Il existe un lien amoureux très fort entre Michel Boujenah et le Québec. «J'adore votre pays, pas seulement pour sa nature et ses grands espaces, mais surtout pour les Québécois.»

«... et aussi pour comment ils parlent. Je les entends dans les Têtes à claques.

Joseph, neuf ans, vient de se joindre à la conversation avec le journaliste du Soleil. Durant toute l'entrevue téléphonique, le gamin ne sera jamais loin de son papa. À Paris, même si c'est la soirée, le petit Joseph a l'air de déborder d'énergie. Papa Michel semble en avoir plein les bras, mais démontre néanmoins une patience de tous les instants.

C'est en 2003, à l'époque de Père et fils, son premier long métrage à titre de réalisateur, tourné dans Charlevoix, que Boujenah a véritablement attrapé la piqûre pour le Québec. Il revient chez nous cette semaine, à l'occasion du Festival de cinéma des 3 Amériques. Sa comédie, 3 amis, est présentée ce soir, à 19 h, à Place Charest, en avant-première de l'événement, en présence de son réalisateur et de deux comédiens du film, Pascal Elbé et Kad Merad.

3 amis marque aussi le coup d'envoi de La fête du cinéma français à Québec, une série de huit avant-premières de longs métrages qu'Unifrance présentera en première québécoise dans la capitale jusqu'en juillet.

Fausses amitiés

Dans 3 amis, Pascal Elbé et Kad Merad forment, avec Mathilde Seigner, un triangle d'amitié tricoté serré, où chacun peut compter sur l'autre, surtout dans les moments les plus difficiles.

Pour Baptiste (Elbé), ce sera quand il sera largué par sa femme, puis par sa nouvelle copine. Pour César (Merad), qui avait embauché celle-ci à fort prix pour changer les idées de son copain dépressif, ce sera après la perte de son emploi.

Et les deux copains de voler au secours de Claire (Seigner) qu'ils croient (à tort) battue par son petit ami, pour l'aider ensuite dans la recherche de ses parents biologiques.

«Je voulais faire depuis longtemps une histoire d'amitié entre deux hommes et une femme, mais où la relation amoureuse n'intervenait pas, explique le réalisateur de 56 ans. C'est vrai que l'amitié est un sujet dans l'air du temps. Peut-être parce que les gens ont besoin de vraies relations avec de vraies personnes. Nous vivons dans un monde de fausses amitiés - qu'on pense à Facebook et Myspace. Le mot amitié est tellement galvaudé de nos jours.»

«Je me souviens d'une phrase que m'a dite un jour un spectateur : un ami, c'est quelqu'un que tu connais très bien, mais que tu as quand même envie de voir. Je trouve cela très joli. L'amitié, c'est très important. C'est un peu la famille qu'on choisit.»

Gala du Grand Rire

Michel Boujenah ne restera pas longtemps sans revenir à Québec. Le 28 juin, au Grand Théâtre, il coanimera le gala du Grand Rire, avec Michel Barrette. Il présentera alors une version de son spectacle Les nouveaux magnifiques, inédit au Québec.

«Et il y a aussi mon fils Joseph qui viendra au Québec en août, avec sa soeur Louise...»

Heureux qui, comme la famille Boujenah, a le Québec tatoué sur le coeur...

Un grand ami n'est plus

«... et Philippe Noiret qui passait par là.»

C’est ainsi qu’est baptisée au générique d’ouverture de 3 amis la dernière apparition de Philippe Noiret au grand écran. Michel Boujenah, qui s’était lié d’une grande amitié avec le célèbre acteur, décédé d’un cancer le 23 novembre 2006, conserve des souvenirs impérissables de celui qu’il avait aussi dirigé dans Père et fils, il y a cinq ans.

Dans 3 amis, Noiret campe le rôle d’un concessionnaire auto qui embauche le personnage joué par Kad Merad, malgré son inexpérience la plus totale dans la vente de véhicules. On devine à son teint pâle et à ses traits tirés que le célèbre acteur n’en a plus pour longtemps.

«Moi et Pascal Elbé (vedette de 3 amis et coscénariste de Père et fils) avions noué des liens serrés avec Philippe, durant le tournage de Père et fils, explique Boujenah. On a toujours cherché un truc pour lui dans un autre film. Alors, quand s’est présenté le rôle de ce directeur de garage, c’était formidable.

«Nous avons tourné deux jours. Ça reste des moments bouleversants. Philippe était très fatigué. La maladie avait gagné du terrain, mais il tenait absolument à jouer ce rôle. On se doutait tous, les acteurs comme les membres de l’équipe technique, que c’était son dernier film. Et lui aussi le savait. Il est mort quatre ou cinq mois plus tard.

«Ces deux jours de tournage sont des moments que je n’oublierai jamais. Comme tous les autres que j’ai passés avec lui...»