Dans le documentaire À la rencontre du père Noël (Men In Red Suits), maintenant disponible sur DVD, Marc Girard et Gary Evans traquent le célèbre personnage de Montréal à Denver et de New York à la Suède en passant par Francfort.

Girard, qui joue lui-même les pères Noël depuis une dizaine d'années, visite une école de pères Noël, puis nous en présente de traditionnels qui prennent leur rôle au sérieux, d'autres qui participent à des olympiades au nord du cercle polaire, d'autres encore qui font la partouze dans leur costume de vieillard à barbe blanche, sans oublier des anti-père Noël qui dénoncent le consumérisme ou se réclament de saint Nicolas. Au terme de leur quête, les cinéastes montréalais découvrent un père Noël moins unidimensionnel qu'on le ne le croit généralement, explique Gary Evans.

Q Pourquoi avoir fait ce film à deux?

R Quand j'ai proposé le sujet à Marc, il m'a dit : «Tu te souviens que je suis un père Noël?» J'avais complètement oublié. On se complète bien. Marc est plus introverti, il s'intéresse au rapport du père Noël avec les enfants. Pour moi, la clé ce sont les Santarchistes (NDLR : des pères - et mères Noël païens et un brin anarchistes qui prennent un coup, se tripotent et font la fête à New York). Ils ressuscitent sans le savoir une tradition d'avant la révolution industrielle, avant que Noël ne devienne une fête domestique, tranquille, familiale. Moi, ce qui m'intéresse, c'est comment la tradition se répand, comment elle se transforme et comment le père Noël survit.

Q Dans votre film, le père Noël transcende la religion et le commerce.

R Il est aussi le fil conducteur dans les célébrations du solstice d'hiver, qui ramène la lumière au moment où les journées commencent à allonger. Le père Noël va probablement exister dans une centaine d'années alors que Noël tel qu'on la connaît sera complètement transformée. Il n'appartient pas à Coca-Cola, ce n'est pas Mickey Mouse ni Ronald McDonald. C'est un personnage un peu étrange et mystérieux.

Q Les pères Noël trouvent très gratifiant le contact avec les enfants. En jouant au père Noël, ces adultes ne renouent-ils pas avec leur propre enfance?

R Jody Franklin (un Santarchiste new-yorkais) raconte que quand il a cessé de croire au père Noël, ses parents l'ont impliqué dans la conspiration pour qu'il joue le jeu avec sa jeune soeur. Dans le film, une jeune fille, brillante et un peu provocatrice, dit : «Si vous croyez en Dieu, je peux bien croire au père Noël.» Les enfants n'ont pas nécessairement une foi aveugle envers le père Noël, mais ça les aide à composer avec la difficulté de trouver des réponses claires à certaines questions.

Q Votre film a été diffusé à Radio-Canada il y a un an, pourquoi vient-il juste de sortir en DVD?

R C'est un film saisonnier. On lance le DVD en décembre, puis il va être invisible pendant 10 ou 11 mois. Si on le vend à la télé américaine, elle va le diffuser à la fin de 2009.

Q Vous avez un autre film en préparation?

R Je veux explorer la tradition du punk-rock. Il faut remonter au moins jusqu'aux années 20 ou 30. Je trouve qu'on manque souvent de perspective. Certains pensent que le père Noël a été inventé par Coca-Cola, d'autres croient que le punk-rock est la création des Sex Pistols et de Malcolm McLaren, qui y ont évidemment joué un rôle. Mais je n'en dirai pas plus, de peur qu'on me pique mon idée.