C'est après l'avoir vu en garde du corps solitaire dans Le goût des autres que Thierry Klifa a offert à Gérard Lanvin le rôle de Nikki, un magicien has been, séducteur et père malgré lui. Le comédien a appris à «faire disparaître deux ou trois bricoles» pour l'occasion, et, il ne s'en cache pas : «C'est ce qui m'a le plus emmerdé à faire.»

«Moi, c'est pas mon truc : magicien, il faut déjà avoir un gros talent de manipulateur. Moi, j'ai jamais fantasmé sur ce travail-là, précise Gérard Lanvin. Dans le film, c'est anecdotique, la magie; ce qu'il faut, c'est savoir pourquoi Nikki en est là.»

Là, c'est à Nice, dans un cabaret de bric et de broc, tenu par un travesti hétéro, Gabriel (Claude Brasseur), qui vient de casser sa pipe.

Les funérailles de son ami vont rameuter les membres de la famille décomposée de Nikki : ses ex, Simone (Miou-Miou, toute en simplicité) et Alice (Deneuve, toute en froideur et en élégance), ses enfants, Marianne (Géraldine Pailhas) et Nino (Michaël Cohen). Le tout, pendant qu'il conte fleurette à Léa (Béart, toute en formes).

«Il y a dans ce film quelques actrices intéressantes à fréquenter», signale Lanvin, qui, par la grâce du scénario, se retrouve à embrasser Deneuve devant un feu d'artifice, et passer sous la couette avec Béart. «Je connaissais Miou-Miou et Catherine, pas Emmanuelle Béart et Valérie Lemercier. Refuser d'être l'amant de ces femmes-là dans un film aurait été totalement ridicule!»

Ces enfants indésirés

Le héros de la famille ne tourne pourtant pas seulement autour du coeur, quelles qu'en soient ses raisons, de Nikki. «C'est un séducteur, mais, contrairement à une personne séduisante, un séducteur, c'est quelqu'un qui ne fait que séduire et ne sait pas retenir. Cet homme est très égoïste, très égocentrique. Il se rend compte à quel point il a été absent et pas forcément brillant dans son rapport avec ses enfants», explique Gérard Lanvin.

La disparition de Gabriel va remettre Nikki face à ses failles, et surtout ses défaillances. «D'être père ou mère, lui n'a pas vu le rôle, il n'avait pas besoin de ça», dit le comédien, père lui aussi de deux enfants. «Je n'ai heureusement pas vécu la même chose avec mes enfants : j'ai été très près d'eux, quitte à ne pas faire de films. J'ai une famille très soudée, très unie, car j'ai pris le temps de leur prouver qu'ils étaient indispensables.»

Une preuve de longévité

Rodé aux rôles de types écorchés vifs, Lanvin incarne pour la première fois à l'écran le père de deux enfants adultes. «C'est rassurant : c'est une preuve de longévité. On arrive à un âge où on peut avoir des enfants de cet âge-là, et la problématique d'un acteur, c'est toujours la même : est-ce qu'on va avoir besoin de moi encore beaucoup, longtemps, passionnément?»

Il semblerait que, pour les prochains mois, la réponse soit : passionnément. Gérard Lanvin tournera avec Gérard Jugnot et Mathilde Seigner, après avoir joué les complices de Vincent Cassel pour Mesrine.

Un tournage qui ne le ramènera pas au Canada, un pays qu'il affectionne particulièrement et où il souhaiterait tourner. «Je suis venu à Montréal pendant l'été indien : je n'ai jamais rien vu de si beau», dit-il. Avant de noter: «En plus, vous avez de la place pour recevoir!» L'invitation est lancée.