Ne le dis à personne sort enfin aux États-Unis deux ans après la France, retard dû selon Guillaume Canet au fait que son thriller n'était «pas assez français» pour les studios hollywoodiens, avec lesquels le réalisateur dit vouloir garder ses distances.

«Mes producteurs m'ont dit que les distributeurs aimaient vraiment le film, mais que son problème était qu'il n'était pas français», explique Guillaume Canet à l'AFP. «Pour vendre le film comme français, les gens s'attendaient à voir des images françaises», résume-t-il.

«Peut-être voulaient-ils voir davantage de scènes se déroulant à Montmartre», plaisante l'acteur, réalisateur et dialoguiste de 35 ans, récemment interrogé en anglais lors de la promotion de son film à Los Angeles.

Adaptation d'un livre de l'Américain Harlan Coben, Ne le dis à personne a valu à Guillaume Canet le César 2007 du meilleur réalisateur. Il était le plus jeune récipiendaire de ce trophée dans l'histoire de la cérémonie de récompenses du cinéma français.

Le comédien français François Cluzet campe dans ce film un homme hanté par le souvenir de sa femme, victime d'un tueur en série quelques années plus tôt.

Connu des spectateurs nord-américains pour son rôle dans La plage au côté de Leonardo DiCaprio en 2000, M. Canet s'est retrouvé courtisé par Hollywood depuis le succès critique et commercial de Ne le dis à personne qui sort sur les écrans américains vendredi.

Mais il dit se méfier de l'industrie du cinéma hollywoodienne, qui a déjà broyé son lot d'ambitieux et talentueux cinéastes étrangers.

«Les studios m'ont envoyé beaucoup de scénarios, mais je les ai tous refusés, surtout parce que j'aime bien m'impliquer dans le processus d'écriture», explique Guillaume Canet.

«À chaque fois que je lis un scénario complètement bouclé, j'ai l'impression que je n'y ai rien apporté. Et je souhaite maîtriser le processus créatif», ajoute-t-il. «Pour moi, il est important d'être capable de faire un film et de le maîtriser du début à la fin sans être expulsé de la salle de montage ou d'avoir 10 producteurs sur le dos, en train de me dire comment filmer».

Pour Ne le dis à personne, Guillaume Canet savait dès le début comment transposer l'action des États-Unis à Paris. Dès qu'il a lu le roman, il a voulu en acheter les droits d'adaptation.

«C'est la première fois que j'ai vraiment été stimulé par quelque chose que je n'avais pas écrit, mon coscénariste et moi en étions fous», se rappelle-t-il.

Mais le célèbre réalisateur Michael Apted avait déjà racheté les droits. Le destin a voulu que M. Canet le rencontre lors d'un festival à Los Angeles: «Je lui ai dit: «Vous avez de la chance de faire un film à partir d'un livre que j'adore» et là il m'a répondu qu'il ne tournait finalement pas le film. J'en ai été si fébrile que j'ai foncé aux toilettes pour appeler mon producteur».

Harlan Coben, institution du thriller à l'américaine, devait encore être convaincu de laisser à un jeune Français, relativement inconnu, les rênes de son histoire.

«Mais une fois qu'il s'est rendu compte que je pensais que l'histoire d'amour était l'aspect le plus important de l'intrigue, il a été enthousiaste», selon Guillaume Canet.