Ceci n'est pas une comédie romantique. Ou, si c'en est une, elle est d'une classe à part: (500) Days of Summer, par son esprit, son esthétique, sa trame sonore et l'originalité - entre autres - de sa structure et de son point de vue, pourrait être le Juno de cette année. Ce ne sont pas ses créateurs qui le disent. Ils ont au moins... (500) autres choses à évoquer au sujet du film - et des Summer qu'ils ont croisées.

«Ce n'est pas une comédie romantique mais ce n'est pas non plus une anti-comédie romantique. Je dirais plutôt que c'est un conte préventif», explique Scott Neustadter, qui a écrit le scénario de (500) Days of Summer avec son copain Michael Weber, s'inspirant d'une mésaventure amoureuse qu'il a vécue et appliquant donc la règle numéro un de ceux qui veulent réussir en écrivant: «Parle de ce que tu connais.»

Rencontrés en table ronde dans un hôtel de Los Angeles, les deux complices résumaient leur scénario comme étant la rencontre de Memento et... disons, When Harry Met Sally ou Pretty Woman mais When Harry Met Sally ou Pretty Woman vus à travers les yeux de Billy Crystal ou de Tom Hanks uniquement. On oublie Meg Ryan et Julia Roberts.

Chose que confirme le réalisateur Marc Webb, dans l'entrevue qu'il a accordée à La Presse. «Nous jouons avec les codes de la comédie romantique mais en évitant les conneries que véhicule ce genre. Je sais, nous sommes des êtres humains et nous aimons être rassurés, nous faire dire que le destin sera bon pour nous et que nous serons heureux jusqu'à la fin des temps.

La vérité, c'est que l'amour demande de l'engagement et du travail. Ce n'est pas quelque chose de facile ce qui ne veut pas dire que ça n'en vaut pas la peine», fait celui qui, oui, a connu quelques «Summer» dans sa vie.

Summer (Zooey Deschanel), donc, c'est la jeune femme que rencontre Tom (Joseph Gordon-Levitt), architecte à Los Angeles, qui croit fermement, même dans le monde cynique dans lequel il évolue, en l'amour coup-de-foudre-et-à-jamais entre deux être, que des forces cosmiques, rien de moins, poussent l'un vers l'autre. Bref, il est à une distance sidérale de la vision que Summer a des relations homme-femme. Pourtant, histoire (d'amour?) il va y avoir entre eux.

C'est cette histoire que raconte (500) Days of Summer. Cette histoire «écrite par deux gars, réalisée par un gars et présentant le point de vue d'un gars, sans ironie et sans jamais chercher à se justifier», fait Joseph Gordon-Levitt, qui a été séduit par la différence entre ce scénario et les «comédies romantiques écrites et réalisées par des femmes pour des femmes». Rares sont en effet les Forgetting Sarah Marshall et (500) Days of Summer dans le monde de la «rom com».

En fait, si le script avait été de cette eau plus convenue, Marc Webb qui signe ici son premier long métrage mais a un long passé avec le vidéoclip et la publicité (cela se sent dans la facture visuelle et sonore du film) n'aurait pas été du projet. «Le manuscrit a traîné dans mon sac à dos pendant des semaines et parce qu'on m'avait parlé de comédie romantique, je n'arrivais pas à me décider à le lire. Mais le titre m'intriguait.» Avec raison. On le comprend toutefois parfaitement dès qu'on est plongé dans le récit. Autant sur écran... que sur papier. Dès les premiers mots. Auxquels il est impossible de ne pas pouffer.

Suivent ces allers et retours dans le temps. Parce que (500) Days of Summer n'est pas raconté de manière chronologique. «Nous sommes, du début à la fin, dans le point de vue de Tom, explique le réalisateur. Il se souvient. Or, les souvenirs ne sont pas linéaires. Vous voyez ça, ça vous rappelle tel moment. Vous vivez ça, ça vous ramène à tel autre moment. Vous entendez ça, vous revenez à ce troisième moment.»

Et ces souvenirs prennent la couleur de l'humeur (euphorie ou colère), de la naïveté et des désirs de Tom. Normal: «Il y a une certaine fantaisie dans les choses dont on se rappelle. D'où les scènes inspirées des comédies musicales ou des films de la Nouvelle Vague», poursuit Marc Webb qui, avec les scénaristes et les acteurs, a toujours cherché, sciemment, la subjectivité. L'objectivité n'est pas de ce programme.

Même Zooey Deschanel, presque seule dans «le clan des filles» pendant les 29 jours de tournage, a endossé ce point de vue. Même si cela rendait sa performance plus risquée: idéalisée pendant un temps, dure est la chute de Summer quand ça déraille avec Tom! «Il fallait donc, pour que le personnage ne se mette pas le public à dos, qu'il existe une véritable chimie entre Joseph et moi. En fait, c'est vraiment le genre de projet qui aurait complètement pu s'écraser si je n'avais pas eu le bon partenaire et vice-versa», note la comédienne qui s'est imprégnée, vraiment, de cet air... de Summer.

«Summer qui, conclut le réalisateur, n'est pas une fille mais un événement.» Mmmm... À méditer.

(500) Days of Summer prend l'affiche le 24 juillet (en anglais seulement).


Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Fox Searchlight Pictures.

Il dit, elle dit

Tom et Summer se côtoient, s'apprivoisent, s'aiment, se disputent, se séparent, etc. Et, surtout, ils ne voient pas la vie de la même manière. Qu'en est-il de Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel? Ils sont très amis depuis 10 ans en fait, depuis qu'ils ont tous les deux tourné dans le film Manic de Jordan Melamed mais ont-ils la même vision de ce (500) Days of Summer dont ils sont les vedettes? Petit test.

Joseph Gordon-levitt (Tom Hansen)


Q > Pour vous, ce film est...
R > ... la comédie d'une renaissance.
Q > À vos yeux, Tom Hensen est...
R > ... une victime de ces comédies romantiques qui présentent une version simplifiée de l'amour. Il pense que l'amour est semblable à ce qu'il voit dans les films et entend dans les chansons. À cause de ça, il est bourré d'idées préconçues et simplistes sur ce que l'amour devrait être. Or, si l'amour est une belle chose, ce n'est pas une chose simple.
Q > Que vouliez-vous apporter au personnage?
R > Je voulais mettre son honnêteté de l'avant. Il pourrait être extrêmement agaçant à cause de son comportement mais ses gestes, il les fait en toute innocence, en étant fermement persuadé que c'est ce qui est attendu de lui.
Q > Quel genre de comédies romantiques aimez-vous?
R > Celles des années 30 et de la Nouvelle Vague, comme Une femme est une femme de Jean-Luc Godard.

Zooey Deschanel (Summer Finn)

Q > Pour vous, ce film est...
R > ... une histoire d'amour postmoderne.
Q > À vos yeux, Summer Finn est...
R > ... une sceptique née: elle n'attend pas «la bonne personne» parce qu'elle ne croit pas qu'une telle personne existe. Sauf qu'avoir une philosophie est une chose, mais ça ne garantit pas que vous serez heureux en la mettant en pratique. Sinon, elle est aussi une fille intelligente, intéressante, un esprit libre... avec tous les problèmes que cela n'exclut pas.
Q > Que vouliez-vous apporter au personnage?
R > Summer était un défi pour moi: je voulais en faire un personnage très réaliste dans un film extrêmement subjectif, rendre concrète cette femme que Tom déifie, que l'on voit à travers son regard presque jusqu'à la toute fin du film.
Q > Quel genre de comédies romantiques aimez-vous?
R > Une femme est une femme... et d'autres comédies romantiques de la Nouvelle Vague. Celles des années 30 aussi.