Dans le nouveau thriller de James Foley, Halle Berry se glisse dans la peau d'un personnage aux multiples facettes et plonge tête baissée dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine. Et cela lui plaît.

À peine quelques jours après le passage de Halle Berry à Toronto, où elle s'est arrêtée pour rencontrer les journalistes du pays, les médias du monde ramenaient une vieille histoire à son sujet. L'actrice s'était en effet déjà confiée à plusieurs reprises (notamment lors d'une entrevue accordée à Barbara Walters il y a quelques années) sur la période dépressive ayant suivi son divorce avec le joueur de baseball Dave Justice.

Et sa tentative de suicide. Or, l'histoire a refait surface dans le magazine Parade. La notoriété de l'actrice étant à son apogée, l'affaire a évidemment occupé plus d'espace médiatique qu'à l'époque où l'actrice avait fait ses premières révélations.

Aujourd'hui, Halle Berry affiche une évidente sérénité. Mais elle concède quand même être toujours plus attirée vers des personnages autour desquels planent de grandes zones d'ombre quand vient le moment de choisir ses rôles.

Le personnage qu'elle interprète dans Perfect Stranger comblait toutes ses attentes à ce chapitre.

«C'est une âme torturée, une femme qui confronte ses propres failles en les projetant sur les autres. Je pouvais facilement m'identifier à cela !»dit-elle.

Dans ce thriller réalisé par James Foley (At Close Range, Glengarry Glen Ross), l'actrice prête ses traits à une journaliste qui, après le meurtre de sa meilleure amie, s'infiltre dans l'entourage de l'amant de cette dernière en empruntant une fausse identité. Elle soupçonne en effet Harrison Hill (Bruce Willis), le directeur d'une grande agence de publicité, d'être impliqué dans le drame d'une façon ou d'une autre.

«Pouvoir explorer ces diverses facettes à l'intérieur d'un même personnage est l'une des raisons qui m'ont attirée vers ce scénario», expliquait l'actrice au cours de cette rencontre de presse organisée dans la Ville reine.

Quand on lui fait remarquer que son personnage pourrait facilement se laisser dériver dans des excès de colère, Halle Berry ne prend pas de détours. Elle affirme même éprouver un plaisir certain, en tant qu'actrice, quand on lui donne l'occasion d'exprimer ce type de sentiment.

«La colère est quelque chose qui est toujours en moi, précise-t-elle. Et cela vient de très loin. J'ai trouvé le moyen idéal pour l'évacuer. Plutôt que de la canaliser dans quelque chose de négatif, je l'exprime dans mes personnages!»

Les vertus du travail

Perfect Stranger n'est pas un thriller politique mais le prologue du film montre quand même le personnage de journaliste que campe Halle Berry dans le feu de l'action. Il appert que le rôle avait aussi une certaine résonance personnelle car l'actrice a déjà songé exercer ce métier.

«Mais j'ai abandonné car j'étais pourrie en tant que journaliste. Voilà d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai décidé de devenir actrice!» dit-elle en riant.

Même si elle est évidemment prise en chasse par les médias, l'actrice s'estime bien traitée par la presse en général.«Il est certain que je lis sans arrêt des faussetés sur mon compte et, parfois, une critique plus assassine peut aussi me faire mal. Cela dit, je suis en mesure de comprendre en quoi consiste le travail des journalistes. Eux sont habituellement aussi en mesure de comprendre en quoi consiste le mien. Depuis quelques années, nous coexistons bien et nous respectons nos limites respectives.»

Depuis le jour où elle a reçu son Oscar (grâce à sa prestation dans Monster's Ball de Marc Forster), Halle Berry est bien entendu l'une des actrices les plus sollicitées à Hollywood. Ses choix de rôles subséquents n'ont pas toujours été des plus judicieux, mais elle les assume.

«La beauté de ce métier, c'est qu'un acteur possède son espace de création. Il peut ajouter des choses qui n'étaient pas nécessairement écrites dans le scénario. Dans le cas de Perfect Stranger, James Foley était très ouvert aux suggestions. Cest stimulant.»

Il reste que l'exercice du métier ne correspond plus tout à fait à l'image qu'elle s'en faisait à ses débuts.«Quand tu commence ta carrière, tu as une perception du métier beaucoup plus glamour. La réalité t'apprend qu'il en est tout autrement. Il ne s'agit pas du plus dur des travails, bien sûr, mais il est néanmoins très exigeant. On peut dire la même chose du métier de mannequin d'ailleurs.»

Et puis oui, Montréal constitue un endroit sentimental pour l'actrice. Fréquentant le mannequin québécois Gabriel Aubry, Halle Berry partage désormais son temps entre New York, où son amoureux exploite un restaurant branché, Los Angeles et Montréal.«À vrai dire, j'ai tellement travaillé souvent au Canada que je crois connaître mieux ce pays que Gabriel!» fait-elle remarquer.

Le prochain rendez-vous que nous fixera Halle Berry risque cependant d'avoir lieu à Cannes. L'actrice laisse en effet entendre que Things We Lost in the Fire, le premier film américain de la réalisatrice danoise Susanne Bier (After the Wedding) pourrait prendre le chemin de la Croisette. Benicio del Toro, David Duchovny et Alison Lohman en sont les autres têtes d'affiche.

Nous vous confirmons aussi que Halle Berry est vraiment l'une des plus belles femmes du monde.

Perfect Stranger (Parfait inconnu en version française) prend l'affiche le 13 avril.Les frais de voyage ont été payés par Columbia Pictures.

VOUS L'AVEZ VUE : Dans Monster's Ball de Marc Forster ; et dans Die Another Day de Lee Tamahori

VOUS LA VERREZ : Dans Things We Lost in the Fire de Susanne Bier.