The Women porte bien son titre: le film réalisé par Diane English met en vedette les Meg Ryan, Annette Bening, Eva Mendes, Debra Messing et autres Jada Pinkett Smith. Côté représentation masculine, rien, nada, nothing. Pas un homme devant la caméra. Incursion dans ce «gynécée».

Diane English aime les personnages féminins forts et originaux. Elle l'a prouvé en faisant sa marque au petit écran en tant que créatrice, scénariste et productrice de la série Murphy Brown. Elle espère faire de même au grand en signant le remake de The Women film que George Cukor a réalisé en 1939 à partir de la pièce de Clare Boothe devenue Clare Boothe Luce quand elle a épousé l'éditeur du magazine Time, Henry Luce. Et s'est ainsi infiltrée dans la haute société new-yorkaise. Qu'elle a détestée. À qui elle a envoyé cette lettre empoisonnée qu'était The Women. Gros succès. Indiquant combien les réserves (un euphémisme) de la dramaturge étaient partagées.

Diane English s'est sentie appelée par l'histoire de cette Mary qui découvre que son mari la trompe. Suit, et là se trouve l'intérêt premier de la réalisatrice, l'impact que cette trahison a sur l'épouse trahie et sur son groupe de copines, en particulier sa meilleure amie, Sylvie.

Mais les choses - et les femmes - ont changé en quelque 70 ans. D'où le processus d'adaptation du scénario: «Les deux oeuvres de départ s'intitulent The Women mais il n'y est question que des hommes, explique la réalisatrice rencontrée dans un hôtel de Beverly Hills en compagnie d'une partie de «ses» actrices. J'en ai fait un film où il n'est question que des femmes comme l'indique son titre.»

Des femmes, de leurs amours et, surtout, de leurs amitiés. «Là où, dans les années 30, les gens se demandaient si Mary et son mari allaient se réconcilier, je veux qu'aujourd'hui, les spectateurs se demandent si Mary et Sylvie, qui l'a aussi trahie, vont redevenir amies. C'est un film sur la rupture entre deux femmes - après tout, l'amitié est une forme d'amour.»

La lettre empoisonnée aux relations féminines est ainsi devenue une carte de Saint-Valentin destinée aux clans de copines-voisines-cousines. Une missive qui n'a pas été facile à faire passer à la poste: il aura fallu une quinzaine d'années pour que le projet voie le jour. «Les longs métrages sont pensés pour les hommes de 25 ans et moins. Ce sont eux qui vont au cinéma et dépensent en produits dérivés quand il y en a. Alors, un film qui mise sur une distribution entièrement féminine, comme c'était le cas pour l'original, ça fait peur», affirme Diane English.

Elle a tenu bon. Et rappelle ici qu'en termes de fréquentation de salles, l'été a été beau pour les films «de filles». Que l'on songe à Sex and the City pour les grandes, à The Sisterhood of the Traveling Pants 2 pour les petites et même à The House Bunny pour les moyennes.

Bref, c'est en août 2007 qu'elle s'est enfin retrouvée dans le feu de l'action. Avec, entre autres devant sa caméra, Meg Ryan dans la peau de Mary, «une femme qui, jusqu'à la trahison de son mari et de son amie, se définit par rapport aux autres, explique la comédienne. Elle pense être heureuse mais elle dort sa vie, elle n'est pas vraiment là»; Annette Bening dans celle de Sylvie; Debra Messing et Jada Pinkett Smith dans celles de leurs copines; et Eva Mendes dans celle de Crystal, la maîtresse de l'homme invisible: quand il est d'une scène, on ne le voit ni ne l'entend, il est au téléphone, loin à l'autre bout du fil. «Je pensais à quelqu'un quand je lui "parlais" mais je ne vous dirai pas à qui!» pouffe soudain Meg Ryan.

Et la conférence de presse de prendre alors des airs de cour de récréation. «Moi aussi, je pensais à quelqu'un! Je me demande bien si c'était le même!» s'esclaffe Eva Mendes, à l'autre bout de la table, avant d'expliquer combien son personnage est l'exemple même des femmes qui lui font peur. Pour l'adopter, elle a tenu à ne pas en faire une créature purement «diabolique»: «Je voulais que Crystal ait quelque chose d'attachant. Ce qu'elle dit à Mary, c'est: tu l'as eu pendant des années, tu as l'argent, la maison, l'enfant. Laisse-le-moi, je te le rendrai bientôt. Vous voyez?»

Heu oui, on voit.

Assise entre les deux comédiennes (lors de la conférence de presse) et prise entre les deux personnages (dans le film): Annette Bening. Son personnage - Sylvie Fowler, rédactrice en chef du magazine Cachet - trahit Mary pour faire avancer sa carrière. «Ce que j'ai adoré de ce rôle, c'est que Sylvie n'a aucun problème avec le fait de ne pas avoir eu d'enfants. Aucun regret. C'est assumé, pas torturé», note, sur un ton espiègle, celle qui a eu quatre enfants avec son mari, Warren Beatty. «J'ai des amies qui ont fait ce choix et la liberté, qu'elles ont, aujourd'hui! Vous voyez?»

Oh oui encore une fois, on voit.

The Women prend l'affiche vendredi, en version originale anglaise seulement.