Disney lance mercredi, Jour de la Terre, son premier documentaire consacré à la nature. Terre (Earth) est le premier d'une série de productions visant à sensibiliser l'homme à la sauvegarde de la planète.

Disney Nature, le nom de cette nouvelle branche corporative, n'a pas lésiné sur les moyens. Des équipes de tournage formées d'une soixantaine de personnes ont sillonné 64 pays pendant plus de cinq ans pour rapporter des images illustrant la diversité des écosystèmes de la planète.

La narration de la version française a été confiée au biologiste Jean Lemire, réalisateur de Mission Antarctique et grand défenseur de l'environnement. Le Soleil s'est entretenu avec lui.

Q  : Comment Disney en est-il venu à faire appel à vos services pour assurer la narration de Terre?

 

R : C'est une longue approche. Pour moi, il était important de vérifier le sérieux de la compagnie à laquelle j'accolais mon nom. J'ai pu sentir le désir réel de Disney de revenir aux sources, avec des films sur la nature et la famille. Disney compte tourner des grands documentaires sur la nature, au rythme d'un par année. J'aime beaucoup cette nouvelle vocation. Terre est le genre de documentaire que j'aurais aimé faire.

Q : Est-ce que Disney vous a donné une certaine liberté sur les textes?

R : Disney a un grand respect pour le public du Québec. On n'a pas voulu d'une simple version doublée à l'étranger. On a voulu en faire une ici. J'ai eu une grande latitude pour retravailler les textes. J'ai apporté des changements dans quelques expressions de façon à ce qu'elles soient mieux comprises par le public québécois. Je crois que c'était essentiel. Ceci dit, je devais quand même garder le ton Disney.

Q : Il y a dans Terre des images franchement impressionnantes. Comment a-t-on fait pour filmer les animaux d'une façon aussi avant-gardiste?

R : Il y a du jamais-vu sur grand écran. J'aime beaucoup cette nouvelle technique avec des stabilisateurs gyroscopiques permettant des images du haut des airs, en ballon. C'est une grande innovation qui empêche de déranger le comportement des animaux au sol.

Q : Le film fait le pari de montrer la nature telle qu'elle est, sans mettre l'accent sur les répercussions du réchauffement climatique. Je suppose que c'est une approche feutrée qui vous a plu?

R : C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles j'ai accepté de participer au projet. Ça fait partie de ma démarche. La simple beauté du monde est le message de sensibilisation le plus puissant. La démarche suivante, c'est de la respecter. Les explications scientifiques et la morale, on ira les chercher dans d'autres films. (...) La scène où l'ours polaire s'en prend à un troupeau de morses est à elle seule un plaidoyer pour la sauvegarde de la planète. Ce sont des images puissantes en soi puisqu'elles sont reliées à la fonte des glaces et au réchauffement climatique. L'alimentation de l'ours s'en trouve modifiée. Il est alors poussé à s'en prendre à des proies plus grosses que la normale.

Q : Je suppose que les réalisateurs et techniciens ont dû attendre longtemps pour saisir sur le vif certaines images...

R : Ç'a pris beaucoup de patience. Moi et mon équipe avons déjà passé des mois à tenter de filmer une attaque d'un ours polaire sur des morses.

Q : Et pour la suite des choses, quels sont vos projets professionnels?

R : Je me prépare, l'an prochain, à un grand tour du monde pendant deux ans, encore une fois à bord du Sedna IV. Comme pour Mission Antarctique, moi et mon équipe tournerons un long métrage et une série télé sur la biodiversité de la planète. Je prépare aussi un gros spectacle environnemental avec le metteur en scène Dominic Champagne. C'est un projet en développement depuis deux ans. C'est un spectacle un peu dur à définir. Ce n'est pas du cirque, ce n'est pas du théâtre à 100 %. Il y aura beaucoup de projections vidéo assez originales.