction a pris les rênes du remake du Starbuck qu'il a co-écrit (avec Martin Petit) et réalisé. Voici donc Delivery Man, à l'affiche le 22 novembre, dont il signe le scénario et la réalisation. Et ce n'est que le début de l'aventure de Ken Scott à l'extérieur de nos frontières.

Les cas de réalisateurs qui ont eu l'occasion de signer eux-mêmes le remake de leur oeuvre sont rarissimes. On pense à Funny Games de Michael Haneke et... à Starbuck de Ken Scott, devenu Delivery Man dans sa version produite par DreamWorks («la boîte à Spielberg»), dans lequel Vince Vaughn, Chris Pratt et Cobie Smulders reprennent les rôles tenus par Patrick Huard, Antoine Bertrand et Julie Le Breton dans la version québécoise.

La collaboration avec le premier s'est à ce point bien déroulée que l'acteur américain, quand il a reçu le scénario de The Business Trip, écrit par Steve Conrad (The Pursuit of Happyness et, bientôt sur les écrans, The Secret Life of Walter Mitty), l'a refilé à Ken Scott. Puis, il a suggéré aux représentants du studio New Regency Pictures de rencontrer le Québécois. Et c'était parti pour une deuxième virée américaine.

«J'ai tourné deux mois à Berlin et maintenant, nous sommes à Boston jusqu'au 9 décembre», résumait Ken Scott en entrevue téléphonique, mercredi soir. Il était en effet «coincé» à Berlin au moment des activités promotionnelles tenues à Los Angeles et ces jours-ci, il est retenu à Boston où, en plus de Vince Vaughn, il dirige Dave Franco et Sienna Miller dans cette comédie dont la sortie est prévue pour le 24 octobre 2014.

Après, il se mettra à la barre du Gardien, une comédie française qui sera tournée dans l'Hexagone et au Maroc. Le tournage devrait commencer au printemps.

Refaire le même film

Mais avant tout, le point final (comprendre: la sortie) de Delivery Man. Une aventure où, assure-t-il, il ne s'est pas ennuyé une seconde.

«Les gens peuvent croire que faire un remake est plus facile, mais pas du tout. Bien sûr, c'est la même histoire, les deux films se ressemblent et certaines scènes sont semblables. Mais c'est tout de même de la création parce qu'il faut créer ces "moments", allumer cette étincelle qui ira toucher le spectateur, travailler avec les acteurs qui ont leur part de création», explique Ken Scott qui s'est fait un point d'honneur, sur le plateau, de ne jamais faire référence à Starbuck avec ses comédiens. L'expérience était de l'inédit pour eux. Elle devait, d'une certaine manière, l'être pour lui aussi.

Et, en fait, elle l'était, ne serait-ce que par le fait d'avoir installé l'intrigue à New York. Ken Scott est heureux de ce coup-là.

Au départ, le tournage devait s'effectuer à La Nouvelle-Orléans, moins chère que la Grosse pomme. Mais finalement, un budget «new-yorkais» a été débloqué.

«New York, c'était un naturel pour moi. D'abord, c'est une belle ville. Ensuite, sa population est de taille suffisante pour donner de la crédibilité au fait qu'un homme se retrouve père biologique de 533 enfants. Enfin, elle possède des quartiers très différents les uns des autres.» Et ces quartiers «collent», visuellement, géographiquement et «psychologiquement» à chacun des «enfants» présentés.

Lesquels, aussi bien dans Starbuck que dans Delivery Man, sont des archétypes. L'enfant acteur, l'enfant rebelle, l'enfant marginal. Pas besoin de grande exposition pour saisir.

Des archétypes, pas des stéréotypes, précise ici Ken Scott: «Les stéréotypes n'ont pas de dimension, alors qu'on peut bâtir sur les archétypes, qui permettent une entrée très rapide dans le personnage», poursuit le réalisateur qui a eu l'occasion d'assister à des projections publiques de Starbuck dans différents festivals américains (Palm Springs, Santa Barbara, etc.), où le film a remporté à plusieurs reprises le prix du public.

Il a ainsi pu voir que «l'histoire marchait, pouvait faire rire et toucher ce public-là». Ne restait qu'à l'intégrer à une réalité américaine. Ici, en changeant les prénoms. Là, en optant pour le basketball au lieu du soccer. Ailleurs, en modulant différemment une scène. Et, partout, en laissant les nouveaux acteurs ajouter leur dimension aux personnages.

Et Steven Spielberg dans tout ça?

«La première rencontre avec DreamWorks, c'était avec Steven, en fait. Puis, il est venu sur le plateau de tournage et, au moment du montage, il nous a donné des notes», conclut Ken Scott qui a partagé l'aventure avec le producteur de Starbuck, André Rouleau, aussi producteur de Delivery Man.

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Delivery Man (Donneur anonyme) prend l'affiche le 22 novembre.

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