Près de deux ans après le clap final, voici enfin le Louis Bélanger tourné en anglais, en plein air: The Timekeeper. Adapté du roman de Trevor Ferguson, The Timekeeper (L'heure de vérité) met en scène un monde d'hommes devenus de véritables loups entre eux. Louis Bélanger et Roy Dupuis racontent.


C'est une histoire canadienne, qui se passe dans les Territoires du Nord-Ouest. Martin (Craig Olejnik) vient de tout perdre: il se fait embaucher sur un chantier, à plusieurs heures de route de la civilisation. Le monde qui l'attend n'a plus rien de celui qu'il a laissé derrière lui. Confronté à la loi du plus fort, Martin voit ses principes mis à rude épreuve.

Ce monde de brutes, dans les bois, a éloigné Louis Bélanger des univers urbains et confinés de ses deux précédents longs métrages (Gaz Bar Blues et Le génie du crime). «J'avais besoin de sortir de Montréal. Mes deux autres films, avant, étaient dans des lieux confinés. C'était bien différent», estime Louis Bélanger.


Dans The Timekeeper, Louis Bélanger a donc posé plusieurs conditions: tourner dans un décor aussi sauvage que celui des Territoires du Nord-Ouest (ce sera la région de Sept-Îles) et conserver la langue du roman de Ferguson, l'anglais. «L'adapter en français, ça aurait été dénaturer la job», dit-il.


Les producteurs, Lorraine Dufour et Réal Chabot, «ont eu l'intelligence de comprendre que ça se tournait pas à Rawdon, un film comme ça. Ça se passe à 100% à l'extérieur: si tu commences à faire des concessions et à tourner dans un studio ou dans une forêt à côté de Montréal, tu rates un projet», estime Bélanger.


«C'est un film qui était dur à faire, mais j'étais super heureux. J'avais couru après ça: amener une gang dans le bois, faire mon affaire. Quand tu fais un genre de tournage de même, les liens deviennent très serrés. Tu es avec ta gang, tout le temps. J'étais bien heureux», se souvient le réalisateur.


Roy Dupuis, barbu et le cheveu hirsute


À l'époque, la presse avait été conviée sur les lieux du tournage: dans les bois, un campement servait de décor à une grande partie du film. Roy Dupuis, dans la peau de l'un des compagnons d'infortune de Martin, nous y était alors apparu en grande forme. «Plus on ressent là où se passe l'histoire, plus c'est nourrissant», dit aujourd'hui le comédien.


Roy Dupuis est Scully, un homme capable d'une violence surprenante. «Il ne tue pas gratuitement: il le fait pour survivre», nuance Roy Dupuis. Enlaidi à dessein par Louis Bélanger, Roy Dupuis porte la barbe et garde le cheveu hirsute. «On n'est même pas allés aussi loin que ce que je voulais: je voulais me raser le coco, caler, carrément. À cause de Mesrine, j'ai pas pu vraiment le faire», regrette Dupuis.


Sortie discrète


Destiné, lors du tournage, à un public festivalier, The Timekeeper sort discrètement sans le soutien d'aucun festival. Depuis la fin du tournage, le film a, en effet, été balloté d'un distributeur (Christal) à un autre (Séville). «Je suis en paix avec ce film-là. C'est tellement un gros film aux plans de la logistique et de l'ambition. Ce sont des gros moyens (6 millions), il y a plus de monde pour superviser. Au bout du compte, il faut se battre pour gagner ses batailles. Mais je suis fier d'avoir mené cette immense galère à bon port», dit Louis Bélanger.



Si sa relation avec Trevor Ferguson pourrait déboucher sur une autre adaptation en anglais, Louis Bélanger se prépare avec bonheur à tourner son prochain film, produit par Fabienne Larouche et Denise Robert, Demande à ceux qui restent. «Ça me fait le plus grand bien de faire un film en français. En anglais, c'est plus compliqué pour moi. Le Canada anglais a une autre approche que nous autres. Chaque film, je ferais un autre univers. Je ne veux pas me répéter, je ne veux pas faire dans le même fonds de commerce. Un cinéaste doit prendre des risques», estime Bélanger.