Dans Comme une flamme, Sébastien Rose quitte un peu la cellule familiale. Avec le sujet du scénario, oui. Mais pas dans sa façon de l’écrire.

Après Comment ma mère accoucha de moi durant sa ménopause et La vie avec mon père, son nouveau film se déroule dans une université, une «petite ville de 40 000 personnes». Ce scénario, il l’a écrit avec son père Hubert-Yves, 62 ans, prof de scénarisation à l’UQAM.

«J’ai toujours aimé écrire à deux. Ça permet d’avancer plus vite, d’avoir un regard immédiat, explique Sébastien Rose. Pour La vie avec mon père, j’écrivais avec ma copine, mais mon père me conseillait aussi. Notre collaboration dans Comme une flamme est donc venue naturellement.»

Difficile, l’écriture père-fils?

«En écrivant, tu révèles toujours une partie de toi. Ça prend donc de l’impudeur, c’est certain. Mais je suis très proche de mon père, alors ça ne pose pas de problème.»

Trois histoires s’entrecroisent dans Comme une flamme. Celle de Bertrand (Alexis Martin), un prof de cinéma idéaliste confronté à un élève indocile (Benoît McGinnis). Celle de Louis-Ferdinand (Frédéric Pierre), étudiant en sciences politiques et leader d’une association étudiante sur le bord de la grève, tiraillée entre ses factions plus radicales et un recteur manipulateur (Raymond Bouchard). Et celle de Natacha (Catherine De Léan), mère seule et ancienne toxicomane qui essaie de refaire sa vie.

Pierre-Antoine Lasnier, Émile Proulx-Cloutier, Julie McClemens, Sharon Ibgui, Ève Duranceau, Vlace Samar, Paul Ahmarani, Paul Savoie et Yves Jacques complètement la distribution.

C’est Pierre Evan (C.R.A.Z.Y., Nitro) de Cirrus Communications qui produit le film. Comme une flamme a reçu 1,4 million de la SODEC, mais Téléfilm Canada n’a pas retenu le projet. Grâce à ses récents succès, Pierre Even a touché aux enveloppes à la performance d’Ottawa. Cette somme d’environ 2 millions, il l’a réinvestie dans Comme une flamme. Le film compte donc sur un budget total de 5,4 millions, comparativement aux 8 millions prévus pour le scénario original.

La crise de l’enseignement

À notre visite sur le plateau, Bernard (Alexis Martin) s’obstinait avec un élève pendant son cours Histoire et scénarisation.

«Mon personnage est un peu idéaliste, observe Alexis Martin. Pour lui, l’éducation ne se limite pas à transférer une information d’une tête à une autre. Sinon, les livres suffiraient. Il veut aussi former des esprits.»

Son rôle ressemble un peu à celui qu’il jouait en 1998 dans Petits maîtres, le premier long métrage de Sébastien Rose.

«C’est bizarre, lance le réalisateur. J’ai l’impression de réécrire la fin de mon premier film. Alexis Martin y jouait un jeune prof qui demande conseil à son mentor, qui finissait par le décevoir. Cette fois, la boucle se ferme. C’est Alexis Martin dans la peau d’un prof expérimenté qui est déçu par un élève.»

L’enseignement, c’est un milieu que les deux scénaristes connaissent bien. Hubert-Yves Rose enseigne toujours à l’UQAM. Sébastien Rose a enseigné au collège Garneau à Québec après sa maîtrise en philosophie. Et après son bac, il a été remplaçant pour les cours de français et de morale à l’école secondaire Paul-Gérin-Lajoie.

«J’avais seulement 21 ans, je n’étais pas prêt à affronter des cas problèmes, se souvient-il. Ça a fini par un burnout.»

Mais Comme une flamme n’est pas du tout un drame biographique. Les conflits débordent largement de la classe. Si on cherche un fil conducteur aux trois récits parallèles, c’est celui d’une crise de l’éducation et de la transmission des valeurs. Ce qui n’en fait pas non plus une œuvre didactique, précise Sébastien Rose.

«Je ne voulais pas bêtement opposer une génération à une autre et en dépeindre une comme étant imbécile, à l’image de certains films. C’est avant tout une histoire de drames personnels. Pas une thèse sur l’éducation. De toute façon, ce n’est pas le rôle d’un film. Pour ça, il y a l’Émile… de Rousseau.»