Keanu Reeves était Neo dans The Matrix. L'élu qui pouvait sauver l'humanité. Dans The Day the Earth Stood Still, il est Klaatu. L'extraterrestre qui peut annihiler l'humanité. Rencontre avec les artisans du remake du film-culte de Robert Wise dont la tête d'affiche est celui qui, après avoir été l'alpha, devient l'oméga.

Il ne change pas, Keanu Reeves. Toujours aussi long et mince. Toujours vêtu de noir. Toujours réservé. Car à moins d'être seul derrière un micro, il laisse la place aux autres.

Même Jon Hamm (Mad Men), qui n'a qu'un rôle très secondaire dans The Day the Earth Stood Still de Scott Derrickson, a été plus volubile que lui lors de la conférence de presse tenue à Los Angeles à quelques jours de la sortie du remake du film de Robert Wise un classique de la science-fiction qui suit l'arrivée sur Terre de Klaatu (Keanu Reeves), venu voir si la race humaine mérite de survivre; et, si non, prendre les mesures qui s'imposent pour la détruire.

Mais il ne faut pas s'y tromper: malgré sa discrétion, le comédien était très présent. Pas de bâillements (cela se voit parfois) ni d'examen attentif des ongles (celam se voit aussi). Keanu Reeves préfère, semble- t-il, la carte discrète. Laisser la main à ceux qui, juge-t-il, ont les meilleurs atouts dans leur jeu.

Il a donc laissé parler Scott Derrickson: «The Earth the Day Stood Still est l'un de mes films préférés de Robert Wise», assure celui qui a rencontré le réalisateur légendaire quand il était étudiant en cinéma. «J'assistais à un festival qui lui rendait hommage et je lui ai demandé quel conseil il donnerait à quelqu'un qui débutait.»

La réponse du vétéran: si tu aimes les films de genre, que ton premier film soit un film d'horreur ils permettent vraiment de montrer ce que tu peux faire en tant que réalisateur. Scott Derrickson a suivi le conseil : il a fait ses grands débuts derrière la caméra en dirigeant The Exorcism of Emily Rose.

«Je n'avais aucune idée qu'après, je me retrouverais à la barre de The Day the Earth Stood Still!» souffle-t-il. Mais le projet lui a été proposé. Il l'a accepté à condition de pouvoir le mettre au goût du jour: «Le film original, qui date de 1951, est une allégorie sur la Guerre froide, explique-t-il. J'aimais l'idée de raconter cette même histoire mais en la mettant au service des problèmes que nous avons aujourd'hui.»

L'un des principaux étant de nature... écologique. Le Klaatu qu'incarne Keanu Reeves ne s'inquiète plus de la violence que les hommes font aux autres hommes mais de celle qu'ils exercent contre la planète qu'ils habitent : «Il vient vérifier si les humains sont capables de changer ou si le problème nous doit être éliminé. Selon moi, ce film montre le pire de nous-mêmes et tend un miroir vers ce que pourrait être le meilleur de nousmêmes», explique l'acteur.

Dans sa quête, Klaatu rencontre une astrobiologiste (Jennifer Connelly) qui élève, seule et non sans mal, le fils de son conjoint décédé (Jaden Smith) : «L'évolution de sa relation avec le garçon va être déterminante dans la perception que Klaatu a de l'humanité», fait la comédienne dont le personnage «porte le point de vue du spectateur sur l'histoire».

Autre rencontre de l'extraterrestre : celle d'un savant déchiré entre sa vocation et le fait qu'il soit au service d'un gouvernement qui veut détruire la menace venue du ciel. Dans ce rôle, Jon Hamm. «Quand nous l'avons engagé, deux épisodes de Mad Men avaient été diffusés. S'il y en avait eu quatre de plus, nous n'aurions jamais pu nous le payer!» pouffe Scott Derrickson qui, dans un autre ordre d'idées, a poussé la métaphore écologique jusque dans les effets spéciaux de «son» The Day the Earth Stood Still.

Ici, pas de soucoupes volantes ni d'armes high-tech. Tout est très organique dans le «véhicule», l'équipement et les armes de Klaatu: «Dans la science-fiction traditionnelle, la mécanique, la technologie de pointe sont mises de l'avant. Mais pour moi, ce sont des technologies de notre temps, ces mêmes technologies qui ont contribué à créer les problèmes que nous avons aujourd'hui. Je pense qu'une civilisation beaucoup plus avancée aurait mis au point des choses plus écologiques.»

«De toute manière, les gens ne veulent plus voir de surenchère d'effets spéciaux. Ils veulent de bonnes histoires servies par des effets spéciaux», assure Keanu Reeves qui, parlant bonnes histoires, lance au vol, en quittant la salle, qu'il aimerait bien tourner une suite à Constantine.

Espérons que ce message de Keanu, comme celui de Klaatu, sera entendu!

_________________________________________________________
The Day the Earth Stood Still prend l'affiche vendredi, en anglais et en français (Lew jour où la terre s'arrêta)

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par 20th Century Fox