Geôles au sous-sol, appartements déglingués et autres ruelles mal éclairées sont recréés au 2055, rue Drummond. Le suspense sera entier dans la production canadienne Die, premier long métrage de Dominic Laurence James. La Presse a fait une visite exclusive du plateau.

Aperçu entre deux portes du décor, Dominic Laurence James, casquette vissée sur la tête, rassure, à propos du tournage: «On survit», souffle le jeune réalisateur. Assis devant le moniteur, il guette, un oeil sur son scénario, le bon déroulement de l'action devant la caméra. Fait rare au Québec, son premier long métrage se tourne avec un budget de 8 millions.

Sur le plateau, une jeune policière (l'Italienne Caterina Morino, aperçue dans Casino Royale) se prépare, flingue au poing, à entrer dans un appartement où une mauvaise surprise l'attend. N'en disons pas plus: le suspense du scénario, signé Domenico Salvaggio, reste entier.

«On veut faire un build-up marketing avec le projet», justifie le producteur, André Rouleau, de Caramel Films. De Die, on saura juste que le film se passe dans un avenir immédiat. «Le monde en crise, tout le monde fait une dépression. Un groupe tente de sauver ces âmes perdues», poursuit le producteur.

Initialement intitulé Dice, le projet a perdu un «c» au moment du tournage, pour des raisons de mise en marché, dit le producteur. «Il y a un jeu de mots avec le dé et avec le mot mourir. En même temps, on ne veut pas jouer sur le casino et ce genre de choses», dit-il.

Quelques scènes du film ont certes été tournées dans un casino, mais aussi dans le très glauque ancien hôpital chinois de Montréal. De nombreux intérieurs le sont dans un gymnase désaffecté du centre-ville. Voué à la démolition, le bâtiment offre des surfaces accommodant facilement l'aménagement de salles de torture, cages de verre ou autres couloirs grillagés où l'action se déroule.

«On a tout défait le plancher», nous montre, au sous-sol, le producteur du film lors de notre visite de plateau. Face à nous: des cellules vitrées - toilettes incluses - dans lesquelles se morfondent des prisonniers. Derrière nous, un couloir grillagé.

La production n'a pas hésité à ajouter, sur d'autres étages, des bars ou à installer une tuyauterie vieillotte pour rendre l'ensemble plus varié. Au premier étage, on fait un tour dans le taudis d'une junkie, où les rares conserves se battent en duel, dans les placards vides, avec une paire de verres.

Une grande ville non déterminée

Le style des décors est nord-américain. «Ça se veut une imitation d'une grande ville américaine non déterminée. On s'est inspirés du vieux Chicago: on voulait quelque chose de rétro pour éviter de faire, à l'écran, un futur qui vieillit mal», dit Elisabeth Williams, chef décoratrice du film.

Le producteur du film se réjouit par ailleurs de compter, dans son équipe, sur les bons soins du directeur photo Nicolas Bolduc (Next Floor, Le Banquet, Truffe). «Il est excellent! Avec lui, chaque scène est un tableau», se réjouit M. Rouleau.

Entamé il y a quatre semaines, le tournage de Die devrait se poursuivre jusqu'à la fin du mois. L'équipe se déplacera aussi à New York pour quelques extérieurs, histoire, selon M. Rouleau, «d'aérer le film». Die a reçu le coup de pouce d'un producteur italien, Andrea Marotti. De son côté, André Rouleau croit au potentiel international d'un film qu'il présente comme une production typiquement canadienne.

Bill Croft, Emily Hampshire, John Pyper Ferguson et Patricia McKenzie font partie de la distribution. Au Canada, la date de sortie n'a pas encore été fixée. Remstar, l'ancien employeur de M. Rouleau et Alliance Vivafilm distribueront le film au Canada.