Au festival de Toronto, où Dallas Buyers Club a été présenté en primeur, le nom de Matthew McConaughey était sur toutes les lèvres. Reconnu pour ses personnages de beau gosse incapable de garder le moindre vêtement sur son torse, l'acteur franchit ici une nouvelle étape.

L'an dernier, ses compositions - remarquables - dans Magic Mike (Steven Soderbergh) et Mud (Jeff Nichols) témoignaient déjà d'une volonté d'élargir son registre. Jamais, pourtant, il n'avait eu l'occasion d'aller aussi loin pour un rôle. L'acteur s'est pratiquement décharné pour se glisser dans la peau de Ron Woodrof, un cowboy homophobe atteint du sida. La transformation est spectaculaire.

«Je n'ai pas mis ma santé en jeu, a-t-il affirmé au cours d'une rencontre de presse tenue à Toronto pendant le festival. Mais j'ai bien vu le regard des autres changer, surtout ceux qui ignoraient mon engagement envers ce personnage. Au début, j'ai eu droit à: «Tu as perdu du poids?», ensuite à: «Es-tu correct?», pour aboutir à: «Mon Dieu, es-tu malade?» C'est à cette étape que j'ai su que j'étais prêt. J'ai dû perdre trois livres par semaine pendant trois ou quatre mois. Avant mon régime, je pesais 182 lb; j'en étais à 137 pendant le tournage. Étrangement, le poids a été plus difficile à regagner qu'à perdre. Comme si mes cellules avaient reçu le signal qu'il fallait continuer à maigrir!»

Indifférent à son image

Souvent filmé par une caméra amoureuse au fil des ans, McConaughey précise que son «image» n'était pas du tout une préoccupation dans ce cas-ci. «Cette transformation n'est pas due à une excentricité, dit-il. Se lancer dans une telle démarche pour une comédie romantique ne serait pas logique. Dans un drame de cette nature, si. Il était essentiel que le portrait soit le plus authentique possible. Et puis, j'ai arrêté de me soucier de mon allure devant une caméra depuis plusieurs années déjà.»

L'acteur n'a que des éloges pour le réalisateur Jean-Marc Vallée.

«J'ai beaucoup aimé travailler avec Jean-Marc, dit-il. Nous avions la même vision d'ensemble. Comme le budget était très modeste et que nous disposions de 25 jours de tournage seulement, nous avons beaucoup travaillé en amont. Comme Jean-Marc n'aime pas les courriels, nous avons aussi passé beaucoup de fins de soirée à discuter par Skype!

«Dans ce genre d'histoire, il y a habituellement un troisième acte au cours duquel un personnage reçoit une grande révélation. Nous n'en voulions pas. Woodrof est resté un homme d'affaires jusqu'à la fin. Son militantisme était essentiellement intéressé. Bien entendu, une transformation s'est opérée, notamment au contact du personnage transsexuel, mais ça reste subtil. Si un grand studio s'était emparé de ce film, il est certain qu'un troisième acte aurait été imposé. Je rends grâce à Jean-Marc d'être resté fidèle à une vision plus réaliste, plus humaine en quelque sorte.»