Contrairement à plusieurs de ses collègues acteurs, qui sont passés à la réalisation plus tard dans leur carrière, Guillaume Canet a fait de la mise en scène une priorité très tôt dans sa vie.

«Je me vois d'abord comme un cinéaste, concède-t-il d'entrée de jeu au cours d'une interview réalisée récemment à Paris. Même quand je me suis mis à beaucoup travailler en tant qu'acteur, l'idée de la réalisation ne m'a jamais quitté. J'aime plonger dans une histoire et entraîner des gens dans mon aventure. L'étape du tournage d'un film est, pour moi, un moment extrêmement grisant.»

Après Mon idole, coécrit avec Philippe Lefebvre, Canet s'est attaqué, toujours avec l'aide du même coscénariste, à l'adaptation du roman de Harlan Coben, Tell No One.

Ne le dis à personne relate l'enquête que mène un homme qui, huit ans après l'assassinat sauvage de son amoureuse, voit sur Internet une image dans laquelle cette dernière apparaît au sein d'une foule anonyme.

« Je n'avais jamais ressenti cela auparavant, commente l'acteur cinéaste. Une vision très précise s'est dessinée dès la lecture du bouquin. Les éléments de suspense, déjà, me captivaient. Et le fait que ce récit soit d'abord et avant tout mu par une histoire d'amour le rendait tout simplement irrésistible à mes yeux. J'y voyais en tout cas plein de possibilités, tant sur le plan narratif qu'au chapitre des images.»

François Cluzet est l'homme; Marie-Josée Croze, la mystérieuse bien-aimée disparue.

«J'ai pensé à François très vite car je voulais un acteur qui correspond plus au profil d'un homme ordinaire à qui le sentiment amoureux fait faire des choses hallucinantes. J'ai voulu interpréter le rôle moi-même au départ mais j'ai vite réalisé que j'aurais alors fait une grosse connerie. Ne serait-ce que sur le plan de la disponibilité aux autres. Et puis, cela n'aurait pas bien servi l'histoire. Un homme ne se reconstruit pas de la même manière à 45 ou 50 ans qu'à 30 ou 35.»

Quant à Marie-Josée Croze, l'acteur cinéaste indique qu'il a pensé à elle après l'avoir évidemment remarquée dans Les invasions barbares. «Ce qu'il y a de formidable avec Marie-Josée, c'est qu'elle fait partie de ces actrices qui peuvent vous faire chavirer le coeur en un instant. J'avais besoin d'une présence forte comme la sienne. Comme le public français n'a pas d'elle une image préconçue, sa présence servait bien le mystère sur lequel repose l'histoire.»

Rappelons que Ne le dis à personne, qui prend l'affiche au Québec vendredi, a obtenu pas moins de quatre César il y a deux mois, dont celui du meilleur acteur, pour Cluzet, et celui de la meilleure réalisation, pour Canet.

«Le film ressemble en tout cas à celui que je rêvais de faire, précise l'heureux réalisateur. Dans une proportion de 95% je dirais. Comme j'y ai mis trois ans de ma vie, il m'est difficile de m'en détacher. J'ai quand même eu la chance de pouvoir ensuite plonger très vite dans les histoires des autres.»

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