Certaines choses ne peuvent pas être expliquées. C'est le leitmotiv de Haunting in Connecticut, premier long métrage de Peter Cornwell. L'actrice Virginia Madsen, vedette du film, y adhère sans retenue.

«Le monde ne se limite pas à ce que l'on perçoit. Croire cela, c'est au mieux naïf et au pire, arrogant. Il y a tant de choses que l'on ne connaît tout simplement pas», raconte la comédienne vue notamment dans Sideways.

Elle plonge ici dans un registre très différent. Son nouveau film combine deux mondes opposés: celui des maisons hantées et celui des films de catégorie «inspirés de faits vécus». Il s'agit ici de l'histoire des Campbell, une famille américaine dévote mais fragilisée. Papa est un ancien alcoolo. Fiston souffre du cancer et ses traitements ruinent lentement la famille. Virginia Madsen incarne la maman qui essaie tant bien que mal de jouer la femme forte.

Les Campbell doivent ré-hypothéquer leur maison. Ils déménagent dans une vieille demeure victorienne pour se rapprocher de l'hôpital où sont prodigués les traitements. C'est là que les ennuis commencent. Car la maison servait autrefois de salon funéraire et de lieu d'incantations. Le passé se cache dans le sous-sol et il refuse de mourir...

«Après mon rôle dans Candyman, j'ai reçu des dizaines de scénarios de films d'horreur. Aucun ne m'intéressait vraiment. Mais celui-ci, je l'ai aimé dès la troisième ou quatrième page. Les films les plus terrifiants sont ceux où l'on s'attache d'abord aux personnages avant de craindre pour eux. C'est ce qui explique pourquoi The Changeling avec George C. Scott m'a tant traumatisée et pourquoi Haunting in Connecticut me plaît. Le drame familial précède l'horreur. Et il l'amplifie.»

Pour apeurer, le film mise aussi beaucoup sur la classique fausse alerte. Le bruit qui reste inexplicable, du moins pendant quelques secondes. «C'est la demi-seconde entre le moment où l'on entend un bruit à la fenêtre et le moment où l'on réalise qu'il s'agit seulement du vent. Pendant cette fraction de seconde, on pense aux pires choses, au voleur, au monstre. C'est l'enfant en nous qui réagit», réfléchit Madsen.

À cette ambiguïté s'ajoute l'étrangeté. On se demande parfois si les personnages sont bons ou méchants. Ou tout simplement ce qu'ils souhaitent. Par exemple, ce mirage d'homme qui ressemble à un croisement entre Raspoutine et Freud avec des verres fumés. Ou ce jeune enfant, tantôt victime, tantôt bourreau. On n'en dit pas plus...

Quelque chose est arrivé

L'intrigue se fonde sur l'histoire apparemment véridique des Reed. Le réalisateur Peter Cornwell l'a découverte en regardant un documentaire à la télé. Il a ensuite rencontré les protagonistes, encore vivants aujourd'hui.

Au lieu de tourner dans la maison des Reed, le cinéaste a déniché une vieille maison en banlieue éloignée de Winnipeg. Il en a fait un personnage clé du film. «Cette maison-là n'était pas hantée», prend la peine de préciser Virginia Madsen, même si on ne posait pas la question.

L'actrice croit toutefois qu'il existe des maisons hantées, et que celle des Reed l'était véritablement. «Je pense que quelque chose est vraiment arrivé à la famille, quelque chose qui l'a changée à jamais. Quoi? Encore une fois, c'est un de ces cas qu'on ne pourra probablement jamais expliquer.»

The Haunting in Connecticut (Malédiction au Connecticut en version française) est présentement à l'affiche.