Bienvenue dans l'univers impitoyable de l'adolescence: furoncles, maladresses et autres «roulages de pelles» peuplent le délicieux premier long métrage de Riad Sattouf, Les beaux gosses.

Bédéiste, Riad Sattouf a fait une entrée remarquée à la réalisation avec ces Beaux gosses, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes et distribué à l'étranger. Comme ses BD, son film s'intéresse à des personnages «bizarroïdes et un peu exclus», selon Sattouf, rencontré hier à Montréal.

Hervé (Vincent Lacoste) et son pote Camel (Anthony Sonigo) sont tout à leur recherche de la fille à «emballer», entre deux branlettes sur les pages sous-vêtements d'un catalogue de vente par correspondance. «Ce ne sont pas du tout des rebelles, plutôt des mauviettes. Emballer une fille est un but en soi: ce sont des enjeux restreints ou pathétiques», dit le réalisateur.

Drôle et réaliste

Accueilli très favorablement en France pour sa drôlerie et son réalisme, Les beaux gosses se démarque des productions courantes pour adolescents ou sur les adolescents: point de comédiens parfaits (à la Zac Efron ou Robert Pattinson) ou de comédiens trop vieux pour jouer les adolescents (à la façon de À vos marques...party!).

En gros plans, les comédiens sont filmés au naturel, dans toutes les imperfections d'un âge que l'on ne qualifie pas d'ingrat pour rien. «Ils ont des visages hyper beaux. J'adore leur peau qui brille, ça a un côté animal, un peu singe», estime Sattouf.

«J'avais vraiment une idée de ce que je voulais éviter: je voulais faire un film que j'aurais voulu voir quand j'avais 14 ans. Un truc dont je n'aurais pas eu honte», poursuit-il. Inspiré par sa propre adolescence, mais campé dans une France contemporaine, Les beaux gosses allie une certaine modernité avec des objets ou des sons sortis tout droit du passé.

La bande-son, composée par Sattouf et Flairs, a puisé dans les musiques des jeux vidéo des années 90, tout en donnant dans le rap et le nécessaire slow. Si les jeunes parlent en argot tout en écrivant à la façon des SMS, les ordinateurs et l'internet sont absents des Beaux gosses.

«Quand on parle de portable et de chat, soit on est contre et il n'y en a pas, soit on est pour et il y en a, mais c'est ringard de faire «chater» des personnages», dit-il. Intemporel, le film fait alors une «moyenne» de la jeunesse, des années 80 à aujourd'hui.

Sans passer par les classiques du genre film-avec-des-ados (conflits avec l'autorité, utilisation des drogues et autres), Les beaux gosses allie candeur et humour, fantaisie bizarre et réalisme, et provoque beaucoup de rires, même parmi un public québécois peut-être moins familier avec la langue des ados français. «L'accent renforce la comédie», croit Riad Sattouf.

En France, Les beaux gosses est devenu un vrai petit phénomène de société. Le film donne fortement envie de retourner vers l'univers BD de Sattouf, dont sa célèbre série «Pascal Brutal» ou son non moins intrigant Manuel du puceau.

Les beaux gosses a été présenté au FNC et prendra l'affiche en salle le 30 octobre.

Aujourd'hui au FNC

Le 38e FNC bat son plein à Montréal. Voici quelques-unes des présentations à surveiller aujourd'hui:

> Première de Demain dès l'aube, en présence de Vincent Perez. à 21 h au cinéma Impérial.

> Première d'Elegant de Yan Giroux, à 21 h 30 au cinéma du Parc.