Il y a eu Diva, puis un vide... Au nom de la loi, quelques années plus tard, puis un autre vide... Après deux départs professionnels sans vrais lendemains, Jacynthe René revient en grand aux petit et grand écrans. Cette fois, elle ne laissera pas passer sa chance.

Lysanne et Lysandre. Deux femmes fortes. L'une se bat au bras d'un mari boxeur dans La ligne brisée de Louis Choquette. L'autre assiste à la déconfiture de son couple dans Casino de Réjean Tremblay. «Deux rôles décrochés le même soir!» note Jacynthe René. C'était un soir de gala des Gémeaux, en 2006. Fière d'une nomination d'interprète pour son rôle dans la série coup de poing Au nom de la loi, la comédienne assiste aux célébrations et croise François Bouvier, réalisateur de Casino, et Michelle Allen, qui signe le scénario de La ligne brisée. «Je n'ai finalement pas gagné de Gémeau, mais deux rôles, ce soir-là!»

Un soulagement pour la comédienne qui en avait refusé quatre, l'année précédente! «Ces refus m'ont permis de regretter...»

C'est que, pendant longtemps, Jacynthe René a dû apprendre à oeuvrer dans ce milieu, à dire oui et non, à vivre avec des préjugés physiques tenaces et les mettre K.-O. un à un. Elle a un peu, beaucoup payé pour avoir joué les blondes décolorées naïves dans Diva, en 1999. «J'ai vécu trois années de travail intense sur les plateaux de Diva, The Adventures of Pluto Nash et Souvenirs intimes (de Jean Beaudin), puis j'ai compris que j'étais cataloguée. Le téléphone sonnait toujours pour la même chose. J'ai vu le danger.»

Mais voir le danger n'attire pas forcément d'autres types de rôles. Pendant deux ans, loin des plateaux, Jacynthe René a cherché, changé d'agent et s'est même teint les cheveux en brun dans l'espoir de renverser la vapeur. «Je me suis remise en question tous les jours, dit la comédienne. D'autant plus que mon entourage me conseillait de me trouver un vrai travail!» Puis, il y a eu une grossesse, la production du film Bonzaïon et un vrai retour remarqué dans Au nom de la loi, en blonde de Patrick Huard qui fuit avec le magot. Une victoire! «J'ai tout donné en audition. Je le voulais, ce rôle! Je n'en dormais plus. Je me suis écroulée le jour où on m'a annoncé que je l'avais.»

À l'image des boxeurs de La ligne brisée, Jacynthe René est une combattante. «Mais une combattante positive. Je suis hyper persévérante et ambitieuse. Je ne lâche pas. Je tiens mon bout. Mais je suis hyper insécure

S'il y a une belle constante dans la carrière de Jacynthe René, c'est qu'elle a appris à découvrir petit à petit qui elle était. «Avec Caroline dans Diva, je me suis découverte femme, même si ce personnage était très quétaine. Au secondaire, je faisais rire de moi. À l'époque, je revenais de l'Afrique (elle a passé deux ans en Côte-d'Ivoire), j'avais un accent français et je m'habillais «Jean Bleu». La mode m'importait peu. J'étais en décalage complet avec les autres élèves. J'étais aussi très timide. Plus tard donc, à travers Caroline, j'ai vécu un fantasme de la fille que j'aurais aimé être plus jeune. J'ai commencé à être bien dans ma peau avec Diva

On ne manque pas depuis d'exploiter son côté charnel, à la télé comme au cinéma. Elle s'est abandonnée nue dans les bras de Patrick Huard, dans une des premières scènes d'Au nom de la loi. Son personnage a joué les danseuses en tenue légère pour son mari, dans Casino, il y a un mois. Un des boxeurs de La ligne brisée reçoit le même cadeau, en début de film! Mais on parle aujourd'hui de femmes fortes qui assument leur sexualité. «C'est ce qu'on m'offre maintenant», constate Jacynthe René.

Si, durant les années de vaches maigres, la comédienne dit avoir appris à vivre loin du tourbillon, elle se sent entièrement à sa place devant les projecteurs à 34 ans. «Là, je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, mais je sais que je ne veux plus refuser de rôles. J'ai un agent qui m'aime pour ce que je suis. Je l'ai eu dur, mais je suis maintenant dans une belle période de ma vie. Et je veux tout jouer, les espionnes comme les Cendrillon!»