En 2005, Vince Vaughn est monté dans un autobus de tournée pour n'en ressortir que 30 jours plus tard. En compagnie de quatre humoristes, le comédien est allé visiter le coeur de l'Amérique. Vince Vaughn's Wild West Comedy Show constitue un document qui étonne... même le principal intéressé!

Il en aura fallu du temps avant que Vince Vaughn's Wild West Comedy Show ne gagne les écrans. Réalisé en 2005, à la faveur d'une tournée d'humoristes, ce document fut en effet présenté en primeur au Festival de Toronto il y a deux ans. Vince Vaughn, pour qui il s'agit d'un projet à teneur toute personnelle, tenait toutefois à ce que ce film, réalisé par Ari Sandel, puisse bénéficier d'une distribution modeste, mais conséquente. «Nous étions prêts à attendre le temps qu'il fallait pour cela», racontait-il récemment au cours d'une rencontre de presse tenue dans un hôtel de Santa Monica. Vince Vaughn's Wild West Comedy Show: 30 Days and 30 Nights - Hollywood to the Heartland Tour prend ainsi l'affiche cette semaine en Amérique du Nord sur un circuit d'environ 700 écrans.

Ce film s'inscrit de façon un peu particulière dans la carrière d'un acteur qui compte notamment à son actif des comédies à succès, dont Wedding Crashers. Dans la mesure où ce document fait écho à un moment très précis de la vie du comédien - il n'avait jamais fait de tournées de ce genre - mais aussi de celle, plus collectivement, des Américains.

L'idée de cette tournée a germé pendant quelques années. Vaughn, reconnu notamment pour ses capacités oratoires, a eu la piqûre du spectacle le jour où il s'est retrouvé à animer une soirée d'humour dans une boîte de la Nouvelle-Orléans.

«Je ne suis pas un stand up comic, affirme-t-il pourtant. Mais j'aime parler aux gens. J'aime aussi le fait qu'on puisse prendre le pouls du public de façon instantanée quand on se présente sur une scène. À force de répéter l'expérience, l'idée m'est venue d'organiser une tournée de spectacles dont j'assumerais l'animation. Quatre jeunes humoristes en seraient les vedettes, et des invités pourraient venir nous appuyer au fil des étapes de la tournée.»

Le projet a pris forme très rapidement. Tout a été réglé en six semaines. Les humoristes Ahmed Ahmed, Bret Ernst, John Caparulo et Sebastian Maniscalco (certains d'entre eux furent remarqués au Festival Just for Laughs de Montréal) ont été recrutés. L'ami Jon Favreau, partenaire de Vaughn dans Swingers notamment, est parfois de la partie. Tout comme Dwight Yoakam, Justin Long et Keir O'Donnell, le petit frère de Wedding Crashers.

«Comme j'avais une disponibilité de seulement 30 jours dans mon emploi du temps, nous avons programmé autant de spectacles en autant de soirs, précise Vaughn. Il ne m'est jamais venu à l'esprit que nous aurions peut-être besoin de congés de temps à autre!»

Or, cette tournée s'est révélée plutôt exigeante sur le plan physique et moral. Si l'idée de partir en tournée dans un autobus aménagé pour l'occasion évoque la vie de rock stars, les cinq hommes ont néanmoins vécu ensemble pendant 30 jours en parcourant environ 9000 km. Inauguré à Los Angeles pour se terminer 30 jours plus tard à Chicago (la ville natale de Vaughn), le Vince Vaughn's Wild West Comedy Show a emprunté la direction des grandes villes, mais aussi les chemins menant vers l'Amérique profonde.

«Nous voulions rendre ce spectacle le plus accessible possible, particulièrement dans des endroits où les gens n'ont pas très souvent l'occasion d'en voir, explique Vaughn. Nous avons aussi dès le départ décidé de filmer tous les spectacles avec des caméras légères, simplement pour voir ce que cela donnerait.»

Dans les coulisses

En fait, tous les éléments de cette tournée ont été documentés. «Nous avons ainsi voulu aller au-delà du spectacle afin d'explorer un peu mieux les univers de chacun des humoristes. Nous les avons d'ailleurs choisis parce que leur humour provient d'une réalité parfois difficile.»

Et puis, cette tournée a eu lieu au moment même où l'ouragan Katrina faisait ses ravages en Louisiane, révélant ainsi au monde entier le déséquilibre social qui afflige la société américaine. C'est dire que le spectacle a eu lieu dans un contexte politique particulier.

«C'est justement ce qu'il y a de formidable dans l'humour, fait remarquer Vaughn. Un bon humoriste n'a pas à matraquer un message pour se faire comprendre. Il peut le faire subtilement, de manière à révéler un point de vue différent, sans choquer le spectateur qui ne partage peut-être pas le même point de vue sur le plan politique. C'est ce que faisait Richard Pryor. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles je l'admirais autant.»