Ben Barnes n'est pas ce qu'on appelle une tête d'affiche. Son nom est à peu près inconnu. Pour l'instant. Mais il a la tête de l'emploi celle du prince charmant comme le prouve... sa tête, justement, sur les affiches de The Chronicles of Narnia - Prince Caspian d'Andrew Adamson, dans lequel il tient le rôle-titre. Rencontre avec un gars sympa qui n'a pas la grosse tête.

«Los Angeles est un endroit dangereux pour moi en ce moment», plaisante Ben Barnes. Il n'en est pas moins soulagé que la promotion de The Chronicles of Narnia - Prince Caspian d'Andrew Adamson se fasse, plus anonymement pour lui, à New York. C'est là, au 52e étage de l'ultra chic Mandarin Oriental, que l'acteur britannique qui campe le rôle-titre de la deuxième adaptation des romans de C.S. Lewis a accordé une entrevue à La Presse. Et raconte ne pas encore en revenir de s'être vu, à Hollywood, sur des panneaux publicitaires «faisant au moins huit étages de hauteur».

«J'avais beau me dire que ce n'était pas vraiment moi, qu'ils avaient mis des rallonges à mes cheveux et assombri mon visage... je ne sais pas, c'est une impression vraiment bizarre, très difficile à expliquer. J'essaie de rationaliser, mais ce n'est pas facile. En fait, j'ai même de la difficulté à me regarder à l'écran. Imaginez, là, dans du plus grand que nature!» fait l'acteur de 26 ans, à la fois perplexe et lucide face à ce qui lui arrive, lui qui était jusqu'ici habitué à la notoriété plus modeste qui vient du théâtre. Puisque c'est là que tout a commencé pour lui.

Né à Londres, ce fils d'un médecin et d'une psychothérapeute n'avait en fait jamais pensé à devenir acteur avant l'adolescence. Il avait 16 ans quand des représentants du National Youth Music Theatre sont venus à son lycée. «J'ai toujours aimé chanter et, juste comme ça, pour voir, j'ai passé une audition.»

Ça a été le début d'une aventure qui a duré six ans. «Ça a vraiment été ma formation.» Qu'il a faite tout en suivant ses cours à l'Université de Kingston. Où il s'est inscrit en littérature et dramaturgie anglaises et dont il n'est ressorti qu'avec son diplôme en main après avoir entre autres étudié Le Seigneur des Anneaux de Tolkien, Harry Potter de J.K. Rowling, À la croisée des mondes de Philip Pullman (son préféré) et... Les chroniques de Narnia de C.S. Lewis.

Diplôme universitaire

«Que j'obtienne un diplôme universitaire était important pour mes parents et ça l'est devenu pour moi», fait ce jeune homme qui semble fort attaché à sa famille.

«Mon petit frère, Jack, est ici avec moi. Il est quelque part dans l'hôtel ou en train d'explorer New York... et il m'envoie des textos sans arrêt. Quant à mes parents, je pense que leur métier n'est pas étranger à celui que, finalement, j'en suis venu à faire. Ils aident les gens en analysant leurs pensées, en fouillant dans leur tête, d'une certaine manière. Je pense que je fouille dans la mienne en entrant dans celle de différents personnages.»

Il était dans celle de Dakin, rôle-clé de la pièce History Boys d'Alan Bennett, quand la directrice du casting de Prince Caspian l'a repéré. Lui a proposé d'enregistrer une audition qu'elle enverrait en Nouvelle-Zélande, où se trouvait Andrew Adamson. Lequel a tellement aimé ce qu'il a vu que Ben Barnes a été invité à en passer une autre, en personne. À partir de là, les choses se sont accélérées encore plus.

Le comédien a fait le choix de quitter la production théâtrale et s'est envolé vers l'autre bout du monde. «Je n'ai pas eu le temps de me préparer au rôle, j'ai à peine eu le temps de faire mes bagages!» lance-t-il. Et de se retrouver, rapidement, armure sur le dos, épée à la main, à dos de cheval. C'était le début d'une aventure qui a duré sept mois.

Une belle aventure? «Une aventure formidable, oui. Mais sept mois de tournage, c'est aussi sept mois de vie. Il y a eu des jours difficiles, durs. Et d'autres, excitants, emballants. En sept mois, si vous ne passez pas par toutes les émotions, c'est que vous n'êtes pas normal. Non?» En effet. Mais il est aussi agréable que surprenant d'avoir devant soi un acteur qui «ose» le dire.

Ben Barnes ne donne pas encore dans la cassette promotionnelle, quoi. C'est rafraîchissant. Et charmant ce qui sied bien à un prince.