Reconnu pour sa galerie de «méchants stylisés», Lambert Wilson ajoute dans Comme les autres un autre genre de personnage à sa collection: un homme sympathique en mal de paternité.

En matière de reconnaissance des droits des homosexuels, du mariage des conjoints de même de sexe et d'homoparentalité, la France a beaucoup de retard, reconnaît Lambert Wilson, vedette de Comme les autres, un premier long métrage signé Vincent Garenq.

«À vrai dire, nous sommes très mauvais élèves. Des pays où la religion joue un rôle prépondérant, l'Espagne notamment, sont déjà en avance sur nous en ce domaine! C'est quand même un peu gênant. Ne sommes-nous pas le pays des droits de l'Homme? Je crois que ce sujet gêne les politiciens. La société civile évolue toujours beaucoup plus rapidement que le législateur.»

Dans Comme les autres, une comédie de situation qui paraîtra un peu décalée au public québécois, Lambert Wilson incarne un homme gai en mal de paternité, dont le conjoint (Pascal Elbé) ne partage pas du tout la même envie. Par le biais de cette histoire destinée à un public familial, des thèmes intéressants sont abordés: l'accessibilité à l'adoption pour des couples homosexuels masculins; le recours à une mère porteuse; la dynamique de couple quand l'appel de parentalité n'est pas partagé de la même façon.

«Il est rare de tomber sur un personnage qui vous permet de jouer sur tous les registres, fait valoir l'acteur. Cet homme est un personnage très humain, très engagé socialement, plongé dans une histoire complexe sur le plan intime. Je retrouve dans ce film un regard un peu similaire à celui que posait Frank Capra sur l'humanité. C'est une vision optimiste.»

Garenq, qui s'est inspiré de l'histoire d'un ami de collège pour créer cette histoire, confirme cette vision des choses. Et réitère sa volonté d'avoir voulu faire un film accessible et divertissant, qui pourrait de surcroît amener le spectateur à réfléchir aux questions abordées dans le récit. Aussi n'avait-il pas prévu la réaction plutôt tiède de plusieurs homosexuels français face à son film.

«Franchement, j'ai été étonné que des homos puissent dire du mal de Comme les autres, dit le cinéaste. Les raisons de leurs doléances m'ont semblé dérisoires. Et quand le mot homophobie a été lancé sur la place publique, vraiment, je n'ai pas compris.»

L'amour tranquille

Plusieurs homosexuels français ont en effet reproché à Comme les autres de ne pas du tout faire écho à l'affection que se portent les deux hommes et de ne rien représenter à l'écran à cet égard. Ultime affront, la seule scène d'amour dépeinte dans le film est celle où le personnage qu'incarne Wilson se laisse aller à un moment «d'égarement» avec la femme qui pourrait peut-être lui donner l'enfant tant espéré (Pilar Lopez De Ayala).

«Ça m'a gonflé cette histoire, admet Garenq, lui-même père de famille. Et surtout déçu. Je ne voyais pas l'intérêt de souligner à gros traits et de façon plus graphique l'amour que se portent ces deux hommes, d'autant qu'ils vivent en couple depuis plusieurs années. Cela aurait relevé du cliché à mon sens. Le copain qui m'a inspiré cette histoire m'avait pourtant bien dit que s'il y a une chose sur laquelle les homos sont parfois intransigeants, c'est la façon avec laquelle leur sexualité est représentée à l'écran. Or, l'homoparentalité n'a rien à voir avec la sexualité. Ce n'était pas le sujet du film.»

«Ce sont les contradictions du personnage qui sont intéressantes, renchérit Lambert Wilson. Il ne fallait pas tomber dans le voyeurisme non plus. Oui, on peut trouver le film trop gentillet, ou trop consensuel, mais un film qui aborde des thèmes comme ceux-là déborde du cadre du cinéma d'une certaine façon.»

L'acteur estime en outre que les discussions qu'a suscitées Comme les autres en France sont saines et très bienvenues. Plusieurs témoignages émouvants ont été entendus lors de discussions organisées après certaines projections.

«Il ne s'agit pas d'un film militant, fait remarquer Lambert Wilson. Mais on ose quand même espérer que les choses évoluent dans le bon sens. À cet égard, Brokeback Mountain a contribué à faire évoluer les mentalités.»

Comme les autres est présentement à l'affiche. Les frais de voyage ont été payés par Unifrance.