Dans 1408, John Cusack se retrouve à lutter contre ses démons intérieurs dans une histoire sortie de l'imagination de Stephen King. Forcément le combat s'annonce plutôt inégal...

Sauf dans les cas où il est lui-même impliqué personnellement dans un projet, le célèbre auteur Stephen King ne se mêle jamais des adaptations cinématographiques de ses ouvrages.

Ce parti pris, très apprécié des créateurs, pave forcément la voie à de multiples interprétations, à différentes approches. Certains privilégieront l'aspect frissonnant contenu dans les histoires de l'auteur de Carrie en misant sur des scènes d'horreur très explicites; d'autres préféreront plutôt suggérer la terreur sur le plan psychologique.

Quand le projet de porter à l'écran la nouvelle 1408 fut lancé, le producteur Lorenzo di Bonaventura a d'abord fait appel au cinéaste Eli Roth (Hostel), histoire de faire honneur au caractère terrifiant du récit.

«La vision qu'Eli proposait était tellement sanglante que tout le monde en a eu peur!, révélait pourtant le producteur au cours d'une conférence de presse tenue récemment à Los Angeles. Roth ainsi écarté, le projet fut récupéré par la suite par le studio Dimension, branche spécialisée de la compagnie des frères Harvey et Bob Weinstein. C'est à ce moment que sont entrés en scène Mikael Hafström, un cinéaste suédois qui a fait ses débuts à Hollywood avec Derailed, et John Cusack.

Pour l'acteur, le défi était de taille. Pendant une bonne partie du récit, il doit en effet jouer pratiquement seul dans un décor où le sentiment d'enfermement est très oppressant.

«Après quelques semaines de ce régime, tu en viens presque à être atteint du syndrome de Stockholm!, commente Cusack. Dès que nous avions à tourner de petites scènes à l'extérieur parmi des gens, Mikael et moi n'avions alors plus envie que de retrouver notre décor pour nous y enfermer de nouveau. C'est vraiment très étrange!»

«Étrange» est d'ailleurs un qualificatif pouvant convenir à bien des aspects du récit de 1408. D'abord parue dans un livre audio, la nouvelle de Stephen King a ensuite été publiée en 2002 dans le recueil Everything's Eventual. Sur une quarantaine de pages, King y raconte le cauchemar d'un auteur spécialisé dans les ouvrages sur les endroits hantés. Pour fin de recherche, Mike Enslin (Cusack) décide de réserver la chambre 1408 de l'hôtel Dolphin à New York et d'aller y passer une nuit.

Ce vieil hôtel, fictif, a beau toujours conserver sa réputation de prestige (la ressemblance avec le Waldorf Astoria n'a probablement rien de fortuit), il reste que la chambre 1408 est condamnée depuis des années à cause de phénomènes paranormaux dangereux dont plusieurs personnes ont déjà été victimes.

«La transformation du personnage de Mike, explique Cusack, est très intéressante à jouer. Il passe d'un profond cynisme à une vulnérabilité absolue. Sa déconfiture est à la mesure de son arrogance.»

Une nouvelle enrichie

En fait, Enslin découvrira très vite que la réputation de la chambre n'est pas surfaite. Celle-ci a en effet la faculté de faire confronter sa victime à ses propres démons intérieurs. Sans aucune échappatoire, évidemment.

«Je crois en tout cas que Mikael a emprunté la bonne approche pour illustrer la nature angoissante de ce récit, fait remarquer Cusack. S'il y avait eu bain de sang au bout de 25 minutes, qu'aurions-nous pu faire après?»

Les artisans se sont toutefois beaucoup interrogés sur le dénouement de cette histoire. Élaborant la nouvelle de King pour en faire un scénario de film, scénaristes et réalisateur ont dû inventer de toutes pièces une conclusion qui, dans l'ouvrage original, reste complètement ouverte.

«Nous en avons écrit plusieurs et nous avons tourné quelques-unes d'entre elles, explique Hafström. Nous avons fixé notre choix sur celle qui nous apparaissait la plus satisfaisante. Cela dit, nous comptons proposer des fins alternatives sur le DVD.»

De son côté, Cusack dit être ravi de faire une aussi belle entrée dans l'univers de Stephen King.

«J'ai été initié à l'oeuvre de Stephen le jour où, adolescent, j'ai vu le film The Shining. J'y vois d'ailleurs des similitudes avec 1408. Je crois en outre que Stephen est un auteur très sous-estimé. Ce qui me fascine aujourd'hui quand je lis un de ses livres, c'est de constater à quel point il est en phase avec la culture populaire contemporaine. C'est peut-être pour cela qu'il n'est pas tout à fait reconnu à sa juste valeur.»

Reste maintenant à savoir si, à la suite de la sortie du film, toutes les chambres portant un numéro 1408 subiront un préjudice

VOUS L'AVEZ VU : Dans Being John Malkovich de Spike Jonze; dans High Fidelity de Stephen Frears.

VOUS LE VERREZ :

Dans Martian Child de Menno Meyjes; dans Stopping Power de Jan De Bont.

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1408 prend l'affiche aujourd'hui en version originale et en version doublée en français. Les frais de voyage ont été payés par Alliance Atlantis Vivafilm (Dimension Films).