Dans Je te mangerais, la jeune réalisatrice française Sophie Laloy explore la complexe et malsaine relation entre deux jeunes femmes, colocataires, amies, amantes. L'une est blonde, froide, amoureuse; l'autre est brune, passionnelle, immature. Entre elles, l'affrontement ne sera pas si inégal que l'on pourrait le croire.

Salué au FFM et lors de sa sortie en France, Je te mangerais, de Sophie Laloy, est un riche premier long métrage. C'est dans sa propre adolescence que Sophie Laloy, ancienne étudiante au Conservatoire de piano, a puisé l'inspiration pour Je te mangerais.

«Il y a en effet des éléments très personnels: j'ai fait des études de piano, comme le personnage, et j'ai eu une colocation très tendue. Je voulais travailler sur l'immaturité d'un personnage qui ne connaissait pas ses désirs et se retrouvait confrontée à la violence d'une passion chez sa colocataire», explique Sophie Laloy.

Marie (Judith Davis) a 19 ans. Elle quitte sa campagne et sa famille pour s'installer à Lyon, dans l'appartement très bourgeois de l'une de ses amies d'enfance, Emma (Isild Le Besco). Entre la jeune brune, apprentie pianiste, et la jeune femme blonde, apprentie médecin, une relation d'amitié ambiguë démarre.

Toutefois, si les personnages semblent typés dès le début du film, Sophie Laloy joue avec les apparences pour aussi retourner les situations à l'avantage de l'un ou l'autre personnage.

«J'avais vraiment pas envie de faire de la caricature, dit-elle. Je voulais montrer les faces cachées de ces personnages. Elles ont une image de l'une et de l'autre différente du début: l'une paraît légère mais a la passion de la musique, donc elle a beaucoup de profondeur, l'autre paraît froide, mais en fait c'est elle qui aime.»

Le film porte aussi sur la peur de l'amour, explique la réalisatrice. «Marie a peur de l'amour d'Emma. Marie n'est pas prête à être aimée. Emma est fragile, mais elle engendre une haine énorme chez Marie car ses sentiments sont maladroits», poursuit Sophie Laloy.

Sensation d'enfermement

Le film se concentre beaucoup sur l'appartement de Marie et Emma et crée une sensation d'enfermement. De Lyon, on n'aperçoit que le Rhône et les vieux quartiers de la Croix-Rousse au matin: «La ville de Lyon est une ville assez bourgeoise, on ne voit pas ce qu'il y a à travers les murs», croit Sophie Laloy.