Le Pineapple Express n'est pas un train mais il permet de faire de méchants trips: c'est une marijuana de qualité ô combien supérieure. On tuerait pour elle, au figuré... comme au propre. C'est ce que découvrent le consommateur et le revendeur incarnés par Seth Rogen et James Franco dans cette comédie noire produite par Judd Apatow et réalisée par un David Gordon Green qui, après le tourmenté Snow Angels, avait besoin d'une pause rire. Tout le monde à bord!

«Ready? Action!» Quelques secondes plus tard: «And... cut!» Une minute après: «Ready? Action!» Et ainsi de suite. Encore et encore. Impossible de ne pas succomber. De se pencher à la fenêtre de l'hôtel. En bas, pendant plus d'une heure, Seth Rogen et James Franco vont courir à travers le jardin. Poursuivis par un lapin géant.

Surréaliste. Même si la scène n'a rien à voir avec Pineapple Express de David Gordon Green, elle est tout à fait dans le ton de cette comédie noire produite par Judd Apatow - qui reforme ici le duo d'acteurs qui a fait les beaux jours de sa série Freaks and Geeks.

«C'est d'avoir grandi à Vancouver qui nous donne des idées comme celle de Pineapple Express», pouffe Seth Rogen en échangeant un regard complice avec son copain d'enfance, Evan Goldberg, lors d'une conférence de presse tenue il y a quelques semaines à Beverly Hills. Oui, ils sont vancouverois d'origine. Et c'est sous leur plume qu'est né le scénario de Superbad et celui Pineapple Express - où deux losers qui carburent à la marijuana (dont un grand cru, appelé Pineapple Express) sont poursuivis par de dangereux criminels. Un Midnight Run pour gars dopés et paresseux, quoi.

En compagnie de Judd Apatow (producteur de Walk Hard, Knocked Up et autres 40-Year-Old Virgin), qui a participé à l'élaboration de l'histoire, ils ont donc concocté ce qu'ils appellent un weed action movie. «Dès le départ, nous voulions de l'action, de l'herbe, de l'amitié. Bref, écrire ce qui serait notre film préféré de tous les temps», poursuit Seth Rogen qui incarne Dale Denton, un huissier sans envergure qui sort avec une collégienne de 18 ans et dont la principale fréquentation est son revendeur de pot, Saul Silver. Lui, interprété par James Franco.

«Inconsciemment, Evan et moi avons écrit le rôle de Saul pour moi. Je ne pouvais qu'être le plus perdu des deux personnages. Il faudrait ensuite trouver quelqu'un pour jouer Dale, qui est un peu le straight man du tandem», poursuit Seth Rogen. Sauf que petit à petit, il s'est intéressé à ce rôle qui serait pour lui un quasi contre-emploi.

Une réflexion qui s'est effectuée en même temps que celle de Judd Apatow. Qui venait de croiser James Franco au Austin Film Festival. L'interprète du Green Goblin dans Spider-Man y présentait The Ape, un court métrage amusant qu'il a réalisé, écrit et dans lequel il joue. Et Judd Apatow de souligner combien il s'ennuyait du «Franco comique».

«Judd m'a envoyé le scénario de Pineapple Express, j'ai pensé qu'il me voyait dans le rôle de Dale et, non, ça ne m'intéressait pas. Il m'a répondu: «Ça tombe bien, on pensait à toi pour celui de Saul.» Et là, j'ai sauté sur l'occasion», fait James Franco qui affirme avoir eu davantage l'impression de jouer dans un film d'action dans cette comédie que dans Spider-Man «où nous prenions un mois sur écran vert pour tourner une scène où ça bougeait».

Une comédie noire
Pour lui, Dale et Saul sont «les deux gars les moins bien équipés du monde pour affronter le danger, même minime. Et soudain, ils se retrouvent plongés dans le danger... et pas du minime!» «Ils sont tellement nuls qu'il faut que leur vie soit en danger pour qu'ils se rendent compte qu'ils ont besoin l'un de l'autre», poursuit Seth Rogen qui, avec Evan Goldberg et Judd Apatow, dit s'être inspiré, pour écrire ce scénario, «de tous les films d'action qu'on aime, comme Pulp Fiction et Reservoir Dogs; mais aussi, de tous ces mauvais films d'action des années 80».

Ce, pour concocter une comédie noire et d'action qui n'est pas seulement un «stone movie, assure James Franco. Dans ce genre, il existe aussi des Big Lebowski et True Romance - qui comptent parmi mes influences et mes inspirations pour ce long métrage.»

Et Seth Rogen d'abonder: «Nous voulions être drôle mais pas que drôle, et nous voulions un véritable film d'action, pas une imitation des films d'action. Seules les cigarettes que nous fumons à l'écran sont des imitations. Ce sont... disons, des joints désalcoolisés», rigole celui qui affirme ne pas avoir «fumé de mari toute la journée sur le plateau. Et j'insiste sur le «toute la journée». Mais, bon, qu'est-ce qu'on peut faire d'autre quand on s'ennuie?!» Fréquenter les jeunes filles de 18 ans, comme son personnage? Éclat de rire. «Dix-huit ans? Vous voulez dire 15 ans! Hé, je suis un acteur!»

Du grand sérieux, quoi. Comme lorsqu'il évoque la préproduction de The Green Hornet, dont il signe le scénario avec Evan Goldberg et dont la sortie est prévue pour 2010. «Et en 2012, James et moi allons faire un spécial «vert»: une réunion du Green Hornet et du Green Goblin, avec David Gordon Green à la réalisation.»

Là-dessus, il était temps de passer à autre chose. Les deux complices avaient rendez-vous avec un lapin géant dans les jardins de l'hôtel. Et il n'était pas nécessaire d'en avoir fumé du bon pour apprécier la scène.

Pineapple Express prend l'affiche le 8 août, en anglais et en français (Ananas Express). Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Columbia Pictures