Célèbre, lui ? Frédéric Ouellet, 36 ans, préfère en rire. Et rassurer. Oui, on peut avoir écrit Grande Ourse, l'une des séries québécoises les plus originales des dernières années, et vivre de sa plume, le tout dans l'anonymat. Son imaginaire est à vif, et M. Ouellet montre, avec Ma tante Aline, qu'il peut aussi donner dans la «comédie matante».

Ce n'est pas lui que l'on coincera sous une étiquette. «J'ai des goûts très éclectiques», revendique Frédéric Ouellet. Des films d'animation aux comédies acides du couple Bacri-Jaoui, aucun genre ne lui est rédhibitoire. Mieux, Frédéric Ouellet surprend: «J'ai un penchant pour le mélo.»

Dans la série Grande Ourse, Frédéric Ouellet déclinait les conséquences d'une «idée percutante: l'absence de télévision» au mode fantastique. Dans Ma tante Aline, on suit plutôt les aventures de la fantasque Aline, 70 balais bien tapés, qui s'incruste dans la vie de Geneviève, sa nièce célibataire et carriériste.

«C'est une oeuvre de collaboration. Il n'y a pas un auteur précis», souligne toutefois Frédéric Ouellet. L'idée, de Suzanne Charrette, est passée entre les mains de Gabriel Pelletier, réalisateur de Ma tante Aline, avant d'être mise en mots par Frédéric Ouellet, avec la complicité de Stéphane J. Bureau.

Ce qu'il reste de lui dans le film? «Je pense que l'on retrouve ma sensibilité, dans le côté onirique et imaginaire du film. C'est sûr que je n'avais jamais eu l'idée d'écrire cela. Mais on a tout de suite vu le potentiel comique et émouvant de la situation», raconte-t-il.

L'onirisme est son inspiration. Quand d'autres sèchent sur leur ordinateur, il suffit à Frédéric Ouellet de s'allonger pour qu'affluent les idées. «Ce sont souvent des rêveries qui donnent vie à cela», dit-il. «Après, je vois si des idées se greffent. Cela ne part jamais d'un sujet, mais toujours d'une image.»

Et ce ne sont pas les projets ou les images qui manquent à Frédéric Ouellet. Il y a d'abord le film de Grande Ourse, pour lequel Normand Daneau, Fanny Malette et Marc Messier reprendront du service. «J'ai toujours voulu faire du cinéma. Je travaille encore pour la télé, mais le cinéma, c'est une ampleur et une résonance plus grandes», explique Frédéric Ouellet.

Toujours au cinéma, mais vers l'international cette fois, Frédéric Ouellet travaille actuellement sur l'adaptation des aventures de Corto Maltese. Sans rien cacher de son enthousiasme pour un projet, qui, s'il se concrétise, sera réalisé avec d'importants moyens: «Je suis vraiment fan de BD. J'ai grandi avec Corto, et là, c'est peut-être un rêve qui va se réaliser», dit-il.

Au Québec, et sans budget, Frédéric Ouellet a écrit un court métrage que réalisera Normand Daneau, «l'histoire d'un gars qui électrocute les porcs et qui tombe amoureux d'une femme qui tient un pet-shop», précise-t-il. Pour la télévision, une nouvelle série est sur les rails, mais, prudent, Frédéric Ouellet préfère ne rien en dire.

Qu'il s'agisse de Stéphane J. Bureau ou de Patrice Sauvé, le réalisateur de Grande Ourse, le scénariste aime le travail en équipe, «sinon j'écrirais des romans», à condition que l'on n'oublie pas les scénaristes. «Souvent, les scénaristes sont mis de côté, surtout au cinéma. Des fois, ça me choque un peu, et je me bats pour que notre travail soit mieux représenté.»

Auteur, Frédéric Ouellet l'est jusqu'au bout des doigts. «Je ne fais rien d'autre et je ne saurais rien faire d'autre», lâche-t-il. Enfant, il inventait des histoires à tour de bras. Adulte, il s'est frotté à l'écriture pour la télé, d'abord pour l'Institution national de l'image et du son (INIS), puis pour lui.

Aujourd'hui, il semble rêver tout haut, et ne regrette presque rien. «J'ai des regrets dans ma vie personnelle. Dans ma vie professionnelle, pas vraiment. J'en ai, mais ils sont rares, et je m'en suis sorti», sourit-il.