Après les insectes, les manchots et les renards, c'est au tour des castors de devenir, le temps d'un film, les héros d'un long métrage avec La rivière aux castors, à l'affiche à temps pour la semaine de relâche.

Quand les contes pour enfants s'invitent dans les documentaires animaliers, cela donne une plongée «dans la vraie nature», croit le réalisateur de La rivière aux castors, Philippe Calderon, joint au téléphone.

Mèche blanche est un petit castor qui vit heureux entre une soeur et une mère éplorée par la disparition de son cher et tendre. Un jour, Mèche blanche est brutalement séparé de sa famille, et tout va changer. «Le film est un peu conte, un peu film. On reprend les mêmes codes que dans les cartoons», poursuit Philippe Calderon.

Comme dans les cartoons, donc, le castor est tout à fait humanisé - même s'il n'est pas doté de la parole -, s'amuse avec d'autres animaux de la forêt, tout en prenant garde à fuir ses pires ennemis, les loups. L'originalité du film ne tient donc pas au fond de l'histoire, mais plutôt à sa forme: «Quand vous regardez un dessin animé, vous n'aurez pas la découverte d'un milieu», plaide Philippe Calderon.

La découverte d'un milieu, c'est d'abord et avant tout celui des castors. Filmé en grande partie dans la forêt du Zoo de Saint-Félicien, La rivière aux castors montre comment les castors aménagent leur hutte, construisent des barrages, en un mot: vivent leur quotidien. «Les castors sont très mignons, mais en plus, ils sont écologiquement très actifs», dit le réalisateur.

Dans La rivière aux castors, ce que fait Mèche blanche et sa famille est tout à fait naturel. Contrairement au loup, les castors sont indressables: «Les castors sont programmés juste à construire des barrages. C'est inné. Les castors sont des animaux très instinctifs et ils ont dans le film le comportement qu'ils ont dans la nature.»

Les castors de Benoît

Les activités auxquelles vaquent les castors dans le film sont aussi bien différentes de celles des deux célèbres mascottes publicitaires d'une entreprise de téléphone. Pas rancunier, le comédien Benoît Brière, remplacé par les castors dans les campagnes de publicité de la compagnie, se souvient encore de la gêne des producteurs qui l'ont contacté pour qu'il prête sa voix au film.

«Quand ils m'ont proposé le projet, ils ont mis des gants blancs. Je me disais: "Voyons, ils sont étranges". Ils tournaient autour du pot et ils ont fini par me lâcher: "C'est une histoire de castors." Après un silence, ils m'ont demandé si j'avais une objection, se souvient Benoît Brière. J'ai hurlé de rire, j'ai trouvé ça pas mal!»

C'est donc la voix de Benoît Brière qui nous guide, hors champ, dans La rivière aux castors. Il exprime les pensées secrètes d'un vieux castor reclus, qui va rencontrer Mèche blanche.

«C'est quelqu'un qui nous guide et ce n'est pas didactique», juge Benoît Brière.

En France, où le film prendra l'affiche en avril, c'est André Dussolier, «la voix» du Fabuleux destin d'Amélie Poulain, qui racontera les aventures de Mèche blanche.

La rivière aux castors séduira-t-il petits et grands, en France et au Québec? Philippe Calderon est prêt à relever le défi.

«C'est un concept assez nouveau. On s'adresse aux publics de documentaires et de dessins animés: c'est un pari», estime-t-il.