Dans Knowing, un film de science-fiction où il se retrouve seul à pouvoir décoder un message annonçant le sort tragique de notre planète, Nicolas Cage a enfin l'occasion de faire écho à des sentiments qu'il avait envie d'exprimer depuis longtemps.

Quelque chose a changé chez Nicolas Cage. Faut-il mettre ce changement sur le compte de la maturité? L'acteur, maintenant âgé de 45 ans, pose en tout cas aujourd'hui un regard différent sur son métier.

«Au début, j'abordais un peu cette profession en y transposant l'énergie et l'attitude qu'on retrouvait dans les mouvements punk rock, a-t-il expliqué dimanche dernier lors d'une conférence de presse tenue à New York. J'y voyais un moyen d'exprimer la colère, la révolte. Des films comme Vampire's Kiss ou Wild at Heart procédaient de cet état d'esprit. En vieillissant, tout cela change. Forcément.»

Aujourd'hui, l'acteur ne cache pas sa volonté d'utiliser sa notoriété pour mettre à l'avant des projets qui sont plus en phase avec ses propres préoccupations. Des films qui, selon sa propre vision des choses, peuvent faire «évoluer les mentalités».

«Cela ne veut pas dire que j'abandonne complètement les films d'action, tient-il à préciser. Mais disons que je commence à être un peu fatigué d'avoir à prendre une arme pour tuer des gens. J'en suis à une étape où je suis pleinement conscient des responsabilités liées au succès. Je compte en faire bon usage.»

Sa participation dans Knowing (Prédictions en version française) découle de cette nouvelle approche. «Ce scénario est arrivé à point nommé dans ma vie, révèle Cage. Il y avait longtemps que j'avais envie d'exprimer ce genre de sentiments dans un film. J'ai évidemment beaucoup puisé dans ma propre relation avec mon fils.»

Dans ce film de science-fiction réalisé par Alex Proyas, un cinéaste australien qui a notamment fait sa marque avec The Crow et Dark City, Nicolas Cage incarne un astrophysicien dont le jeune fils hérite d'un étrange message. Dans une capsule enterrée en 1959 dans la cour de son école, laquelle renfermait des messages écrits par les élèves de l'époque destinés à ceux qui allaient leur succéder 50 ans plus tard, se trouvait en effet une missive troublante.

La jeune signataire avait couché frénétiquement sur papier une série de chiffres sans signification apparente, sans explication rationnelle non plus.

En les étudiant de façon plus approfondie, l'astrophysicien découvre pourtant que ces chiffres, transcrits il y a 50 ans, correspondent, en fait, à toutes les catastrophes qui ont marqué le monde depuis cette époque. Et révèlent de façon précise leur date, leur emplacement et, fait non négligeable, le nombre des victimes de chacune. Fait encore plus inquiétant, trois des événements décrits ne sont pas encore survenus. Dont l'un est d'une envergure inimaginable...

«La bonne science-fiction a cette faculté de nous mener directement à de grandes questions, des questions fondamentales, observe Nicolas Cage. Elle nous tient rarement dans les concepts abstraits.»

Une vision harmonieuse

Au-delà du film catastrophe bourré de scènes spectaculaires puisées à même la vision de ce que pourrait être la fin du monde, Knowing s'inscrit aussi dans l'éternel combat entre la science et la religion. Entre la connaissance et la foi.

«Les gens peuvent y prendre ce qu'ils veulent, selon leurs propres valeurs, fait remarquer l'acteur. J'estime qu'il ne serait pas indiqué pour moi de faire connaître mon opinion sur le sujet, dans la mesure où le rapport personnel qu'entretiendra le spectateur envers ce film est de loin plus important. Tout ce que je peux dire, c'est que je comprends mal pourquoi la science et la religion ne pourraient pas être complémentaires. Je suis en tout cas heureux du film. Alex Proyas et moi avons travaillé en totale harmonie. J'étais en parfaite symbiose avec sa vision, tant sur le plan cinématographique que philosophique. C'est rare!»

En ces temps de crise, où les gens n'ont peut-être pas nécessairement envie d'évoquer la fin du monde, le cinéma reste, aux yeux de Nicolas Cage, plus pertinent que jamais.

«Bien sûr, ce film évoque une finalité que personne ne souhaite, mais il renferme quand même une très belle vision d'espoir. Plus que jamais, le cinéma a une fonction sociale, ne serait-ce que pour nous guider dans des expériences difficiles. Le cinéma sert à nous divertir, mais il peut aussi nous faire réfléchir. Et nous stimuler de multiples façons.»

Knowing (Prédictions en version française) prend l'affiche le 20 mars. Les frais de voyage ont été payés par Films Séville (Summit Entertainment).