Sex and the City sur grand écran : c’est l’événement cinéma de la saison. Désolée les gars, mais Carrie, Charlotte, Samantha et Miranda sont encore plus attendues qu’Indiana Jones.

Les fans de la télésérie piaffent d’impatience à l’idée de retrouver les copines, leurs histoires d’hommes, leurs escarpins Manolo Blahnik et leurs virées dans les restos branchés de New York. Rendez-vous au ciné le 30 mai.

«C’est sûr qu’on va aller voir le film ensemble!» s’exclame Josée (nom fictif), une collègue journaliste qui, depuis des années, organise avec trois amies des rendez-vous Sex and the City avec des cosmos pour l’apéro.

«C’est un quatuor de filles qui se parle d’affaires de filles. Nos chums se connaissent, mais ne sont pas invités — on parle d’eux… Et probablement qu’ils n’aimeraient pas savoir ce qu’on dit d’eux!»

L’impact de l’émission est partout : dans les habitudes sociales, la mode, le tourisme et les arts. Bref, c’est entré dans la culture populaire. Lovely, le parfum de Sarah Jessica Parker, l’actrice vedette de la télésérie, est la fragrance la plus vendue aux États-Unis; les cupcakes, la gourmandise de Carrie, sont partout et toutes les fashionistas du monde rêvent d’une paire de Manolo Blahnik à 600 $.

«C’est devenu une référence d’être superficielle et de s’assumer, remarque l’auteure Rafaële Germain. Sex and the City n’a pas inventé ça, mais l’a mis sur la map culturelle.»

Tout le monde ne le sait pas, mais l’auteure de Gin tonic et concombre a fait ses premières armes à La Presse avec une chronique inspirée de la télésérie.

«C’était une commande directe, le journal voulait des chroniques à la Sex and the City. Ils voulaient une femme plutôt jeune et pas connue. J’avais 24 ans et je ne me suis pas beaucoup forcée pour imaginer : j’avais une vie très proche de ça», raconte-t-elle.

Rafaële Germain aimait beaucoup les premières saisons de la télésérie, quand les drôles de dames assumaient pleinement leur célibat. Et elle croit qu’elles ont aidé à changer un peu les mentalités.

«En tout cas, à Montréal, ce n’est plus gênant de parler de cul, d’aimer la mode ou de dire qu’on a été laissée. On assume mieux ce qui est moins glorieux, comme prendre un coup, magasiner, dépenser. On n’a pas besoin de s’excuser pour ce qu’on est», remarque-t-elle.

Nancy Rouleau, celle à qui on doit la diffusion de la version française Sexe à New York sur Séries+, a été séduite il y a 10 ans par l’audace de la télésérie.

«Le fameux épisode du vibromasseur, c’était assez surprenant. Elles étaient les premières à nous parler de ça. Sex and the City a été produite par une chaîne payante (HBO) et les auteurs ont pu aller beaucoup plus loin que si ça avait été produit par ABC, qui aurait eu peur de perdre des commanditaires si des propos avaient choqué.»

Difficile de savoir jusqu’à quel point d’autres auteurs de télésérie ont été influencés par la vague Sex and the City. Mais on peut songer que l’idée d’une thématique par épisode a été reprise par beaucoup d’autres. L’avantage, c’est qu’on pouvait rater quelques diffusions et suivre le fil sans être perdu.

«Il y a d’autres éléments qui ont dû être repris. Et Hommes en quarantaine a été pour nous le pendant masculin de Sexe à New York. Je me souviens avoir dit au producteur qu’il fallait que les personnages se retrouvent dans un lieu rassembleur. Les filles allaient au resto; les hommes se retrouvaient au golf ou au basket», souligne Mme Rouleau, qui dirige maintenant les productions au Canal Z.

Nouveaux restos, nouvelles tenues : les héroïnes de Sexe à New York s’apprêtent à remplir les salles de ciné et les boutiques branchées de la Grosse Pomme. À l’approche de la sortie du film, les concours de magasinage à New York se multiplient et les visites guidées dans l’univers de la télésérie affichent complet sept jours d’avance.

L’histoire ne dit pas si c’est pour le plaisir de savourer un cosmo au pub Onieal ou pour l’audace d’entrer au Pleasure Chest, le magasin où Charlotte a acheté son vibrateur rose à tête de lapin…