Jerry Seinfeld, le créateur et acteur de la série télévisée qui porte son nom, change d'univers en passant de la chronique des vies chaotiques de quatre célibataires new-yorkais au monde ultra-organisé d'une ruche, pour sa première incursion dans le monde des films d'animation.

??53 ans, presque 10 ans après la fin de la série comique Seinfeld sur la chaîne NBC, le comique signe le scénario de Bee Movie, (Drôle d'abeille en français), la dernière production des studios Dreamworks en image de synthèse.

L'idée du film, dont il assure en outre l'une des voix américaines aux côtés de l'actrice Renee Zellweger, lui est venue en regardant des documentaires sur la vie des abeilles, a-t-il expliqué dans une entrevue à l'AFP.

«J'ai toujours adoré ces émissions où on se concentre sur une espèce, où on apprend à la connaître, et où l'on nous montre comment elle vit, comment elle fonctionne, ce qu'elle fait», dit-il.

«Celles consacrées aux abeilles me font toujours un peu rire, parce qu'elles semblent si utopiques - leur structure sociale, leur structure économique. Elles sont si organisées, si concentrées, cela me fait tout simplement rire».

«C'est un point de départ pour une comédie: une société parfaite où chacun connaît sa place. Parce que la vie n'est pas comme cela», résume-t-il.

Barry, le héros du film, est une abeille qui s'aperçoit que les humains volent le miel pour en tirer profit. Scandalisé, Barry fait un procès à l'humanité, et le gagne, avec des conséquences désastreuses pour l'environnement.

L'idée n'a commencé à se concrétiser qu'après un dîner avec Steven Spielberg : peu de temps après, Jerry Seinfeld était contacté par Jeffrey Katzenberg, président et cofondateur des studios Dreamworks avec Spielberg, et le film a été mis sur les rails.

Mais les défis étaient nombreux pour l'auteur habitué à la rapidité de l'écriture des dialogues d'une sitcom et obligé de se lancer dans le scénario d'un film.

«C'est le contraire de tout ce que j'ai connu ou de ce que je pouvais concevoir jusqu'ici». En tant que comédien de stand-up (où le comédien, seul en scène, interprète plusieurs rôles comiques), il n'y a pas de technologie, tout est instantané et en direct avec le public», souligne-t-il.

«Dans l'animation, vous avez une idée de blague et vous pouvez littéralement attendre des années avant de la voir porter ses fruits».

«Mais cela faisait partie de ce qui m'attirait: je voulais voir si je serais capable de faire quelque chose de très différent».

«C'était très difficile d'ordonner à mon cerveau de ralentir à ce point et de simplement attendre. Il y a une blague dans le film que je n'ai vue que le soir de la première. Et je l'ai écrite il y a quatre ans».

Bien que les films d'animation récents aient connu le succès avec des histoires qui s'adressent aussi bien aux adultes qu'aux enfants, comme Shrek ou Les indestructibles, Seinfeld affirme qu'il n'a jamais voulu adapter son sens de l'humour original basé sur l'observation pour essayer de plaire à un plus large public.

«Faire rire toute la famille, cela n'existe pas: on ne voit jamais de salons de massage qui offrent à la fois de la glace et des bijoux gratuits. Tout le monde aime des choses différentes», relève le comédien.

«J'ai juste écrit de la même façon que pour les comédies de stand-up et ma série télévisée. Je me dis juste: c'est drôle, allons-y», explique le comédien, qui continue de faire des spectacles comiques.

«La seule chose que je puisse faire dans mon métier, c'est faire confiance à mon instinct. Il n'y a pas d'autre moyen», assure-t-il.