Le vétéran producteur David Zanuck a dit oui à tout quand le projet Yes Man a atterri sur son bureau. Le réalisateur, le scénario, la distribution. Jusqu'à ce qu'arrive la demande incongrue de Jim Carrey: la tête d'affiche du film voulait sa bénédiction pour se jeter un bas d'un pont.

Flash-back

À l'origine de cette feel good comédie, un livre de Danny Wallace. Pas un roman, juste une torsion de la réalité. Après que sa copine l'eut quitté, l'humoriste britannique est devenu un «No Man». Non aux copains. À la famille. Aux occasions de rencontres. Jusqu'à ce que quelqu'un, dans un autobus (!), note qu'il devrait dire oui plus souvent. Remarque anodine qu'il a prise au mot.

«Je me suis alors mis à multiplier les... yes-capades. Je suis allé voir le spectacle d'un groupe appelé General Onion and His Chocking Castanets, je suis allé passer un week-end à Singapour, etc.» racontait Danny Wallace lors d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles.

Un livre est né de l'expérience. Est tombé entre les mains du réalisateur Peyton Reed (The Break-Up). Qui a vu là un sujet en or pour le grand écran. Qui a confié l'adaptation à Nicholas Stroller, Jarrad Paul et Andrew Mogel. Et a fait lire le scénario à Jim Carrey. Qui a dit oui. À presque tout. Il a fait non... quand est venu le temps de se faire remplacer par un cascadeur pour un saut en bungee.

«Je me sentais capable de sauter vraiment», fait Jim Carrey qui, dans Yes Man, incarne Carl Allen, un type dont la vie ne va nulle part, qui passe son temps à refuser les invitations... et les demandes de prêt posées sur son bureau à la banque où il travaille. Jusqu'au jour il s'engage dans un programme de croissance personnelle où les gens sont poussés à acquiescer à tout.

C'est ce qui, d'une part, lui permettra de rencontrer Allison, «un esprit libre, une fille qui peint, fait de la photographie et de la musique. Qui est créative et spontanée. Elle est naturellement ce que Carl tâche d'être», résume son interprète, Zooey Deschanel.

Et c'est ce qui, d'autre part, l'amènera sur un pont. Pour le fameux saut. «Dans toute cette atmosphère de oui-oui-oui, j'ai eu envie de sauter vraiment», fait Jim Carrey qui affirme avoir déjà été un «No Man», mais s'être soigné. Il dit maintenant oui à tout, «voyez, même au changement de sexe!» pouffe le comédien qui semble incapable de garder son sérieux.

Richard Zanuck, Peyton Reed et les assureurs du studio ont alors dit non. Heu... nous sommes bien sûr de retour sur le pont. Le comédien a insisté. Ils n'ont pas plié. Lui non plus. Ils ont finalement dit oui, à une condition: que la scène soit filmée le dernier jour du tournage... au cas où l'acteur se tuerait en sautant. Impitoyables, les lois d'Hollywood? Oui.

Et par un beau matin, Jim Carrey s'est retrouvé sur une plateforme, au-dessus d'un canyon. «Un cauchemar, avoue-t-il aujourd'hui. Pendant une semaine, je n'ai rêvé qu'à ça. Je pense que j'étais en état de stress post-traumatique.» Juste (?) retour des choses, l'équipe de Yes Man ayant été, elle, en état de stress prétraumatique jusqu'avant son fameux saut!

Mais il fallait qu'il le fasse: «Dans la vie, les choses qu'on regrette sont celles auxquelles on a dit non. Et c'est un des messages du film. Il faut embrasser la vie. Dire non à une invitation peut, indirectement, signifier dire oui... au sofa et aux croustilles. Mais dire oui à un truc qui, au départ, ne nous tentait pas, peut mener à quelque chose de plus grand, à quoi on n'avait pas pensé.» À l'amour, par exemple. Comme c'est le cas pour Carl.

Dans ce contexte, il était important, pour le réalisateur et sa vedette, que la relation entre Allison et Carl soit aussi crédible qu'originale, «même s'il est difficile de faire quelque chose d'entièrement nouveau dans le genre comédie romantique», note Peyton Reed. Il a donc travaillé fort afin que le ton de Yes Man se positionne «quelque part entre les comédies pour lesquelles on connaît Jim et ses films plus sérieux».

Un défi auquel Jim Carrey a, vous l'aurez compris, dit oui!

Yes Man
prend l'affiche le 19 décembre, en anglais et en français (Monsieur Oui). Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Warner Brothers.