À 76 ans, Morgan Freeman fait toujours partie des acteurs les plus demandés. Et il ne compte pas ralentir le rythme de sitôt. Quand même pas mal pour un comédien révélé au cinéma à l'âge de 50 ans!

«J'aime jouer, j'aime travailler en équipe, j'aime voir mes camarades, j'aime voyager. Je ne suis jamais fatigué au point de sentir le besoin de me retirer chez moi et de ne plus répondre au téléphone. J'aime trop ce que je fais!»

Au bout du fil, la voix si singulière de Morgan Freeman se laisse aller à l'enthousiasme. Présentement à New York, où il tourne avec Diane Keaton la comédie Life Itself sous la direction du cinéaste britannique Richard Loncraine (Richard III, Wimbledon), le vétéran revient sur la partie de plaisir que fut le tournage de Last Vegas (Virée à Vegas en version française).

Dans cette comédie très ancrée dans l'air du temps, qui procède de la réhabilitation des aînés dans des histoires où ils étaient souvent laissés pour compte, Morgan Freeman incarne l'un des amis d'enfance d'un homme (Michael Douglas) qui s'apprête à marier une femme deux fois moins âgée que lui.

Pour célébrer l'événement, deux autres vieux amis, interprétés par Robert De Niro et Kevin Kline, rappliquent dans «la ville du péché» le temps d'un week-end.

«Quand mon agent m'a parlé de ce projet, j'étais déjà attiré par le fait que Michael Douglas était de la partie, fait valoir Morgan Freeman. Puis, De Niro est arrivé dans le décor. Rendu à cette étape, tu ne te poses même plus de questions. On s'est tous retrouvés sur le plateau à s'amuser et à faire des choses relativement faciles. Dans un projet comme celui-là, tu suis le courant tout simplement. Et c'est très agréable!»

Une première rencontre

Les quatre vétérans n'avaient jamais eu l'occasion de se donner la réplique jusqu'à maintenant.

«Ça peut paraître étrange, dit M. Freeman. Mais vous savez, il y a des milliers d'acteurs qui travaillent à Hollywood et qu'on ne rencontre jamais. J'étais d'autant plus comblé sur ce tournage que j'avais l'occasion de jouer avec des partenaires que j'admire.

«Et puis, au-delà de sa nature comique, le récit aborde quand même de vrais thèmes, poursuit-il. Il est question de la force de l'amitié, du temps qui passe, de ce qui reste important dans la vie. Et aussi, dans le cas de mon personnage, de la pression qu'exercent parfois les enfants pour protéger leurs parents. Ce n'est pas parce que tu vieillis que tu perds ton statut d'adulte. Ni ta capacité d'être maître de ton destin.»

Un long parcours

Morgan Freeman a trouvé sa vocation très tôt. Il lui aura pourtant fallu des années avant d'obtenir enfin une vraie reconnaissance.

«Je suis monté sur une scène pour la première fois à l'âge de 8 ans, raconte-t-il. La deuxième fois, quatre ans plus tard. La chose dont je me souviens le plus, c'est l'aisance que je ressentais. Comme si, sur scène, il était plus facile de prendre son espace. Ce n'est toutefois qu'au moment où j'ai été dans l'Air Force - je voulais devenir pilote - que j'ai pris conscience de ma vocation. Étrangement, c'est là qu'est véritablement né le désir d'exercer le métier de comédien.»

Aussitôt réformé, Morgan Freeman a pris la direction de Hollywood pour tenter de s'y faire un nom.

«Nous étions en 1959. Rien ne fonctionnait. Je suis alors allé à New York, un endroit où il était possible, à l'époque, de vivre avec des moyens modestes. Quand j'ai finalement décroché mon premier rôle dans une pièce off- Broadway, j'avais déjà atteint la trentaine!»

Morgan Freeman a alors pu se faire un nom dans le milieu théâtral, mais sa carrière au cinéma n'a été lancée que 20 ans plus tard.

«Quand Street Smart est sorti, un film dont le tournage s'est d'ailleurs déroulé à Montréal, j'avais presque 50 ans, rappelle-t-il. Puis tout s'est enchaîné. Oui, j'ai dû attendre mon tour longtemps, mais, en même temps, je crois que les choses arrivent toujours au bon moment dans la vie. Si le succès m'était tombé dessus plus jeune, je n'aurais probablement pas su le gérer. J'aurais sûrement fait des bêtises!»

Après le tournage de Life Itself, Morgan Freeman s'envolera vers Paris afin de jouer dans Lucy, un thriller d'anticipation dont Scarlett Johansson est aussi la tête d'affiche. La réalisation est assurée par Luc Besson.

«Je connais Luc en tant que producteur, mais pas encore en tant que réalisateur. Ça semble bien ambitieux en tout cas!», de commenter l'acteur.

Last Vegas (Virée à Vegas) prend l'affiche le 1er novembre.