Déjà décidée à devenir comédienne à l'époque où elle ne faisait que de la figuration, Hafsia Herzi est maintenant l'une des jeunes actrices françaises les plus en vue. Dans La graine et le mulet, elle crève l'écran.

Sa voix se fait entendre au bout du fil et l'on retrouve tout de suite l'énergie particulière, la gouaille, la pêche du personnage qu'elle incarne. Dans La graine et le mulet, Hafsia Herzi fait des débuts électrisants. Sa performance fut notamment gratifiée d'un prix au Festival de Venise l'an dernier, de même que du César du meilleur espoir féminin un peu plus tôt cette année.

«C'est sûr que ma vie a changé, indique l'actrice au cours d'un entretien téléphonique. Je reçois maintenant plusieurs propositions. Je peux désormais même m'offrir le luxe de choisir. Cela dit, il y a des offres qui sont arrivées même avant que La graine et le mulet ne prenne l'affiche. J'ai d'ailleurs rejoint le plateau d'un autre film peu de temps après avoir tourné sous la direction d'Abdel Kechiche. Il s'agit de Française, un film de Souad El-Bouhati.»

Auparavant, Hafsia Herzi, qui affirme avoir été animée du désir d'être actrice depuis son tout jeune âge, n'avait pratiquement fait que de la figuration. Aussi a-t-elle sauté sur l'occasion lorsqu'elle a eu vent d'un «casting sauvage» qui avait lieu à Marseille, la ville où elle a grandi. «Je ne savais même pas de quoi il s'agissait ! Je ne connaissais pas les autres films de Kechiche non plus. À vrai dire, je m'y suis présentée parce que j'y voyais simplement là l'occasion de décrocher peut-être enfin un rôle dans un film!»

Le réalisateur de L'esquive détecte évidemment chez elle les qualités qu'il recherche pour ce personnage de jeune femme impétueuse, qui partage une grande complicité avec Slimane, ce vieil ouvrier, animé du désir d'ouvrir son propre restaurant. Mais il y a beaucoup de travail à faire en amont. D'autant plus que quand est venu le moment d'indiquer ses champs d'intérêts dans le questionnaire qu'on lui a remis à l'audition, Hafsia a mentionné la danse orientale. Or, ce n'est pas parce qu'on s'intéresse à quelque chose que cela veut nécessairement dire qu'on en maîtrise la technique...

«Abdel s'est évidemment vite rendu compte que je n'avais jamais vraiment dansé de ma vie! rappelle l'actrice en riant. Mais j'ai appris. J'ai travaillé fort pendant des mois. J'ai aussi accepté de prendre 15 kilos pour le rôle parce que c'est ce qu'Abdel souhaitait.»

Hafsia Herzi salue d'ailleurs l'exigence d'un cinéaste qui travaille en étroite collaboration avec ses acteurs.

«Bien sûr, c'est très prenant sur le plan de l'énergie mais j'adore ça, dit-elle. J'étais heureuse quand il demandait des prises supplémentaires. Nous avons mis cinq jours à tourner la séquence finale, celle où je dois danser. Il fallait être très en forme, physiquement et mentalement.»

Outre Française, qui a pris l'affiche dans l'Hexagone il y a deux mois, la jeune actrice, âgée de 21 ans, a tourné L'aube du monde d'Abbas Fahdel, un film pour lequel elle a dû apprendre l'arabe irakien, de même que Le chat du rabbin, dans lequel elle donne la réplique à Alain Chabat. Hafsia Herzi est aussi de la distribution d'Un homme et son chien, ce film de Francis Huster qui marquera le retour de Jean-Paul Belmondo au cinéma.

«J'ai l'impression que c'est maintenant parti, conclut-elle. Les projets s'enchaînent tellement rapidement que je n'ai pas vraiment l'occasion de prendre un peu de recul par rapport à ce qui m'arrive. Pour l'instant, je vis tout ça très bien!»