Présent à Fantasia pour montrer son nouveau bébé, Truffe, chaudement accueilli par le public à l'ouverture du festival, le cinéaste québécois Kim Nguyen a également participé jeudi dernier à un colloque sur la réalisation de courts et longs métrages au Québec.

En attendant la sortie de Truffe (22 août), Nguyen ne chôme pas, affairé qu'il est à la post-production du prochain La cité des ombres.

Q : Le court métrage est-il un exercice pour en arriver enfin au long métrage?

R : J'ai fait mes classes dans le court métrage. Oui, c'est un moyen qui nous permet de faire des expérimentations, le court est idéal pour explorer les mondes symboliques et le langage du rêve. C'est un art en soi. On met autant d'énergie sur un court que sur un long, les contraintes sont souvent les mêmes, c'est même pire parfois. On travaille fort, c'est financièrement fastidieux pour quelque chose qui sera peu diffusé et qui a demandé beaucoup d'efforts. Et il a tous ces problèmes de budget, de crédits d'impôt, de diffusion. C'est parfois infernal.

Q : Pourquoi le court métrage est-il si peu diffusé hors des festivals?

R : Je crois que les gens seraient ouverts à voir des choses plus expérimentales si on leur donnait plus souvent accès aux courts métrages. C'est dommage, je ne sais pas trop pourquoi on n'en présente pas plus en salle. Il faudrait profiter des minutes libres avant le film principal. Ou faire comme à l'époque des «intermissions». C'était le fun. Aller au cinéma avait un côté «évènement».

Q : Fantasia est-il un bon tremplin pour la carrière d'un film?

R : Au niveau international, je ne sais pas. Mais on a eu droit à la plus belle projection de Truffe devant une salle vraiment enthousiaste et généreuse, des invités mais aussi des gens du vrai public qui criaient et applaudissaient sans pudeur, sans retenue. C'était formidable. Je n'ai pas vraiment lu les critiques parues après la première, il faudra attendre la sortie en salle pour savoir si le film sera bien reçu. La bande-annonce laisse croire à une comédie, c'est plutôt de l'ironie. J'espère que la projection à Fantasia aura par après un effet de bouche-à-oreille positif.

Q : Est-il difficile de faire accepter des projets aussi marginaux, expérimentaux?

R : Pour Truffe, je suis tombé sur les bons investisseurs. Il faut dire que la distribution des rôles était faite, avec entre autres Roy Dupuis et Céline Bonnier, ce qui donne au projet une sorte de crédibilité et arrime des producteurs rassurés sur quelque chose de plus audacieux. Ça reste un film indépendant à petit budget.

Q : Faut-il redouter l'étiquette «réalisateur de films fantastiques»?

R : Est-ce que Le marais était vraiment un film fantastique? Honnêtement je ne sais pas trop ce qu'il faut comprendre par «cinéma de genre». C'est très, très large. Qu'est-ce qui n'est pas un film de genre? Et c'est vrai qu'on aime mettre des étiquettes. Ça ne me dérange pas. Mon cinéma va toujours être comme ça, sans compromis. La cité des ombres est en post-production et jusqu'à présent, le montage avance vraiment très bien même s'il y a des étapes angoissantes. Je découvre ce que le film est, je fais face au bébé qui est sorti de tout ce travail.